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Médecine du futur : un robot opère pour la première fois sans assistance humaine

Edité par : Chabane BOUARISSA | Journaliste
14 juillet 2025

Le monde médical vient de franchir une étape inédite. Pour la première fois, un robot chirurgical a réussi à réaliser une opération complète sans intervention humaine directe. Cette prouesse technologique marque un tournant dans l’histoire de la chirurgie assistée par robot. L’événement a été rapporté dans la prestigieuse revue Science Robotics, dans une étude publiée le 9 juillet 2025.

Le robot, baptisé STR-H (Smart Tissue Autonomous Robot – Human-guided), a été capable de réaliser une ablation de la vésicule biliaire, un acte chirurgical courant mais délicat. Il a opéré en interprétant des commandes vocales données par une équipe de chirurgiens expérimentés, sans que ceux-ci n’aient à intervenir physiquement.

À la différence des robots classiques, qui exécutent des gestes programmés, STR-H a interprété, appris et adapté ses actions en temps réel, en fonction de la voix humaine et de la situation chirurgicale. Ce type d’apprentissage vocal, combiné à l’analyse d’images chirurgicales, représente une innovation majeure en robotique médicale.

Pour acquérir ses compétences, STR-H a été formé à partir de centaines d’heures de vidéos chirurgicales, où il a observé les techniques humaines : l’approche des tissus, la gestion des saignements, la manipulation des instruments, la réaction aux complications… Il a ainsi intégré les séquences gestuelles, mais aussi les « imprévus » — ces événements qui, en chirurgie, exigent une prise de décision immédiate.

Comme un interne humain, il a appris non seulement à reproduire les gestes, mais à les comprendre, les ajuster, et les corriger. Cette capacité d’apprentissage contextuel le distingue des robots antérieurs, limités à des scripts préprogrammés.

Le STR-H n’exécute pas un plan fixe. Il fonctionne selon un système de perception intelligente, capable de détecter en temps réel les structures anatomiques, d’analyser les signaux biologiques simulés (comme un saignement ou une tension excessive sur un tissu), et de réagir de manière autonome. Lorsqu’une complication surgit, il adapte sa stratégie, modifie ses gestes, voire revient en arrière pour éviter une erreur.

Cette autonomie adaptative est rendue possible par des algorithmes d’IA de type “réflexion rapide”, inspirés du raisonnement humain. À chaque étape, le robot évalue les risques, fait des choix techniques et ajuste sa trajectoire opératoire.

L’intervention, bien qu’un peu plus longue que celle réalisée par un expert, a été menée avec une précision comparable. Aucune erreur critique n’a été observée, et le robot a même démontré des capacités d’autocorrection en situation d’urgence simulée. Cela montre que l’IA peut, dans certains cas, atteindre un niveau de sécurité opératoire équivalent à celui de la main humaine.

En 2022, l’équipe de recherche avait déjà impressionné la communauté scientifique avec STAR, un robot ayant réalisé une chirurgie sur un animal vivant. Mais à l’époque, STAR suivait un parcours planifié, tel un GPS avec un itinéraire figé. STR-H va beaucoup plus loin : il agit comme un conducteur autonome, capable d’improviser en fonction des aléas de la route, ici les complications anatomiques et chirurgicales.

Autre innovation : l’interaction vocale avec les chirurgiens. Grâce à un système de reconnaissance vocale couplé à des réponses dynamiques, STR-H a pu intégrer des consignes verbales, les transformer en actions concrètes, et apprendre de ses erreurs. Cette approche rend possible une formation continue du robot en salle d’opération, sans reprogrammation.

Le professeur Axel Krieger, co-auteur de l’étude, estime que cette avancée représente une rupture : « Nous passons de simples robots-assistants à de véritables partenaires chirurgicaux autonomes. Cela nous rapproche d’une réalité où les machines pourront intervenir dans des environnements chirurgicaux complexes, en toute sécurité. »

Son collègue Ji Woong Brian Kim, premier auteur, ajoute :« Nos travaux montrent que l’intelligence artificielle peut désormais être fiable au point d’assurer une chirurgie autonome. Ce n’est plus de la science-fiction. »

L’équipe de recherche prévoit d’entraîner STR-H à d’autres types d’opérations : chirurgies cardiaques, thoraciques, digestives… L’objectif est d’élargir ses compétences jusqu’à une autonomie complète, y compris dans des procédures critiques, comme les urgences ou les interventions à distance, en zones de guerre ou dans l’espace.

Malgré cette avancée, le robot ne remplace pas encore les chirurgiens. Il s’agit d’un outil complémentaire, conçu pour assister, apprendre, et intervenir dans des cas précis, avec une supervision humaine. Les chercheurs insistent sur la nécessité de tests cliniques étendus, dans des contextes réels, avant une utilisation en hôpital.

Mots clés : robot ; santé ; chirurgie ; cardiaques ; thoraciques ; digestives ; médecine ;

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