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Sport et tabac : une contradiction majeure

Edité par : Dr Oussama Mohamed BRAHIMI | Docteur en science de sport
26 mai 2025

L’association entre le sport et le tabagisme est fondamentalement antinomique. Bien que les sportifs soient, en moyenne, moins nombreux à fumer que la population générale, le tabac reste un sujet de santé crucial à aborder avec eux. La consommation de tabac nuit non seulement à la santé, mais aussi au confort et à la performance physique. Chaque sportif, quel que soit son niveau, doit être informé clairement des conséquences du tabagisme sur l’activité physique.

Chez les personnes sédentaires fumeuses, introduire une activité physique peut être bénéfique pour accompagner un sevrage tabagique. Elle aide à limiter les symptômes de manque (craving), l’anxiété, la prise de poids et les émotions négatives liés à l’arrêt du tabac. Cette stratégie constitue un levier concret à intégrer dans les programmes de sevrage.

Les formes de tabac non fumé, comme le snus (poudre de tabac humide placée entre la lèvre et la gencive), connaissent un regain d’intérêt dans certaines disciplines sportives. Mais ce type de consommation reste nocif, assimilable à une forme de dopage à la nicotine, et doit être déconseillé. À l’inverse, l’usage de la cigarette électronique par un sportif comme alternative au tabac ne doit pas être découragé, mais encadré médicalement.

Autrefois, les cardiologues du sport recommandaient de ne pas fumer une heure avant ni deux heures après un effort physique. Cette règle a été durcie : aujourd’hui, le message est clair — ne pas fumer du tout, et jamais dans les deux heures précédant ou suivant une activité physique.

Moins de fumeurs chez les sportifs, mais le problème persiste

En France, la dernière enquête nationale remontant à 2000 montrait que 24 % des sportifs fumaient régulièrement, contre 31 % chez les non-sportifs. Les jeunes sportifs licenciés (12-24 ans) étaient trois fois moins nombreux à fumer que leurs pairs non sportifs.

Des études internationales confirment cette tendance : la pratique d’une activité physique est inversement associée au tabagisme. Cependant, cette protection est relative. Certains sports, notamment les sports collectifs, comptent encore un grand nombre de fumeurs, y compris à haut niveau.

Malgré les campagnes d’information, de nombreuses idées fausses persistent. Beaucoup de fumeurs, y compris sportifs, croient à tort que le sport “nettoie les poumons” ou compense les effets du tabac. Une enquête a montré que :

  • Moins de 60 % des fumeurs craignent le cancer ;
  • Moins de 40 % redoutent les maladies cardiovasculaires ;
  • 60 % pensent que “vivre au grand air protège du tabac” ;
  • Plus de 70 % croient que “faire du sport nettoie les poumons”.

Ces fausses croyances sont encore renforcées par des phrases banalisantes comme : « Je fume, mais je fais du sport », ou « Une cigarette après le match, c’est agréable ».

Le monoxyde de carbone (CO), produit par la combustion du tabac, est un ennemi redoutable du sportif. Voici comment il perturbe le fonctionnement de l’organisme à plusieurs niveaux :

1. Au niveau des poumons

  • Irritation et inflammation des bronches
  • Bronchoconstriction
  • Altération des échanges gazeux au niveau alvéolaire

2. Dans le sang

  • Le CO se fixe 200 à 250 fois plus facilement que l’oxygène sur l’hémoglobine.
  • Il empêche l’oxygène d’être transporté efficacement et freine sa libération dans les tissus.

3. Dans les muscles

  • Le CO perturbe la myoglobine, réduisant l’apport en oxygène dans les muscles.
  • Cela diminue l’endurance musculaire.

4. À l’échelle cellulaire

  • Le CO bloque la chaîne respiratoire mitochondriale.
  • Résultat : passage à un métabolisme anaérobie et production d’acide lactique, source de fatigue.

5. Sur le cœur

  • L’hypoxie oblige le cœur à fournir davantage d’efforts.
  • Chez le fumeur, la fréquence cardiaque et la pression artérielle sont déjà élevées au repos, limitant la tolérance à l’effort.

6. Dans les artères

  • Le tabac nuit à la dilatation artérielle pendant l’effort, en raison de la baisse de disponibilité du NO et des pics de nicotine.
  • Cela limite la circulation du sang vers les muscles et le cœur.

Ces effets combinés entraînent une baisse significative du VO₂ max, l’un des indicateurs clés de la performance en endurance. De nombreuses études confirment cette altération, y compris chez les sportifs réguliers.

Heureusement, les bénéfices de l’arrêt du tabac apparaissent rapidement. En 24 heures sans exposition à la fumée (active ou passive), le CO est éliminé, permettant une nette amélioration de la tolérance à l’effort. Cette récupération rapide peut constituer une excellente source de motivation pour le sportif souhaitant arrêter de fumer.

Le tabagisme réduit les performances, nuit à la récupération, limite l’endurance et met en danger la santé. À l’inverse, l’arrêt du tabac apporte des bénéfices rapides, visibles et motivants pour toute personne pratiquant une activité physique. Il est donc essentiel d’intégrer cette thématique dans tout accompagnement des sportifs, qu’ils soient amateurs ou professionnels.

Mots clés : sport ; cigarette ; tabac ; effets ; toxique ; substances ; santé ; snus ;

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