Une tendance virale sur les réseaux sociaux
L’Ozempic, un médicament destiné au traitement du diabète de type 2, est aujourd’hui détourné à des fins amaigrissantes. Propulsé sur le devant de la scène par des influenceuses, ce stylo injectable fait l’objet de vidéos montrant comment l’utiliser pour perdre du poids. Ces pratiques, très répandues aux États-Unis, en Australie, en Europe et désormais en Algérie, ont conduit des personnes non diabétiques y ont recours sans encadrement médical, au mépris des risques pour leur santé.
Un médicament aux effets secondaires sérieux
Le sémaglutide, principe actif de l’Ozempic, stimule la sécrétion d’insuline et de glucagon selon les besoins de l’organisme. Il agit aussi sur la satiété et diminue l’attirance pour les aliments gras. Mais ce que les publications sur les réseaux sociaux ne montrent pas, ce sont les effets indésirables parfois graves : troubles digestifs, déshydratation, pancréatites aiguës, troubles biliaires, cholécystites, voire dans certains cas, un pseudo-iléus paralytique. Ce médicament ralentit aussi la vidange gastrique, ce qui peut interférer avec l’absorption d’autres traitements.
Une perte de poids illusoire et dangereuse
Contrairement aux promesses d’une silhouette fine, la perte de poids obtenue avec l’Ozempic est temporaire. Sans modification durable du mode de vie (alimentation, activité physique), les pertes sont compensées dès l’arrêt du traitement. Son utilisation hors cadre médical n’est donc ni efficace à long terme, ni sans danger. Les spécialistes en pharmacologie et en médecine alertent : ‘’ce mésusage expose à des risques sanitaires majeurs’’.
Un précédent qui rappelle l’affaire du Mediator
Le détournement de médicaments à visée amaigrissante n’est pas nouveau. Le Mediator, également destiné aux diabétiques, avait été massivement prescrit pour perdre du poids, provoquant de nombreux décès. Depuis, plusieurs médicaments ont été signalés pour un usage hors indication : le topiramate (antiépileptique), la lévothyroxine (traitement de l’hypothyroïdie), ou encore la fluoxétine (antidépresseur) et meme les diurétiques.
Cette quête du corps idéal traduit une pression sociale massive sur le poids. Ces personnes se croyaient en surpoids malgré un IMC normal. Parmi elles, plusieurs cherchaient à maigrir, parfois au prix de leur santé.
L’engouement mondial pour l’Ozempic provoque une tension d’approvisionnement, au détriment des patients réellement concernés, et un risque de pénurie pour les diabétiques.
Des prescriptions illicites signalées en pharmacie
En Algérie, l’Ozempic n’est délivré que sur ordonnance. Pourtant, des cas de prescriptions abusives par des médecins ont été signalés. Il est recommandé aux pharmaciens de refuser toute délivrance hors indication et de signaler toute suspicion de mésusage.
De possibles troubles psychiatriques à l’étude
L’Agence européenne des médicaments (EMA) étudie actuellement 150 cas de comportements suicidaires ou auto-agressifs liés à l’utilisation de sémaglutide (Ozempic, Wegovy) ou liraglutide (Saxenda). Le Royaume-Uni mène une enquête similaire. Aux États-Unis, ces effets sont signalés uniquement pour les versions destinées à la perte de poids.
Un médicament à ne pas banaliser
L’Ozempic reste un outil thérapeutique efficace pour le diabète de type 2, mais son usage à des fins esthétiques est détourné, risqué et inefficace à long terme. Il met en danger la santé des utilisateurs non concernés et compromet l’accès au traitement pour ceux qui en ont réellement besoin. Son usage doit être strictement encadré par des professionnels de santé.
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