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Maladie de Parkinson : un simple prélèvement cutané pour détecter la maladie jusqu’à sept ans avant les premiers symptômes

Edité par : Dr Salim BENLEFKI | Docteur en neurosciences
17 juillet 2025

Une révolution dans le diagnostic précoce des maladies neurodégénératives

Et si la peau permettait de lire ce que le cerveau cache ? C’est le pari audacieux, aujourd’hui validé scientifiquement, d’une équipe de chercheurs britanniques qui ont mis au point un test de dépistage de la maladie de Parkinson… à partir d’un simple échantillon de sébum. Leurs travaux suggèrent que la peau conserve des signatures chimiques précoces de la maladie, jusqu’à sept ans avant l’apparition des premiers signes moteurs. Une avancée qui pourrait transformer profondément la prise en charge des patients à risque.

Une maladie en forte progression dans le monde

La maladie de Parkinson est aujourd’hui la deuxième pathologie neurodégénérative la plus fréquente dans le monde, juste après la maladie d’Alzheimer. À l’échelle mondiale, les cas de Parkinson ont doublé en 25 ans, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avec plus de 10 millions de personnes affectées.

Ce trouble neurologique, progressif et souvent silencieux à ses débuts, détruit lentement mais irréversiblement les neurones dopaminergiques situés dans la substance noire du cerveau – une zone essentielle au contrôle des mouvements. La dopamine, neurotransmetteur produit par ces cellules, joue un rôle clé dans la régulation motrice, la coordination et l’équilibre. Sa chute progressive entraîne l’apparition des symptômes caractéristiques de la maladie : tremblements, raideur musculaire, lenteur des mouvements, et troubles de l’équilibre.

La fréquence de la maladie augmente nettement avec l’âge, notamment entre 60 et 80 ans, mais des formes précoces peuvent apparaître avant 50 ans, notamment en cas de prédispositions génétiques ou d’exposition à certains facteurs environnementaux. Le vieillissement des populations laisse présager une hausse continue du nombre de cas dans les décennies à venir, posant un véritable défi de santé publique à l’échelle planétaire.

Un diagnostic souvent tardif

En l’absence de test biologique standard, le diagnostic repose encore principalement sur l’observation clinique de symptômes moteurs : tremblements, lenteur des mouvements (bradykinésie), rigidité musculaire… Problème : ces symptômes apparaissent lorsque 50 à 70 % des neurones dopaminergiques sont déjà détruits, ce qui réduit considérablement les chances d’agir efficacement sur l’évolution de la maladie.

Le sébum, source d’informations biologiques précieuses

La peau est le plus grand organe du corps, en contact permanent avec le système nerveux. Le sébum, cette substance lipidique produite par les glandes sébacées, reflète non seulement l’état hormonal, mais aussi le métabolisme cellulaire. En analysant finement sa composition chimique, les chercheurs ont découvert des biomarqueurs spécifiques associés à la maladie de Parkinson.

Ces travaux ont été menés par l’Université de Manchester, en collaboration avec l’hôpital Salford Royal et l’Université d’Innsbruck. En utilisant des techniques de spectrométrie de masse, les scientifiques ont pu identifier des profils chimiques distincts dans le sébum des patients parkinsoniens, y compris chez ceux qui ne présentaient encore aucun symptôme moteur, mais souffraient de troubles du sommeil, souvent précurseurs de la maladie.

Une signature chimique détectable avant les symptômes

Ces profils incluent des altérations du métabolisme lipidique, des changements dans les acides gras, et des modifications de certaines protéines liées au stress oxydatif, un facteur clé dans la dégénérescence neuronale. Les sujets à risque – sans diagnostic formel – présentaient déjà des anomalies, bien que moins marquées que chez les patients confirmés.

Une alternative aux examens lourds

Ce test repose sur un prélèvement cutané rapide, indolore et peu coûteux, à l’aide d’un simple coton-tige ou d’un patch appliqué sur la peau. Contrairement aux examens neurologiques complexes (IRM, DAT-Scan), ce prélèvement peut être réalisé en cabinet de ville, ce qui en fait une solution idéale pour le dépistage à grande échelle.

 « C’est la première fois que l’on démontre qu’un biomarqueur moléculaire dans le sébum peut diagnostiquer la maladie de Parkinson à un stade précoce ou prodromique », souligne la Pr Perdita Barran, directrice du projet. Et d’ajouter : « Cela ouvre la voie à une médecine prédictive, où l’on pourrait intervenir avant que les symptômes n’apparaissent. »

Vers un traitement plus précoce et personnalisé

Un diagnostic anticipé permettrait de débuter plus tôt les traitements symptomatiques comme la lévodopa, ou de proposer des essais cliniques de molécules neuroprotectrices. Cela offrirait aussi un temps précieux pour adapter l’hygiène de vie, gérer les troubles non moteurs (anxiété, sommeil, digestion), et préparer le patient et sa famille à l’évolution de la maladie.

Un outil complémentaire, pas encore validé cliniquement

Les chercheurs insistent cependant : ce test est encore en phase de validation. Il ne remplace pas un diagnostic clinique, mais complète les observations médicales et pourrait, à terme, être intégré dans un parcours de soins préventif, notamment pour les personnes à risque génétique ou présentant des signes avant-coureurs.

Les scientifiques travaillent désormais à standardiser ce test, affiner la précision des biomarqueurs, et valider son efficacité sur des cohortes plus larges. L’objectif à terme est de proposer ce test dans les hôpitaux, les centres de soins primaires et les consultations spécialisées. « Le défi à venir sera de transformer cette méthode en un outil pratique, robuste et accessible », conclut l’équipe de Manchester.

  • Elle est souvent diagnostiquée trop tard, alors que les lésions sont déjà avancées.
  • Un prélèvement de sébum pourrait détecter la maladie jusqu’à 7 ans avant les symptômes.
  • Ce test est non invasif, rapide et pourrait devenir un outil précieux en médecine préventive.

Mots clés : Parkinson ; maladie ; santé ; peau ; cutané ; prélèvement ; scientifique ; invasif ; test ;

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