On s’est tous un jour demandé : à partir de quand commence-t-on vraiment à vieillir ? Si le vieillissement est souvent perçu comme un état d’esprit, la science rappelle qu’il s’agit d’un phénomène biologique réel, lent mais inévitable. Raideurs au réveil, souffle plus court après un effort, fatigue plus rapide… autant de signes que le corps entre dans une nouvelle phase de son évolution.

Une étude révèle un tournant biologique autour de la cinquantaine

Une équipe de chercheurs de l’Académie des sciences de Pékin a tenté de répondre à cette question. Leurs travaux, publiés dans la revue Cell, offrent un éclairage inédit sur le moment où s’amorce réellement le vieillissement au niveau cellulaire et moléculaire.

Le rôle clé des protéines dans le vieillissement

Les chercheurs se sont concentrés sur les protéines, des molécules essentielles à la structure, au fonctionnement et à la régulation des cellules. Pour cette étude, plus de 500 échantillons de tissus humains (muscles, organes, vaisseaux sanguins) ont été analysés. Les donneurs étaient âgés de 14 à 55 ans.

Leurs observations révèlent un changement majeur entre 45 et 55 ans, avec un point d’inflexion autour de 50 ans. Ce tournant coïncide avec des modifications importantes de l’activité hormonale.

Un déséquilibre hormonal à l’origine de l’accélération

À la cinquantaine, la production de 47 hormones s’intensifie brutalement. Ce bouleversement interne perturbe la régénération des tissus et accélère leur dégradation. Le cœur, la peau et d’autres organes en subissent les effets. Ce déséquilibre hormonal constitue, selon les auteurs, un marqueur fort de l’entrée dans le vieillissement biologique.

Des signes précoces dès 30 ans dans les vaisseaux

Si le vieillissement s’accélère à partir de 50 ans, certains signes apparaissent bien plus tôt. L’aorte, principale artère du corps, montre des signes de dégradation dès l’âge de 30 ans. Les scientifiques s’intéressent particulièrement à une protéine : GAS6 (growth arrest-specific 6).

Des expériences ont montré que l’injection de GAS6 dans l’organisme provoque un vieillissement accéléré de plusieurs organes. Cette protéine semble endommager les parois vasculaires et favoriser le déclin prématuré de certains systèmes.

Peut-on retarder ce processus ?

Selon les chercheurs, il n’existe actuellement aucun traitement capable d’inverser ou de stopper le vieillissement. Chaque organe vieillit à son propre rythme, mais certains – comme les vaisseaux sanguins – semblent jouer un rôle central dans la propagation des signaux de dégradation.

Cette découverte va à l’encontre des promesses de rajeunissement biologique prônées par certaines figures de la Silicon Valley, comme Bryan Johnson. La réalité, selon les scientifiques, est plus nuancée : le vieillissement n’est pas uniforme. Il dépend d’une interaction complexe entre hormones, protéines, et vulnérabilité spécifique des tissus.

Un processus naturel mais modulable

Le vieillissement reste un processus naturel, façonné par notre patrimoine génétique, notre hygiène de vie et nos environnements. S’il est impossible de l’arrêter, il peut être influencé. Comprendre quand et comment il commence ouvre la voie à de futures stratégies de prévention, notamment autour de la santé cardiovasculaire et de l’équilibre hormonal.

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