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Un accord international sur les pandémies : l’OMS renforce l’arsenal mondial de prévention sanitaire

Edité par : Chabane BOUARISSA | Journaliste
20 mai 2025

Après plus de trois années de débats intenses, les 194 États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont franchi une étape décisive en adoptant, mardi à Genève, un accord international sur la prévention, la préparation et la riposte aux pandémies. Ce texte vise à corriger les failles observées lors de la crise du Covid-19 et à anticiper plus efficacement les futures urgences sanitaires mondiales.

Une étape historique après trois ans de négociations

Le directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a salué une avancée « majeure » : « Cet accord est une victoire pour la santé publique, la science et la coopération internationale. Il nous permettra de mieux protéger l’humanité face aux menaces pandémiques futures. »

La pandémie de Covid-19 a profondément bouleversé les systèmes de santé, creusé les inégalités et paralysé l’économie mondiale. Plus de 7 millions de morts ont été recensés officiellement, tandis que des centaines de millions de personnes ont été affectées directement ou indirectement. L’accord adopté vise à éviter la répétition d’un tel scénario.

Il prévoit la mise en place d’une coordination internationale plus précoce, plus rapide et mieux structurée, à tous les niveaux : détection, communication, partage de données, réponse sanitaire et accès aux outils médicaux.

Au cœur de ce nouveau traité figure un principe fondamental : l’accès équitable aux outils de santé en temps de pandémie. Cela inclut les vaccins, les traitements, les tests diagnostiques, les équipements de protection et les technologies essentielles.

Durant la pandémie de Covid-19, de nombreux pays du Sud avaient dénoncé la monopolisation des vaccins par les pays riches, ainsi que les inégalités d’approvisionnement. Ce nouveau cadre juridique entend instaurer des mécanismes de solidarité et de redistribution équitable, pour que les produits vitaux soient reconnus comme biens publics mondiaux.

Autre volet essentiel de l’accord : le renforcement d’une surveillance multisectorielle des risques sanitaires à l’échelle mondiale. Le traité consacre l’approche dite « One Health » (ou « Une seule santé »), qui établit un lien direct entre la santé humaine, animale et environnementale.

Cette approche s’avère cruciale, car 70 % des maladies émergentes humaines proviennent d’animaux (zoonoses), selon l’OMS. En intégrant la surveillance vétérinaire, environnementale et humaine, le texte permet une réponse plus complète et précoce aux nouvelles menaces biologiques, y compris celles liées au changement climatique.

L’adoption de ce traité n’a pas été sans heurts. Les négociations ont buté sur des enjeux sensibles, en particulier sur :

  • Le partage des informations génétiques concernant les agents pathogènes émergents.
  • La répartition équitable des bénéfices issus des recherches qui en découlent (brevets, vaccins, innovations).
  • Le respect des souverainetés nationales, notamment sur la gestion des données sanitaires.

Ces débats ont révélé les tensions entre pays du Nord et du Sud, mais aussi entre logiques de santé publique, impératifs économiques et enjeux de propriété intellectuelle.

L’accord adopté devra être cohérent avec les réformes en cours du Règlement sanitaire international (RSI), un autre outil clé de l’OMS pour la gestion des crises sanitaires transfrontalières. La réussite de cette articulation conditionnera l’efficacité globale du système de sécurité sanitaire international.

Si ce traité pose les bases d’un nouveau modèle de gouvernance sanitaire mondiale, sa mise en œuvre concrète reste un défi. Il appartiendra à chaque pays signataire de traduire cet engagement dans ses politiques nationales : investissement dans les systèmes de santé, soutien à la recherche, renforcement des capacités de surveillance, et engagement réel en faveur de l’équité.

Cet accord marque un tournant dans la diplomatie sanitaire internationale. Il illustre la prise de conscience collective que la santé n’a pas de frontières et que seules des réponses coordonnées, équitables et solidaires permettront d’éviter de nouvelles catastrophes sanitaires mondiales.

Il reste désormais à surveiller de près sa mise en application effective, pour qu’il ne reste pas lettre morte. L’histoire jugera les États non pas sur les promesses faites, mais sur les actions concrètes engagées pour protéger la vie humaine.

Mots clés : santé ; mondiale ; OMS ; génétique ; vaccin ;