Un rapport alarmant avant la Journée mondiale
À l’approche du 1ᵉʳ décembre, l’Onusida publie un rapport 2025 au ton grave. L’agence onusienne décrit une situation « sans équivalent depuis des décennies ». La baisse brutale des financements internationaux a entraîné une crise majeure dans la lutte contre le VIH : accès réduit aux médicaments, fermetures de dispensaires, programmes de prévention interrompus et dépistages en chute libre.
Une onde de choc dans les pays les plus touchés
Selon l’Onusida, la réduction des budgets internationaux a frappé en premier les pays à revenu faible ou intermédiaire, là où les besoins sont les plus urgents.

Les services communautaires, essentiels pour atteindre les femmes, les adolescents et les populations vulnérables, sont aujourd’hui menacés.
Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’agence, rappelle l’impact humain de ces chiffres : « Derrière chaque statistique, il y a des vies : des enfants non diagnostiqués, des jeunes femmes privées de prévention, des communautés abandonnées sans soins. »
Des coupes budgétaires massives et généralisées
La crise découle d’une série de décisions politiques. L’arrêt des financements américains en février a joué un rôle majeur. Mais d’autres donateurs ont aussi réduit leurs contributions. L’OCDE prévoit une chute de 30 à 40 % de l’aide sanitaire extérieure entre 2023 et 2025.
Pour l’Onusida, le constat est net : « Les coupes sont dramatiques et généralisées. »
Des lois plus répressives, un accès aux soins entravé
Autre source d’inquiétude : le nombre de pays criminalisant les relations entre personnes de même sexe ou l’expression de genre a augmenté en 2025.
C’est la première hausse depuis 2008, date à laquelle l’Onusida a commencé à surveiller ces législations. Ces lois dissuadent les personnes concernées de se faire dépister ou traiter, aggravant la situation sanitaire.
Un risque de millions de nouvelles infections
Si rien ne change, l’agence redoute 3,3 millions de nouvelles infections supplémentaires d’ici 2030.
Cet écart éloigne la planète des objectifs de la Stratégie mondiale contre le sida.
Ce constat est d’autant plus préoccupant que des innovations médicales existent.
Elles pourraient éviter de nombreuses contaminations, mais leur accès dépend directement des financements publics.
Winnie Byanyima résume l’enjeu : « Nous avons la science, les outils et l’expérience. Il nous manque aujourd’hui le courage politique. »
Des pays réagissent malgré tout
Certains gouvernements ont renforcé leurs efforts pour compenser les pertes financières internationales.
Le Nigeria, l’Ouganda, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud et la Tanzanie ont augmenté leurs investissements nationaux dans la lutte contre le VIH.
De nouveaux accords ont aussi été signés pour garantir l’accès à des médicaments génériques moins coûteux.
Les États-Unis ont conclu des partenariats bilatéraux avec près de 70 pays pour maintenir un soutien transitoire, en vue d’une autonomie locale à long terme.
Le Fonds mondial : des promesses loin des besoins
La Conférence de reconstitution du Fonds mondial, organisée à Johannesburg, a permis de réunir 11,34 milliards de dollars, loin des 18 milliards nécessaires.
Plusieurs associations regrettent notamment l’absence d’engagement de la France, historiquement deuxième contributeur.
Recommandations de santé publique
Face à cette crise, plusieurs actions restent essentielles :
Pour les États
- Maintenir ou augmenter les financements publics.
- Assurer la disponibilité continue des antirétroviraux.
- Protéger les services communautaires, piliers de la prévention.
- Lutter contre les lois criminalisant les minorités sexuelles, qui freinent le dépistage.
Pour les systèmes de santé
- Renforcer le dépistage précoce, notamment chez les jeunes et les femmes.
- Maintenir les programmes d’éducation sexuelle reposant sur des données scientifiques.
- Développer l’accès à la PrEP (prophylaxie pré-exposition), outil clé pour prévenir les infections.
- Garantir un suivi régulier pour les personnes vivant avec le VIH.
Pour le grand public
- Se faire dépister régulièrement, surtout en cas de comportements à risque.
- Connaître les moyens de prévention (préservatifs, PrEP, traitements réguliers).
- Combattre la stigmatisation, qui reste un frein majeur au dépistage et au traitement.
La lutte mondiale contre le VIH traverse une crise historique. Le recul des financements menace trente ans de progrès. Pour l’Onusida, seule une mobilisation politique rapide permettra d’éviter une reprise massive des infections et de protéger les populations les plus exposées.
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