la société est un partenaire dans la prévention. Le dépistage précoce et la sensibilisation sont nos armes contre le sida et la stigmatisation sociale.
Dans un contexte de défis continus posés par les infections sexuellement transmissibles, le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) demeure l’un des plus importants en raison de ses répercussions sanitaires, sociales et psychologiques sur les personnes touchées et sur la société dans son ensemble, et malgré les avancées scientifiques en matière de diagnostic et de traitement, le manque de sensibilisation, la diffusion de croyances erronées et la stigmatisation sociale restent de véritables obstacles à la prévention et au contrôle du virus.
Dans ce cadre, les organisations de la société civile jouent un rôle crucial pour combler l’écart entre les politiques de santé publique et la réalité des populations vulnérables. Parmi ces associations, l’Association Al-Hayat s’est distinguée comme un acteur de terrain engagé dans la sensibilisation, le dépistage précoce et l’accompagnement psychosocial des personnes vivant avec le VIH
Pour mieux comprendre les efforts de cette association et les principaux programmes qu’elle met en œuvre, nous nous sommes entretenus avec Nawal Lahoul, présidente de l’Association Al-Hayat de lutte contre le sida, qui nous a fait un aperçu global de la nature de leurs interventions, des publics ciblés, des mécanismes d’action, des défis rencontrés, ainsi que des perspectives futures de l’association vers un avenir sans stigmatisation ni discrimination.

Quelles sont les principales activités de l’association en matière de sensibilisation au VIH ?
Notre association œuvre activement à la prévention du VIH à travers une série d’actions de sensibilisation ciblées. Nous organisons notamment des campagnes de sensibilisation destinées aux populations les plus exposées, mais aussi au grand public, dans les espaces publics, les établissements scolaires et universitaires. Nous utilisons également les réseaux sociaux comme un outil puissant pour atteindre une audience plus large.
Nous distribuons des brochures, animons des ateliers interactifs et participons à des événements sanitaires à l’échelle nationale et internationale afin de diffuser les messages de prévention et de corriger les idées reçues.
L’association organise-t-elle des campagnes de dépistage du VIH ?

Oui, nous organisons régulièrement des campagnes de dépistage volontaire et gratuit du VIH, notamment dans les « points chauds » identifiés à partir d’études de terrain et de données scientifiques sur les groupes les plus exposés.
Ces campagnes sont minutieusement planifiées en coordination avec nos partenaires du secteur de la santé, et nous veillons au respect total de la confidentialité, de la vie privée et de la dignité des bénéficiaires.
Quelles sont les populations ciblées par vos campagnes de sensibilisation ?
Nos campagnes se concentrent principalement sur les populations les plus vulnérables, à savoir : les migrants, les travailleuses du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), et les usagers de drogues injectables.
Nous œuvrons à instaurer un climat de confiance avec ces groupes, en adoptant une approche inclusive fondée sur le respect de la dignité humaine et en leur offrant des services sans discrimination ni stigmatisation.
Travaillez-vous en collaboration avec des médecins ou des centres de santé ?
Bien sûr. L’association s’appuie sur des partenariats stratégiques avec plusieurs centres de santé publics et privés, ainsi qu’avec des médecins spécialisés en maladies infectieuses, psychiatrie, dermatologie et maladies vénériennes.
Ces collaborations nous permettent d’assurer la qualité des services fournis, de faciliter les orientations et le suivi médical des personnes dépistées positives.
Comment contribuez-vous à corriger les idées fausses sur le VIH ?
L’association joue un rôle fondamental dans la lutte contre les stéréotypes et les croyances erronées autour du VIH. Nous menons des campagnes de sensibilisation qui tiennent compte du contexte socio-culturel local.
Nous investissons également dans la production de contenus numériques accessibles et clairs, diffusés sur les réseaux sociaux, pour dissiper les malentendus et contrer les fausses informations, en mettant l’accent sur la distinction entre les faits scientifiques et les mythes.
Offrez-vous un soutien psychologique ou social aux personnes vivant avec le VIH ?
Oui, nous assurons un accompagnement psychologique à travers des psychologues qualifiés qui assurent un suivi régulier, des séances de thérapie individuelles ou de groupe selon les besoins.
Sur le plan social, nous apportons aussi des aides matérielles (paniers de ramadan, vêtements pour les fêtes, fournitures scolaires), et nous contribuons à couvrir certaines dépenses médicales ou frais de transport vers les centres de traitement.
Cette approche globale garantit un accompagnement intégral des personnes concernées.
Comment évaluez-vous l’impact de vos campagnes sur la conscience collective ?
Nous utilisons plusieurs outils d’évaluation : enquêtes avant et après intervention pour mesurer l’évolution des connaissances et comportements, suivi des taux de participation, analyse des interactions sur nos plateformes numériques…
Nous nous basons aussi sur le nombre de bénéficiaires des services de dépistage et la fréquence de leur participation à nos actions. Ces indicateurs nous permettent d’ajuster nos campagnes en fonction des besoins réels de la population.
Quels moyens utilisez-vous pour la sensibilisation (affiches, radio, réseaux sociaux…) ?
Nous combinons plusieurs supports : émissions de radio locales, affiches, brochures, vidéos de sensibilisation, réseaux sociaux (Facebook, Instagram, etc.).
Nous participons également à des salons et événements sanitaires pour distribuer des outils pédagogiques et interagir directement avec le public.
Intervenez-vous aussi dans les écoles et universités ?
Absolument. Nous accordons une importance particulière à la sensibilisation en milieu éducatif, notamment en décembre à l’occasion de la Journée mondiale du sida.
Nous organisons des ateliers à destination des élèves et étudiants dans les écoles, universités et résidences universitaires, en mettant l’accent sur la prévention et la lutte contre la stigmatisation.
Quelles sont les procédures suivies lors des campagnes de dépistage ?
Nous garantissons la gratuité, le volontariat et la confidentialité. Le bénéficiaire ne fournit pas son nom, mais un code basé uniquement sur sa date de naissance et son sexe.
Les tests sont effectués dans un espace sécurisé respectant l’intimité, et un soutien psychosocial est offert si nécessaire.
Disposez-vous de tests rapides ou êtes-vous uniquement un relais vers les centres de santé ?
Oui, nous disposons de tests rapides sur le terrain, ainsi qu’au siège de l’association.
Nous assurons aussi les orientations vers les structures médicales à la demande des bénéficiaires, tout en respectant leur volonté et leur choix.
Quel type de suivi assurez-vous aux personnes diagnostiquées séropositives ?
Nous les accompagnons vers les centres de traitement spécialisés, assurons le suivi de leur accès aux soins et aux traitements, offrons un soutien psychologique continu et les orientons vers les dispositifs d’aide sociale.
Notre objectif est de renforcer leur résilience et de leur permettre de vivre dans la dignité.
Quels sont les objectifs futurs de l’association ?
Nous visons à élargir notre champ d’action vers les zones marginalisées, à renforcer notre présence digitale par la création de contenus éducatifs innovants, à consolider nos partenariats institutionnels et internationaux, et à développer les compétences de nos équipes et bénévoles pour une réponse plus globale et durable face au VIH en Algérie.
Avez-vous des statistiques sur l’impact de vos actions de sensibilisation ?
Oui, toutes nos actions sont documentées. L’année dernière, nous avons réalisé des milliers de tests rapides, y compris des tests de confirmation pour les groupes vulnérables.
Nous avons aussi organisé plus de 8 000 séances de sensibilisation, en présentiel et en ligne, ce qui démontre clairement l’effet positif de nos actions sur la conscience collective.
Quel message souhaitez-vous adresser à la société concernant le VIH ?
Notre message est clair et urgent : le VIH n’est pas une condamnation à mort. C’est une maladie avec laquelle on peut vivre dignement si elle est détectée tôt et traitée convenablement.
Nous appelons à abandonner les jugements hâtifs, à briser le silence, et à bâtir une société solidaire, consciente, et libérée de toute forme de stigmatisation ou de discrimination.
Mots-clés : sida, maladie, prévention, traitement, engagement, santé.