Une étude préliminaire révèle un effet inattendu sur le vieillissement cellulaire
Connu pour son efficacité contre le diabète de type 2, et controversé pour son usage détourné dans la perte de poids, l’Ozempic (nom commercial du sémaglutide) fait à nouveau parler de lui. Cette fois, c’est pour une raison étonnante et potentiellement révolutionnaire : il pourrait ralentir le vieillissement biologique, voire faire “reculer” l’âge de certains organes, comme le cerveau, de plusieurs années.
Un rajeunissement mesurable de l’âge biologique

Publiée en prépublication le 14 juillet 2025 sur la plateforme MedRxiv, une étude scientifique non encore évaluée par les pairs avance que le sémaglutide réduit en moyenne l’âge biologique de 3,1 ans chez les patients traités, avec des effets visibles jusqu’à -5 ans au niveau du cerveau.
Pour mémoire, l’âge biologique correspond à l’état réel des cellules, des tissus et des organes — un indicateur souvent plus fiable que l’âge chronologique pour évaluer la santé globale. Il est mesuré notamment grâce aux horloges épigénétiques, qui analysent des modifications chimiques de l’ADN liées au vieillissement.
Une étude menée sur des patients atteints de VIH
Les travaux ont été conduits sur 108 patients souffrant de lipohypertrophie associée au VIH, une pathologie caractérisée par une accumulation anormale de graisse et un vieillissement prématuré des cellules. L’objectif des chercheurs était de déterminer si le sémaglutide, déjà prescrit pour améliorer la répartition des graisses, pouvait aussi ralentir les processus de vieillissement à l’échelle cellulaire.
Résultat : aucun changement n’a été observé dans le groupe placebo, tandis que le groupe traité a vu son âge biologique reculer dans plusieurs compartiments de l’organisme, notamment :
- Cerveau : jusqu’à 5 ans de rajeunissement estimé ;
- Système immunitaire : amélioration significative des marqueurs biologiques liés à la sénescence ;
- Métabolisme : meilleure gestion des graisses viscérales, facteur reconnu de vieillissement accéléré.
Quels mécanismes expliquent cet effet anti-âge ?
Selon les auteurs, ces résultats pourraient s’expliquer par plusieurs mécanismes d’action du sémaglutide :
- Réduction de la graisse abdominale et viscérale, connue pour perturber les fonctions cellulaires et accélérer la dégénérescence ;
- Amélioration de la sensibilité à l’insuline et de la santé métabolique globale ;
- Diminution de l’inflammation chronique, l’un des moteurs principaux du vieillissement cellulaire (“inflammaging”) ;
- Impact favorable sur l’ADN via la modulation épigénétique, réduisant l’usure des cellules.
Ces effets bénéfiques ne seraient donc pas uniquement liés au VIH, mais pourraient concerner plus largement la population générale, notamment les personnes à risque de vieillissement prématuré ou de maladies métaboliques.
Des résultats à considérer avec prudence
Il est important de souligner que cette étude reste une prépublication : elle n’a pas encore été validée par des experts indépendants dans le cadre d’un processus de relecture scientifique (peer review). Les conclusions doivent donc être confirmées par des essais cliniques plus larges, randomisés et en double aveugle, sur des populations diversifiées.
De plus, même si les effets anti-âge apparaissent prometteurs, l’usage du sémaglutide reste encadré, avec des risques réels et documentés :
- Effets secondaires fréquents : nausées, vomissements, diarrhées, troubles digestifs sévères ;
- Troubles esthétiques : fonte musculaire, modification du visage, rétrécissement des membres ;
- Risques à long terme : altération du muscle cardiaque, selon des études récentes chez l’animal ;
- Complications ophtalmiques : lien suggéré avec certaines maladies rétiniennes graves, provoquant une perte de vision.
Ce qu’en pensent les experts
« Il s’agit d’un signal scientifique très intéressant. Mais il ne justifie en rien l’automédication ou le détournement du sémaglutide à des fins esthétiques », rappellent des endocrinologues.
« Les mécanismes anti-âge identifiés sont biologiquement plausibles. Ce qui est novateur, c’est de les quantifier dans une population humaine avec des outils épigénétiques de pointe », ajoutent des chercheurs en biologie du vieillissement.
Vers une nouvelle génération de traitements anti-âge ?
Si ces résultats sont confirmés, le sémaglutide pourrait ouvrir la voie à une nouvelle classe de traitements géroprotecteurs : des médicaments capables non seulement d’allonger l’espérance de vie en bonne santé, mais aussi de restaurer des fonctions cellulaires altérées par l’âge.
Cette approche pharmacologique de la longévité, longtemps réservée à la science-fiction, devient un axe de recherche stratégique, déjà exploré par des entreprises de biotechnologie spécialisées dans la médecine régénérative et la sénescence cellulaire.
Mots clés : traitement ; âge ; sémaglutide ; cellule ; Ozempic ;
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