
Le cerveau, comme le reste du corps, vieillit avec le temps. Ce processus, appelé déclin cérébral ou vieillissement cognitif, se traduit par une perte progressive de neurones et une diminution du volume de certaines régions cérébrales. Mais selon une vaste étude américaine, ce phénomène ne touche pas les hommes et les femmes au même rythme.
Une découverte qui bouscule les idées reçues
Des chercheurs de l’université de Columbia à New York ont révélé que le cerveau des hommes rétrécit plus vite que celui des femmes. Leurs travaux, publiés récemment, montrent une différence systématique entre les sexes dans la vitesse du vieillissement cérébral.
Une étude inédite sur plus de 4 700 personnes
L’étude a porté sur 4 726 participants, âgés de 17 à 95 ans, hommes et femmes confondus.
Chaque participant a passé plusieurs IRM cérébrales, pour un total de plus de 12 600 images analysées. Ce vaste échantillon a permis aux scientifiques d’observer avec précision les variations du volume cérébral au fil de l’âge.
Le résultat est clair : les hommes présentent une atrophie cérébrale plus marquée, affectant un plus grand nombre de régions du cerveau que chez les femmes.
Les zones les plus touchées chez les hommes
Les chercheurs ont identifié plusieurs zones cérébrales particulièrement sensibles au vieillissement masculin :
- Le cunéus et la région linguale, impliqués dans le traitement visuel ;
- Le gyrus fusiforme, essentiel à la reconnaissance des visages et des formes ;
- Le parahippocampe, clé de la mémoire et de la navigation spatiale ;
- Le noyau caudé, lié à la motivation, à l’apprentissage et au contrôle cognitif ;
- La région postcentrale, qui reçoit les informations sensitives du corps.
Chez les femmes, le vieillissement cérébral est bien présent, mais plus limité. Les modifications corticales observées sont moins étendues et plus localisées, indiquant une meilleure préservation structurelle du cerveau féminin.
Les femmes, protégées mais pas épargnées
Si le cerveau féminin semble vieillir plus lentement, il n’est pas pour autant à l’abri.
Les imageries ont montré une expansion plus importante des ventricules cérébraux chez les femmes — un signe d’atrophie liée à l’âge, parfois annonciateur de maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer.
Les chercheurs précisent toutefois que cette prévalence plus forte d’Alzheimer chez les femmes ne s’explique pas uniquement par le vieillissement cérébral. D’autres facteurs, comme les hormones, la longévité plus élevée ou la vulnérabilité génétique, pourraient entrer en jeu.
Des causes biologiques et métaboliques
Le vieillissement cérébral plus rapide observé chez les hommes serait lié à des différences biologiques globales :
- un vieillissement épigénétique plus avancé (modifications de l’ADN avec l’âge) ;
- une dérégulation métabolique plus marquée, notamment au niveau du glucose et des lipides ;
- une exposition plus forte au stress oxydatif et aux facteurs environnementaux (tabac, alcool, manque de sommeil).
Autrement dit, le corps masculin vieillit souvent plus vite — et le cerveau n’échappe pas à cette règle.
Prudence et limites
Les auteurs de l’étude appellent néanmoins à la prudence. L’échantillon, bien que large, n’est pas parfaitement représentatif de toutes les populations. L’alimentation, le mode de vie, l’environnement socio-économique ou encore les antécédents médicaux peuvent influencer la vitesse du déclin cérébral.
De plus, les IRM mesurent des changements anatomiques, pas toujours corrélés à la performance cognitive réelle. Certains cerveaux s’adaptent, compensent et continuent à fonctionner efficacement malgré une atrophie visible.
Préserver son cerveau, un enjeu de santé publique
Selon les spécialistes, le déclin cérébral n’est pas une fatalité.
Plusieurs mesures simples permettent de ralentir le vieillissement du cerveau, quel que soit le sexe :
- Bouger chaque jour : l’activité physique régulière stimule la neuroplasticité et améliore la circulation sanguine cérébrale.
- Bien dormir : un sommeil de qualité favorise le nettoyage des toxines accumulées dans le cerveau.
- Manger équilibré : privilégier les oméga-3, les fruits, les légumes, les noix et les aliments riches en antioxydants.
- Protéger son cœur : car un cœur sain, c’est un cerveau mieux irrigué.
- Entretenir sa curiosité : lire, apprendre, jouer, échanger… L’activité intellectuelle renforce les connexions neuronales.
- Éviter le stress chronique : le cortisol accélère la perte neuronale.
Une différence qui invite à repenser la prévention
Cette étude révèle que le cerveau masculin vieillit plus vite que le cerveau féminin, mais que les femmes restent plus exposées aux maladies neurodégénératives.
Ces résultats rappellent que le vieillissement cérébral est un phénomène complexe, influencé à la fois par la biologie, l’environnement et les habitudes de vie.
Mieux comprendre ces différences, c’est adapter la prévention et la prise en charge à chaque sexe, pour préserver plus longtemps nos capacités mentales, notre mémoire et notre bien-être cognitif.
Mots clés : cerveau ; femme ; homme ; vieillir ; cortisol ;
à lire aussi: