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Le tabac: première cause de morbi-mortalité évitable dans le monde..

Edité par : Dr Brahimi Souad | Docteur en médecine
29 mai 2025

Fumer tue. Et cette vérité, bien que connue, reste dramatiquement d’actualité. Le tabac demeure aujourd’hui la première cause de mortalité évitable dans le monde. Chaque année, il est responsable de plus de 5,4 millions de décès — un chiffre qui dépasse ceux du paludisme, de la tuberculose et du VIH/sida réunis. Mais au-delà des chiffres, le tabac est à l’origine d’un large éventail de maladies graves, souvent chroniques, qui peuvent lourdement altérer la qualité de vie avant d’abréger l’espérance de vie.

Le tabac est un facteur de risque majeur pour de nombreuses maladies graves, touchant presque tous les systèmes du corps.

  • Le tabac, un facteur majeur de cancers: Le tabac est l’une des principales causes de cancers dans le monde. Les substances qu’il contient favorisent directement la formation de tumeurs malignes, en particulier au niveau des poumons, de la gorge, de la langue, de l’œsophage, des lèvres et de la vessie. Ces localisations sont les plus exposées aux agents cancérigènes présents dans la fumée inhalée.
  • Un ennemi du cœur et des vaisseaux: Sur le plan cardiovasculaire, fumer contribue à l’accumulation de cholestérol LDL, dit “mauvais cholestérol”, dans les artères. Ce processus favorise l’athérosclérose, qui fragilise les vaisseaux sanguins et peut provoquer des infarctus ou des accidents vasculaires cérébraux. Le risque est ainsi multiplié par 1,5 à 3 chez les fumeurs. La nicotine perturbe également le rythme cardiaque et aggrave les troubles existants.
  • Atteintes respiratoires et troubles du sommeil : Le tabagisme est la cause principale de la bronchite chronique et de l’emphysème, deux maladies respiratoires invalidantes. En parallèle, la nicotine agit comme un excitant, perturbant le sommeil. Fumer le soir ou la nuit aggrave les insomnies et altère la qualité du repos.
  • Dommages sur la bouche, les dents et le système digestif : Fumer assèche la bouche et augmente significativement le risque de gingivite, en plus de favoriser le dépôt de plaque dentaire, responsable de caries et de problèmes de gencives. Le tabac jaunit les dents et altère la santé buccale. Il contribue aussi au relâchement du sphincter œsophagien, ce qui peut causer ou accentuer les reflux acides et les brûlures d’estomac.
  • Douleurs, troubles circulatoires et effets osseux : Le tabac nuit à la circulation sanguine, provoquant ou accentuant les douleurs dans les bras, les jambes, les mains et les pieds, surtout au réveil. Il est également associé à l’artérite des membres inférieurs, deux fois plus fréquente chez les fumeurs. En parallèle, le tabac accélère la perte de masse osseuse, augmentant le risque d’ostéoporose.
  • Diabète, peau et reproduction : des effets systémiques : Chez les personnes atteintes de diabète de type 2, le tabagisme aggrave le risque de complications, ce qui rend l’arrêt du tabac encore plus crucial. La peau n’est pas épargnée : fumer accélère son vieillissement, la rend plus épaisse, plus sèche, et ternit le teint. Enfin, le tabac diminue la fertilité chez l’homme comme chez la femme, allonge les délais de conception et réduit la qualité du sperme. Il est aussi un facteur de troubles de l’érection, en raison de son action néfaste sur les artères.
  • Un risque accru de cécité: Le tabac est un facteur aggravant de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), une pathologie de la rétine pouvant conduire à la cécité. Les fumeurs atteints de cette maladie présentent un risque de perte de la vue trois fois plus élevé que les non-fumeurs.

Le tabac interagit avec plusieurs médicaments, réduisant leur efficacité ou augmentant les risques d’effets secondaires. Un exemple marquant : la pilule contraceptive. Chez les femmes fumeuses, en particulier après 35 ans, le risque de thrombose artérielle (AVC, infarctus) est significativement accru. Dans ces cas, les oestroprogestatifs sont fortement déconseillés.

Face à ces multiples menaces, arrêter de fumer reste l’un des meilleurs choix pour sa santé. Les bénéfices sont rapides : la fréquence cardiaque diminue après 20 minutes, le risque cardiovasculaire baisse de moitié après un an, et celui de cancer du poumon chute significativement après dix ans.

En Algérie comme ailleurs, renforcer l’accès aux consultations de sevrage, à la substitution nicotinique et à l’accompagnement médical est aujourd’hui une urgence de santé publique.

L’arrêt du tabac déclenche une véritable régénération du corps. Dès les premières heures, les effets positifs sont perceptibles et s’amplifient avec le temps. Ce processus de réparation naturelle montre à quel point l’organisme peut se rétablir, parfois spectaculairement, après la dernière cigarette.

  • Les premières heures : un souffle retrouvé

Vingt minutes après avoir fumé sa dernière cigarette, la pression artérielle et le rythme cardiaque retrouvent des niveaux normaux. Huit heures plus tard, l’oxygénation du sang redevient optimale, signe que le monoxyde de carbone commence à disparaître. En seulement 24 heures, le risque d’infarctus commence déjà à diminuer, les poumons amorcent leur nettoyage, et la nicotine est entièrement éliminée de l’organisme.

  • Premiers jours : sens en éveil et respiration facilitée

Au bout de 48 heures, le goût et l’odorat s’affinent, redonnant du relief aux saveurs et aux odeurs. Trois jours après l’arrêt, la respiration devient plus fluide. Les bronches commencent à se dilater, facilitant les échanges d’air. Beaucoup ressentent alors un regain d’énergie.

  • Semaines et mois : le souffle revient, la fatigue diminue

Entre deux et dix semaines, la toux s’estompe, la fatigue recule, et l’effort devient plus facile. Marcher, monter des escaliers ou faire du sport ne provoquent plus le même essoufflement. Après un à neuf mois, les bronches récupèrent l’ensemble de leurs fonctions et la sensation d’oppression pulmonaire disparaît progressivement.

  • Années : des risques cardiovasculaires et cancéreux réduits

Un an après l’arrêt, le risque d’infarctus chute de moitié, et celui d’accident vasculaire cérébral devient équivalent à celui d’une personne n’ayant jamais fumé. Au bout de cinq ans, le risque de développer un cancer du poumon est réduit quasiment de moitié. Enfin, entre dix et quinze ans, l’espérance de vie se rétablit complètement, rejoignant celle des non-fumeurs.

Une étude publiée dans ‘’Nature’’ révèle une capacité inattendue des poumons à se réparer après l’arrêt du tabac. Même après des années de consommation, il n’est jamais trop tard pour arrêter :

  • Le tabac cause des milliers de mutations dans l’ADN des cellules pulmonaires.
  • Mais chez les anciens fumeurs, jusqu’à 40 % des cellules bronchiques redeviennent saines, un taux comparable à celui de personnes n’ayant jamais fumé.
  • Ces cellules non mutées peuvent se multiplier et remplacer les cellules abîmées, favorisant la régénération du tissu pulmonaire.

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