Une Bonne Santé pour une Vie Meilleure

Entretien avec le Professeur Chinar Athmane : ‘’La gériatrie en Algérie, un enjeu de santé publique’’.

Edité par : Dr.Mohamed Tahar Aissani | Docteur en médecine
12 février 2025

La gériatrie, spécialité encore jeune en Algérie, devient un enjeu majeur face au vieillissement rapide de la population. Dans cet entretien, le Professeur Chinar Athmane, responsable du module de gériatrie au CHU de Batna, nous livre son analyse de la situation actuelle et les défis auxquels le système de santé algérien doit faire face pour prendre en charge efficacement les personnes âgées. Il aborde les lacunes dans la formation des jeunes médecins, la nécessité de structures adaptées, ainsi que l’importance de développer des soins à domicile et des centres gériatriques spécialisés. Cet entretien nous permet de mieux comprendre les enjeux et les solutions pour améliorer la prise en charge des aînés en Algérie.

Pr. Chinar Athmane : La gériatrie est une jeune spécialité en Algérie, confrontée à une population vieillissante. Nos étudiants rencontrent la question du sujet âgé de manière sporadique dans leurs cours, souvent limitée à des allusions dans des chapitres cliniques. Il est temps de consacrer un module spécifique à la gériatrie, avec des stages pratiques, des tuteurs dédiés et des infrastructures adaptées. La synchronisation entre formation théorique et expérience clinique est essentielle pour répondre aux besoins de cette population.

Du mot grec gérôn, qui signifie « vieillard », la gériatrie désigne la spécialité médicale dédiée à l’étude et au traitement des maladies liées au vieillissement : maladie de l’œil (cataracte), troubles sensoriels (malvoyance, surdité), troubles neurologiques et cognitifs (maladie d’Alzheimer, démences…), malnutrition, etc. Proposant une prise en charge globale du patient, cette spécialité, en pleine croissance compte tenu du vieillissement de la population, a pour mission de maintenir ou de restaurer l’autonomie de la personne âgée.

Nous avons fait des progrès avec l’hôpital de jour et l’hospitalisation à domicile (HAD). Cependant, les transitions épidémiologiques, les maladies chroniques et le vieillissement rapide exigent des efforts accrus. Nos services d’urgences sont souvent débordés, et il manque des structures d’accueil spécialisées pour les personnes âgées. Il est crucial de développer des unités gériatriques adaptées et de renforcer la formation du personnel médical et paramédical.

Il est nécessaire d’intégrer la gériatrie dans la formation de base des médecins, avec des programmes de résidanat dédiés. Parallèlement, il faut développer des infrastructures adaptées aux besoins des personnes âgées, favorisant l’accessibilité et la mobilité. La prévention joue également un rôle clé, pour préserver la santé des séniors avant l’apparition de pathologies graves.

L’HAD a déjà montré des résultats positifs. L’ouverture de centres gériatriques offrirait un accès facilité aux soins et réduirait la pression sur les hôpitaux généraux. Il est nécessaire d’encourager les structures existantes à développer des compétences en soins palliatifs et en gériatrie, tout en formant le personnel aux spécificités des soins à domicile.

Prendre soin de nos aînés n’est pas seulement un acte de générosité, c’est un devoir de reconnaissance envers ceux qui ont bâti notre société. Nos aînés incluent des figures historiques, comme nos anciens moudjahidines, et méritent un accompagnement digne. Nous devons préparer aujourd’hui la société de demain, car nous serons tous, un jour, le « vieux de quelqu’un ».

Approche pluridisciplinaire, méthodes innovantes et équipements de pointe, on doit proposer une offre de soins d’excellence en gériatrie. Au cas par cas, la prise en charge est optimisée, pour limiter la perte d’autonomie.

Mots clés : Chinar ; santé ; médecin ; gériatrie ; maladie ; vieillissement ;