Chaque été, l’Algérie fait face à des défis sanitaires particuliers, amplifiés par les fortes chaleurs et l’augmentation des déplacements familiaux. Dans ce contexte, l’Institut national de la santé publique (INSP) joue un rôle central en matière de prévention et de sensibilisation. Dans un entretien accordé à notre rédaction, le professeur Benamara Abderrazak, directeur de l’INSP, a dressé un état des lieux des principaux risques et a livré une série de recommandations concrètes destinées à protéger la population.
Les préoccupations majeures de l’été
Le Pr. Benamara a insisté sur la nécessité de considérer la période estivale comme une phase à haut risque sanitaire. Outre les maladies saisonnières, l’été est marqué par la recrudescence de quatre phénomènes majeurs : les noyades, les coups de chaleur, les intoxications alimentaires et les piqûres de scorpions. Ces risques, selon lui, constituent chaque année une cause importante de morbidité et parfois de mortalité évitable. Le rôle de l’INSP est de recueillir, analyser et diffuser ces données afin de guider les politiques publiques et les campagnes de prévention.
La prévention contre les noyades
Concernant les noyades, le Pr. Benamara a rappelé que ce fléau frappe particulièrement les jeunes et les enfants, souvent livrés à eux-mêmes dans les plages, barrages ou piscines non surveillées. « Chaque année, nous déplorons des centaines de victimes, dont la majorité aurait pu être sauvée grâce à une simple mesure de précaution », a-t-il indiqué. L’INSP, en collaboration avec les collectivités locales et la Protection civile, a intensifié cet été ses campagnes de sensibilisation, avec des messages diffusés dans les médias, les plages et les réseaux sociaux, afin d’inculquer aux familles la culture de la prudence. Parmi les mesures mises en avant : le choix de zones surveillées, la vigilance constante des parents et l’interdiction stricte de baignade dans les barrages.
Des recommandations pratiques aux familles
Le directeur de l’INSP a tenu à rappeler que la santé publique repose avant tout sur les comportements individuels et familiaux. Il a formulé plusieurs recommandations concrètes :
- Hydratation régulière pour prévenir les coups de chaleur, surtout chez les enfants et les personnes âgées ;
- Consommation d’aliments frais et bien conservés, afin de limiter les risques d’intoxication alimentaire, fréquente en été ;
- Surveillance active des enfants lors des baignades, avec un adulte responsable toujours présent ;
- Respect des consignes de sécurité et des zones surveillées ;
- Consultation immédiate des structures de santé en cas de malaise, piqûre ou accident. Ces
recommandations, selon lui, peuvent réduire considérablement les drames estivaux.
Le danger persistant des piqûres de scorpions
Les piqûres de scorpions constituent une autre menace saisonnière, particulièrement dans les zones sahariennes et les Hauts Plateaux. Chaque été, des centaines de cas sont enregistrés, souvent parmi les enfants jouant à proximité des habitations. « Les familles doivent bannir les remèdes traditionnels qui retardent la prise en charge médicale », a averti le Pr. Benamara. Il a rappelé que la réaction appropriée consiste à garder le calme, immobiliser le membre atteint et se rendre immédiatement dans une structure sanitaire où un traitement adapté est disponible. L’INSP travaille en coordination avec les hôpitaux régionaux pour améliorer la disponibilité des sérums antivenimeux.
Un appel à la responsabilité collective
En conclusion, le Pr. Benamara a souligné que la lutte contre les risques estivaux ne relève pas uniquement des autorités sanitaires. Elle nécessite l’implication de l’ensemble des acteurs : familles, associations locales, collectivités et médias. « La santé publique est l’affaire de tous.
Plus les citoyens adoptent les bons réflexes, plus nous réduisons les drames évitables », a-t-il insisté. L’INSP poursuivra ses efforts de prévention par des campagnes ciblées, mais appelle surtout à une prise de conscience collective afin de transformer la prévention en un réflexe durable.
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