Une Bonne Santé pour une Vie Meilleure

Vers un dépistage du diabète par simple test salivaire

Edité par : Dr. Imad BOUARISSA | Docteur en médecine
5 août 2025

Une maladie silencieuse, souvent détectée trop tard

Le diabète de type 2 est une pathologie chronique qui progresse lentement et sans symptômes visibles pendant plusieurs années. En France, plus de 4 millions de personnes vivent avec un diabète, dont 90 % sont atteintes du type 2, selon les données des spécialistes. Ce type de diabète se caractérise par une hyperglycémie chronique, c’est-à-dire une concentration anormalement élevée de glucose dans le sang, due à un dysfonctionnement de l’insuline — l’hormone chargée de réguler la glycémie.

Aujourd’hui, le diagnostic repose essentiellement sur des analyses sanguines à jeun, visant à mesurer la glycémie ou l’hémoglobine glyquée (HbA1c), un marqueur du taux de sucre sur les trois derniers mois. Mais ces examens interviennent souvent une fois que le système métabolique est déjà fortement perturbé. Le problème : le diabète peut se développer silencieusement pendant plusieurs années avant d’être détecté, augmentant ainsi les risques de complications irréversibles.

Des chercheurs de l’Université de Colombie-Britannique, au Canada, proposent une approche innovante et non invasive : utiliser la salive pour détecter précocement un risque de diabète. Leur étude, publiée le 16 mai 2025 dans la revue Applied Physiology, Nutrition, and Metabolism, repose sur l’analyse des taux d’insuline dans la salive, et non sur la glycémie sanguine.

L’équipe scientifique a recruté 94 volontaires en bonne santé, répartis selon leur indice de masse corporelle (IMC). Chaque participant a subi à la fois une mesure classique de glycémie capillaire et une analyse de sa salive pour y quantifier l’insuline.

Les résultats sont frappants : les personnes obèses présentaient des niveaux d’insuline salivaire bien plus élevés que les autres, même si leur glycémie restait dans les normes. Le Dr Jonathan Little, co-auteur de l’étude, précise : « Cela suggère que l’analyse salivaire pourrait permettre de repérer un excès d’insuline précoce — signe d’un début de résistance à l’insuline — avant même que la glycémie ne soit altérée. »

Dans les premières phases du diabète de type 2, les cellules deviennent moins sensibles à l’insuline, un phénomène connu sous le nom de résistance à l’insuline. Pour compenser cette baisse d’efficacité, le pancréas sécrète davantage d’insuline afin de maintenir un taux de sucre stable dans le sang. Cette hyperinsulinémie précède généralement l’augmentation de la glycémie — c’est donc un marqueur précoce, souvent invisible par les méthodes actuelles.

Les chercheurs ont également découvert que certaines personnes minces, mais génétiquement prédisposées, avaient elles aussi des taux élevés d’insuline salivaire malgré une glycémie normale, ce qui renforce l’intérêt de cette méthode comme outil de dépistage.

Détecter les personnes à risque avant l’apparition des premiers signes biologiques permettrait d’agir en amont. Une prise en charge précoce, fondée sur des changements de mode de vie (alimentation équilibrée, activité physique régulière, amélioration du sommeil), peut suffire à éviter ou retarder l’apparition de la maladie.

Non traité, le diabète de type 2 peut provoquer de lourdes complications :

  • atteintes cardiovasculaires (AVC,
  • infarctus), rétinopathie (pouvant mener à la cécité),
  • neuropathies,
  • maladies rénales,
  • amputations,
  • mais aussi une hausse du risque de démence, notamment la maladie d’Alzheimer.

Un dépistage précoce et une modification rapide des habitudes permettent de réduire considérablement ces risques et d’éviter un lourd fardeau pour le système de santé.

L’un des avantages majeurs du test salivaire est sa simplicité : sans aiguille, ni laboratoire spécialisé, il serait facile à intégrer dans des campagnes de dépistage de masse ou en médecine de prévention. En rendant le dépistage plus accessible, cette méthode pourrait toucher un plus large public, notamment les populations éloignées du système de soins.

Des recherches complémentaires sont encore nécessaires pour valider ces résultats à plus grande échelle, affiner les seuils de référence et développer des kits de dépistage fiables. Mais cette approche pourrait révolutionner la prévention du diabète, en la rendant plus précoce, plus douce et plus efficace.

Mots clés : insuline ; diabète  type2 ; dépistage ; santé ; maladie ; Alzheimer ;

à lire aussi: