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VIH/Sida : où en est l’Algérie ? Une prévalence faible mais une mobilisation indispensable3

Edité par : Dr Imad BOUARISSA | Docteur en médecine
1 décembre 2025

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée aujourd’hui, l’Algérie réaffirme son engagement face au VIH, dans un contexte marqué par une prévalence parmi les plus basses de la région — 0,1 % selon les dernières estimations. Cette journée constitue un moment clé : consolider les acquis, renforcer la prévention de proximité et adapter les stratégies nationales aux nouveaux défis sanitaires.

La Journée mondiale 2025 rappelle que la lutte contre le VIH nécessite une vigilance permanente. Elle invite les pays à réévaluer leurs dispositifs et à améliorer les réponses communautaires, sociales et médicales.

L’enjeu est aussi mémoriel : maintenir la conscience collective face à une épidémie qui a transformé durablement les systèmes de santé et qui continue d’exiger innovation, équité et solidarité.

L’Algérie s’appuie aujourd’hui sur un cadre stratégique robuste : le Plan national stratégique IST/VIH/Sida 2024-2028, coordonné par un comité réunissant onze départements ministériels et plusieurs organisations spécialisées.

Ses priorités :

  • Prévention holistique, notamment auprès des populations les plus exposées ;
  • Dépistage précoce et ciblé ;
  • Amélioration continue de la prise en charge thérapeutique ;
  • Lutte contre la stigmatisation au sein de la société et du système de soins ;
  • Participation active des associations et acteurs de terrain.

Un principe essentiel demeure : 95 % du financement de la riposte provient du Trésor public, garantissant la gratuité totale :

  • des tests de dépistage ;
  • des traitements antirétroviraux ;
  • des soins spécialisés associés.

Depuis 1985, environ 24 000 personnes vivant avec le VIH ont été identifiées en Algérie.

La majorité bénéficie aujourd’hui :

  • d’un traitement antirétroviral,
  • d’un suivi médical régulier,
  • et d’une prise en charge répartie sur l’ensemble du territoire.

Cette stabilité repose sur un dispositif de santé publique cohérent : dépistage, trithérapie, prise en charge multidisciplinaire, programmes de réduction des risques.

Un virus qui affaiblit progressivement l’immunité

Découvert en 1983, le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) appartient à la famille des rétrovirus (VIH-1 et VIH-2). Il infecte les lymphocytes CD4, cellules clés du système immunitaire, entraînant une diminution progressive de la défense de l’organisme.

Sans traitement, l’infection évolue vers le Sida, stade où apparaissent des infections opportunistes et des maladies graves.

Le virus se transmet :

1. Par voie sexuelle

  • Lors de rapports non protégés (vaginaux, anaux, buccaux).
  • Le risque augmente en cas de lésions ou de saignements.

2. Par voie sanguine : Transfusions, aiguilles partagées, matériel contaminé.

3. De la mère à l’enfant : Pendant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement.

Phase 1 : Primo-infection (1 à 3 semaines après l’exposition)

Deux tiers des personnes sont asymptomatiques. Les autres présentent des signes proches d’une grippe :

  • fièvre,
  • ganglions,
  • fatigue,
  • maux de gorge,
  • douleurs musculaires.

Phase 2 : Infection chronique asymptomatique

Elle peut durer jusqu’à 10 ans. La personne est contagieuse sans ressentir de symptômes.

Phase 3 : Immunodéficience progressive

Les défenses immunitaires diminuent. Symptômes fréquents :

  • amaigrissement,
  • diarrhées,
  • mycoses récidivantes,
  • sueurs nocturnes,
  • zonas,
  • ecchymoses.

Phase 4 : Sida : Apparition d’infections opportunistes ou de cancers :

  • pneumonies sévères,
  • toxoplasmose,
  • tuberculose,
  • candidoses étendues,
  • cancers des lymphocytes, du col de l’utérus, du rectum,
  • atteintes neurologiques (encéphalopathie).

Le diagnostic repose sur :

  • un test Elisa de 4e génération dès 3 semaines après l’exposition ;
  • une confirmation par Western Blot ou PCR ;
  • la possibilité d’utiliser un autotest en pharmacie.

En Algérie, le dépistage est gratuit dans les structures publiques.

Il n’existe pas encore de cure permettant d’éliminer totalement le VIH. Mais les antirétroviraux permettent :

  • d’inhiber la multiplication du virus,
  • de restaurer l’immunité,
  • de réduire la charge virale jusqu’à devenir indétectable

  et donc intransmissible dans les rapports sexuels.

Le traitement est :

  • à vie,
  • mieux toléré qu’avant,
  • d’autant plus efficace qu’il est initié tôt.

1. Préservatif masculin ou féminin : Protection indispensable contre le VIH et les autres IST.

2. PrEP (prophylaxie pré-exposition) :

  • Traitement préventif pour les personnes exposées à des rapports non protégés.
  • Elle existe en comprimés et, bientôt, en version injectable (lenacapavir).

3. Prévention mère-enfant : La prise d’antirétroviraux pendant la grossesse réduit le risque de transmission à moins de 1 %.

4. Sécurité transfusionnelle : Dépistage systématique de tous les dons de sang et d’organes.

5. Réduction des risques : Usage de seringues stériles pour les personnes concernées.

  • Se faire dépister régulièrement en cas de prise de risque.
  • Utiliser un préservatif lors de chaque rapport sexuel.
  • Ne jamais partager de matériel coupant ou d’injection.
  • Consulter immédiatement en cas de symptômes ressemblant à une primo-infection.
  • Respecter strictement un traitement antirétroviral si prescrit.
  • Pendant la grossesse, suivre rigoureusement la prise en charge pour prévenir la transmission à l’enfant.
  • Éviter toute automédication.
  • Privilégier un suivi médical dans un centre spécialisé.

Mots clés : SIDA ; santé ; traitement ; dépistage ; médical ; infection ;

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