L’Algérie enregistre plus de 6.000 nouveaux cas du cancer du colon par an. C’est le 1er type de cancers affectant les hommes et le 2éme touchant les femmes après celui du sein. Cette pathologie “représente 40 à 60 % des diagnostics de cancers effectués à un stade avancé” Pourtant, 40 % des cas pourraient être évités grâce à une meilleure hygiène de vie, notamment en adoptant une alimentation plus saine.
Alimentation : un levier puissant de prévention
Depuis plusieurs années, les experts de la santé publique insistent sur le rôle central de l’alimentation dans la prévention de cette maladie. La Société canadienne du cancer rappelle qu’il est essentiel de :
- Réduire la consommation de viande rouge (bœuf, agneau, porc) et de charcuteries (jambon, bacon, saucisses),
- Manger davantage de fruits et légumes frais, riches en fibres et antioxydants,
- Privilégier les céréales complètes (pain complet, riz brun, flocons d’avoine),
- Intégrer régulièrement des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots) à son alimentation.
Ces recommandations s’inscrivent dans une logique de réduction de l’inflammation chronique, un facteur clé dans le développement et la progression de nombreux cancers, dont celui du côlon.
Une nouvelle étude pointe le rôle des aliments pro-inflammatoires
Une étude récente menée par une équipe de chercheurs américains vient renforcer ces recommandations. Elle s’est intéressée à 1 625 patients atteints d’un cancer du côlon localement avancé, avec atteinte des ganglions lymphatiques. Tous ont été suivis pendant trois ans, et leur alimentation a été analysée en détail à travers des questionnaires portant sur la consommation de 18 groupes alimentaires.
Les chercheurs ont classé les aliments en deux catégories :
- Aliments pro-inflammatoires : viande transformée, pain blanc, pâtes blanches, boissons sucrées, charcuteries…
- Aliments anti-inflammatoires : légumes colorés, fruits rouges, céréales complètes, poissons gras, légumineuses…
Un risque de mortalité augmenté de 36 %
Les résultats sont frappants : les patients ayant une alimentation riche en aliments pro-inflammatoires avaient un risque de décès 36 % plus élevé que ceux consommant majoritairement des aliments anti-inflammatoires. Cette différence reste significative même après ajustement sur d’autres facteurs comme l’âge, l’activité physique ou les traitements reçus.
Le pain blanc industriel fait partie des aliments pointés du doigt. Pourquoi ? Parce qu’il est fabriqué à partir de farine raffinée, dépourvue de fibres, avec un index glycémique élevé. Ce type de pain favorise les pics de sucre dans le sang, augmente la production d’insuline et entretient l’inflammation au niveau cellulaire, un terrain propice au développement des cellules cancéreuses.
Le régime anti-inflammatoire : un allié de taille

À l’inverse, une alimentation riche en aliments anti-inflammatoires agit comme un frein biologique à la progression du cancer. Les participants ayant suivi ce type de régime présentaient une réduction de 38 % du risque de récidive ou de propagation du cancer colorectal.
Exemples d’aliments protecteurs :
- Patates douces, carottes, épinards, betteraves : riches en bêta-carotène et polyphénols,
- Tomates cuites (notamment dans la pizza) : concentrées en lycopène, un antioxydant puissant qui protège l’ADN cellulaire,
- Poissons gras (saumon, maquereau) : riches en oméga-3 aux propriétés anti-inflammatoires,
- Fruits rouges (framboises, myrtilles, grenades) : riches en anthocyanines protectrices.
Des médecins favorables à un changement de paradigme
Dr Julie Gralow, présidente de l’ASCO (American Society of Clinical Oncology), estime qu’il est désormais indispensable de prescrire de l’alimentation et de l’activité physique comme on prescrit un traitement. Elle souligne la synergie entre ces deux piliers : ensemble, ils renforcent l’immunité, régulent l’inflammation et améliorent la réponse au traitement.
Dr Catherine Elliott, directrice de recherche à Cancer Research UK, insiste quant à elle sur une vision globale : « Ce n’est pas un aliment isolé qui fait la différence, mais l’équilibre global de l’alimentation. »
Ce qu’il faut retenir
- Le pain blanc industriel fait partie des aliments à éviter pour les personnes atteintes ou à risque de cancer colorectal.
- Un régime anti-inflammatoire, riche en fibres, légumes, fruits, céréales complètes et protéines végétales, pourrait réduire la mortalité et les récidives.
- L’alimentation, combinée à l’activité physique, devient un véritable levier thérapeutique.
- La prévention commence dans l’assiette, bien avant le diagnostic.
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