Une Bonne Santé pour une Vie Meilleure

Le Festival algérien des sports met à l’honneur l’équitation thérapeutique pour les enfants autistes

Edité par : Chabane BOUARISSA | Journaliste
4 mai 2025

À l’occasion de l’édition actuelle du Festival algérien des sports, qui se tient du 1er au 3 mai dans la capitale, les organisateurs ont introduit une discipline originale à forte portée sociale : l’équitation comme méthode de soutien thérapeutique (l’équithérapie) pour les enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA).

Cette initiative marque une avancée inédite dans le paysage sportif et médical algérien. Pour la première fois, une activité sportive est intégrée au programme du festival avec une visée thérapeutique clairement affichée.

L’objectif : sensibiliser le grand public aux bienfaits de l’équitation dans l’accompagnement des enfants autistes, tout en ouvrant de nouvelles pistes de traitement non médicamenteux.

Interrogée sur le sujet, la présidente de l’Association nationale des troubles de l’autisme a confirmé que cette méthode de prise en charge, encore récente à l’échelle nationale, commence à être reconnue pour son efficacité. « L’équitation thérapeutique repose sur une interaction profonde entre l’enfant et le cheval, qui favorise à la fois l’équilibre émotionnel, la coordination motrice et la communication non verbale », a-t-elle précisé.

Les retours d’expérience sont d’ores et déjà prometteurs. De nombreux parents témoignent d’améliorations notables chez leurs enfants, notamment sur le plan du comportement, de la concentration et de l’apaisement général.

Le cheval joue ici un rôle bien plus qu’utilitaire. Il devient médiateur thérapeutique. Grâce à sa sensibilité et à sa capacité à réagir aux émotions humaines, l’animal crée un environnement rassurant, stable et sans jugement. Cette relation singulière contribue à stimuler chez l’enfant des réponses émotionnelles et sensorielles souvent difficiles à obtenir dans un cadre conventionnel.

Avec cette première présentation publique au sein d’un événement sportif national, l’équitation thérapeutique pourrait bien trouver une place durable dans les programmes de prise en charge de l’autisme en Algérie. Des spécialistes de la santé mentale et de la réadaptation plaident d’ailleurs pour l’institutionnalisation de cette pratique, via des partenariats entre structures équestres, établissements spécialisés et institutions de santé.

En rendant visibles ces pratiques alternatives, le Festival algérien des sports contribue non seulement à l’innovation thérapeutique, mais aussi à la déstigmatisation de l’autisme. Il offre une vitrine essentielle à des approches humaines, inclusives et centrées sur le bien-être de l’enfant. Pour de nombreuses familles, souvent démunies face à la rareté des ressources spécialisées, cette initiative représente un véritable espoir.

Autisme : mieux comprendre ce trouble pour mieux vivre avec

L’autisme, ou trouble du spectre de l’autisme (TSA), est une condition neurodéveloppementale qui affecte la communication, les interactions sociales et les comportements. Il se manifeste de façon très variable d’une personne à l’autre, ce qui rend chaque parcours unique. Certains présentent des symptômes discrets, d’autres des manifestations plus sévères, avec des besoins de soutien importants.

Les origines exactes du TSA restent partiellement élucidées. On sait cependant que facteurs génétiques et facteurs environnementaux interagissent.

  • Une prédisposition génétique : Certaines mutations génétiques sont associées à l’autisme. Le risque est plus élevé lorsqu’il existe des antécédents familiaux.
  • Des facteurs pendant la grossesse : L’exposition à certains médicaments durant la grossesse, comme le valproate de sodium (antiépileptique), augmente le risque. De même, une grossesse tardive (plus de 35 ans pour la mère, plus de 40 ans pour le père) est un facteur aggravant.
  • Un trouble plus fréquent chez les garçons : Les garçons sont quatre fois plus touchés que les filles. Seul le syndrome de Rett fait exception, en affectant presque exclusivement les filles.

Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) peut se manifester très tôt, souvent avant l’âge de 3 ans. Les premiers signes apparaissent dans trois domaines clés : la communication, les relations sociales et les comportements. Ces signaux doivent alerter les parents, car une prise en charge précoce peut considérablement améliorer le développement de l’enfant. En cas de doute, il est essentiel d’en discuter rapidement avec un professionnel de santé.

  • Des troubles précoces de la communication

Chez les enfants autistes, la communication verbale et non verbale est souvent altérée. On note des particularités dans la compréhension et l’expression, parfois très marquées. Même lorsqu’ils parlent, leur langage peut présenter des anomalies : vocabulaire inhabituel, phrases mal construites ou usage fréquent de l’écholalie — une répétition automatique de mots ou de phrases sans lien avec le contexte ou sans en comprendre le sens.

La communication non verbale est également affectée. L’enfant peut ne pas pointer du doigt pour montrer quelque chose, ne pas reconnaître les émotions sur un visage ou ne pas moduler sa voix en fonction de la situation. Les mimiques sont rares, et l’interprétation des gestes ou des intonations est souvent difficile.

Signes d’alerte fréquents :

  • Absence de babillage ou de pointage à 12 mois
  • Pas de mots à 18 mois
  • Aucune association de mots à 24 mois – Une interaction sociale perturbée

Contrairement aux stéréotypes, les enfants autistes ne vivent pas tous « dans leur bulle ». Certains désirent entrer en relation, mais ont du mal à décoder les règles sociales implicites. Ils peuvent initier des échanges, mais de manière maladroite ou inappropriée. D’autres préfèrent rester dans leur univers, se concentrant exclusivement sur leurs activités personnelles.

Ces enfants éprouvent des difficultés à comprendre les émotions et les intentions d’autrui. Ils manifestent peu d’intérêt pour les jeux de groupe ou les jeux symboliques comme le « faire semblant », qui impliquent d’imiter ou d’inventer des scénarios sociaux.

Comportements répétitifs et intérêts restreints

Les TSA se caractérisent aussi par des comportements stéréotypés. L’enfant peut se balancer, battre des mains ou manipuler toujours le même objet. Il tend à organiser ses jeux de manière rigide, alignant les jouets ou répétant les mêmes gestes.

Le besoin de routine est intense : tout changement dans l’environnement peut générer une forte anxiété, voire une réaction émotionnelle disproportionnée. Ces routines rassurent l’enfant et lui permettent de maintenir un certain équilibre.

L’autisme implique un traitement sensoriel et émotionnel singulier, pouvant générer des situations de handicap dans certains contextes, mais aussi révéler des aptitudes remarquables. Certains enfants développent des compétences exceptionnelles, notamment dans des domaines logiques, mathématiques, artistiques ou de mémorisation.

Cet autre mode de pensée mérite d’être reconnu et valorisé. Il témoigne d’une diversité cognitive qui, bien accompagnée, peut devenir une véritable force.

« Plus le diagnostic est posé tôt, plus les interventions sont efficaces », dira Dr Salim BENLEFKI, chercheur en neurosciences. « Un accompagnement personnalisé permet à l’enfant de progresser dans ses interactions sociales, son autonomie et l’expression de son potentiel. Mais les besoins évoluent, et l’accompagnement doit se poursuivre tout au long de la vie », ajoute-t-il.

Et d’insister : « L’autisme est un trouble neurodéveloppemental, le développement ne s’arrête pas à l’enfance, il se poursuit à chaque étape de la vie. Une prise en charge adaptée, construite sur les besoins et les forces de la personne autiste, reste donc essentielle à tout âge. »

Mots clés : autisme ; enfant ; équitation ; neurodéveloppemental ; santé ; mental ;