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Pourquoi certaines personnes vivent-elles plus de 100 ans… en restant en bonne santé ?

Edité par : Safa Kaouther BOUARISSA | Journaliste
12 septembre 2025

Vivre jusqu’à 100 ans ne relève plus de l’exception. Depuis les années 70, le nombre de centenaires dans le monde double tous les dix ans. Ce groupe, autrefois marginal, est aujourd’hui le segment démographique qui croît le plus rapidement.

Longévité exceptionnelle : les centenaires ont un profil sanguin bien particulier, selon des chercheurs suédois

Mais une question reste ouverte : pourquoi certaines personnes vivent-elles si longtemps, en évitant les maladies chroniques ou dégénératives ? Des chercheurs suédois viennent de faire une avancée majeure sur cette énigme.

Dirigée par Karin Modig, professeure agrégée d’épidémiologie à l’Institut Karolinska, l’étude a été publiée en 2023 dans la revue GeroScience. Son équipe a analysé les données médicales de 44 000 Suédois, âgés de 64 à 99 ans, suivis jusqu’à 35 ans grâce aux registres nationaux de santé. Parmi eux, 1 224 personnes (2,7 %) ont atteint ou dépassé les 100 ans.

L’analyse portait sur 12 biomarqueurs sanguins clés, liés à :

  • l’inflammation,
  • le métabolisme,
  • la fonction hépatique (foie),
  • la fonction rénale,
  • la nutrition,
  • et l’anémie.

Objectif : identifier si ces paramètres pouvaient prédire une longévité exceptionnelle.

Résultat frappant : les futurs centenaires avaient, dès leur soixantaine, des valeurs plus favorables pour plusieurs de ces marqueurs.

Les différences les plus marquées concernaient :

  • le glucose sanguin (taux de sucre dans le sang),
  • la créatinine (indicateur de la fonction rénale),
  • et l’acide urique (lié aux troubles métaboliques comme la goutte).

Ces individus affichaient aussi moins de valeurs extrêmes que ceux décédés plus jeunes. Autrement dit, leur homéostasie biologique semblait mieux régulée.

« Cela montre que la stabilité métabolique pourrait jouer un rôle central dans la longévité », note Karin  Modik.

L’étude a démontré une corrélation claire entre certains taux biologiques et la probabilité d’atteindre 100 ans. Par exemple :

  • les personnes avec les taux d’acide urique les plus bas avaient 4 % de chances de devenir centenaires,
  • contre seulement 1,5 % pour celles avec les taux les plus élevés.

Fait intéressant : certains marqueurs généralement considérés comme “bons” lorsqu’ils sont bas, comme le cholestérol total ou le fer, s’avèrent défavorables s’ils chutent trop bas. Il existe donc une zone d’équilibre, et non un idéal unique.

Ces résultats n’impliquent pas de lien de cause à effet direct, mais suggèrent qu’un profil biologique stable, sans excès ni carences, favoriserait une vie plus longue.

“Nous ne pouvons pas trancher entre génétique et mode de vie. Mais ces données renforcent l’intérêt de suivre certains paramètres clés, même à partir de 60 ans”, explique la chercheuse.

Les marqueurs les plus pertinents à surveiller seraient :

  • la glycémie,
  • la fonction hépatique et rénale,
  • et le taux d’acide urique.

La longévité ne dépend pas uniquement des gènes, même s’ils jouent un rôle. À l’inverse, elle n’est pas non plus une simple question de chance. Cette étude appuie l’idée selon laquelle les fondations biologiques d’une longue vie se posent tôt, parfois des décennies avant l’âge avancé.

“Cela confirme que les choix que nous faisons dès l’âge mûr — alimentation, activité physique, suivi médical — peuvent influencer notre avenir de manière profonde”, souligne l’équipe.

En pratique, ces résultats encouragent à intégrer plus tôt le suivi de certains marqueurs sanguins dans les bilans de santé classiques. Cela pourrait permettre :

  • d’identifier les risques métaboliques silencieux,
  • de corriger certaines dérives par des mesures simples,
  • et de prévenir les pathologies liées à l’âge.

À une époque où l’on vit de plus en plus vieux, l’enjeu n’est plus seulement de prolonger la vie, mais d’en préserver la qualité.

  • Les centenaires partagent des profils sanguins plus stables et plus équilibrés dès leur soixantaine.
  • Certains taux, comme ceux du glucose, de la créatinine et de l’acide urique, sont significativement associés à la longévité.
  • Des valeurs trop basses (cholestérol, fer) peuvent être aussi défavorables que des valeurs trop hautes.
  • L’étude souligne l’importance d’une surveillance précoce et régulière, et d’une hygiène de vie adaptée.
  • Les fondements d’une vie longue et en bonne santé se posent bien avant la vieillesse.

Mots clés : longévité ; sanguin ; santé ; glucose ; créatinine ; acide urique ; cholestérol ;

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