Cancers, maladies cardiaques, diabète, maladies respiratoires chroniques… Les maladies non transmissibles (MNT) représentent aujourd’hui sept des dix principales causes de mortalité dans le monde. Chaque année, elles emportent plus de 40 millions de personnes, dont 18 millions avant l’âge de 70 ans. En 2021, elles ont été responsables de 75 % des décès mondiaux non liés à la pandémie de Covid-19.
Une crise silencieuse mais dévastatrice
Ces pathologies ne sont pas seulement un drame sanitaire. Elles pèsent lourdement sur les économies, fragilisent les systèmes de santé et réduisent l’espérance de vie dans de nombreux pays, en particulier dans les régions à revenu faible ou intermédiaire.
Un investissement minime pour un impact colossal
Lors d’une conférence de presse à Genève, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a lancé un appel fort : 3 dollars supplémentaires par personne et par an suffiraient pour changer la donne.
Selon les projections de l’OMS, cet investissement permettrait, d’ici 2030 :
- de sauver 12 millions de vies ;
- de prévenir 28 millions de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux ;
- et de générer des bénéfices économiques évalués à 1 000 milliards de dollars.
« Investir dans la prévention des MNT n’est pas un coût, c’est l’une des décisions économiques les plus intelligentes qu’un gouvernement puisse prendre », a insisté Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Des ennemis puissants : tabac, alcool, malbouffe et inaction
Les principaux facteurs de risque sont connus à savoir le tabagisme, l’alimentation déséquilibrée, la sédentarité, l’alcool et la pollution de l’air.
Mais agir sur ces leviers se heurte à des obstacles majeurs. « Nous allons à l’encontre d’intérêts financiers très puissants », explique le Dr Etienne Krug, directeur du département Promotion et prévention de l’OMS. Les industries du tabac, de l’alcool et de la malbouffe défendent farouchement leurs marchés et freinent les politiques de santé publique.
Pressions industrielles et résistances politiques
Selon l’OMS, les gouvernements manquent parfois de courage face aux lobbies. Les fabricants de tabac, les brasseurs et certaines multinationales de l’agroalimentaire affirment participer aux efforts de prévention et rejettent toute accusation de blocage. « Nous sommes en total désaccord avec l’idée que notre secteur soit un obstacle au progrès », a déclaré Rocco Renaldi, secrétaire général de l’International Food and Beverage Alliance.
Pour l’OMS, ces positions illustrent le dilemme : protéger la santé publique ou céder à des intérêts économiques à court terme.
Un tournant attendu à l’ONU
L’OMS espère que l’Assemblée générale de l’ONU à New York adoptera une déclaration politique ambitieuse sur les MNT. Parmi les objectifs fixés à 2030 :
- 150 millions de fumeurs en moins ;
- 150 millions de personnes supplémentaires ayant accès à des soins de santé mentale ;
- 150 millions de personnes dont l’hypertension est contrôlée.
Ces chiffres, au-delà de leur dimension statistique, représentent des millions de vies sauvées et une meilleure qualité de vie pour des familles entières.
Recommandations médicales pour réduire son risque au quotidien
• Arrêt du tabac : première mesure pour réduire le risque cardiovasculaire et cancéreux.
- Activité physique régulière : 30 minutes par jour suffisent pour diminuer le risque de diabète et d’hypertension.
- Alimentation équilibrée : privilégier fruits, légumes, fibres, limiter le sucre, le sel et les graisses saturées.
- Arrêt de consommation d’alcool : éviter les excès, s’abstenir reste le meilleur choix.
- Suivi médical régulier : dépistage du diabète, de l’hypertension et du cholestérol dès l’âge adulte.
- Protection contre la pollution : privilégier les espaces verts, aérer son logement, limiter l’exposition aux environnements pollués.
Une bataille pour la vie, pas seulement pour la santé
Les maladies non transmissibles ne sont pas une fatalité. La plupart des décès peuvent être évités par des mesures simples, peu coûteuses et accessibles. Mais cela exige une volonté politique forte, capable de résister à des pressions économiques considérables.
« Trois dollars par an, c’est le prix d’un café », rappelle un médecin de l’OMS. « Mais c’est aussi le prix d’une vie sauvée. »
Mots clés : OMS ; santé ; maladies ; MNT ; diabète ; hypertension ; cholestérol ;
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