Dans un tournant majeur pour la souveraineté sanitaire nationale, le groupe pharmaceutique public Saidal a lancé la fabrication d’un médicament anticancéreux de dernière génération, auparavant exclusivement importé à des coûts très élevés. Cette avancée a été rendue publique jeudi à Alger par le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ouacim Kouidri, lors de l’installation d’un groupe de travail commun avec le Conseil du renouveau économique algérien (CREA).

Un traitement de pointe contre des cancers agressifs

Le médicament produit, baptisé PembrolizumabSaidal, appartient à la classe des anticorps monoclonaux. Il s’agit d’une thérapie innovante qui ne détruit pas directement les cellules cancéreuses, mais qui stimule le système immunitaire du patient pour qu’il les combatte lui-même. Ce traitement est utilisé contre des cancers particulièrement agressifs et fréquents, comme ceux du poumon, du sein et de la peau.

Selon le ministre, 22 000 doses ont déjà été mises à disposition des établissements hospitaliers publics via la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), ce qui témoigne d’un déploiement rapide sur le territoire national.

Un partenariat technologique stratégique

La production du Pembrolizumab a été rendue possible grâce à un partenariat international entre Saidal et un laboratoire étranger spécialisé en oncologie. Cette coopération permet non seulement l’accès à la molécule, mais surtout le transfert de technologie vers l’Algérie. À ce stade, la fabrication est assurée progressivement dans l’unité Saidal de Constantine, tandis que le transfert complet des savoir-faire industriels et scientifiques devrait être achevé d’ici fin 2025.

Cette étape est essentielle pour garantir à terme une autonomie totale dans la fabrication, et donc une maîtrise des coûts, une continuité d’approvisionnement, et une meilleure accessibilité pour les patients.

Un levier économique et sanitaire

Sur les marchés internationaux, ce type de traitement est extrêmement onéreux : une seule dose de Pembrolizumab peut coûter plusieurs milliers d’euros, rendant son accès difficile, même dans les pays développés. En produisant localement ce médicament, l’Algérie réduit significativement sa facture d’importation, allège le budget de la santé publique, et renforce l’accès à des soins avancés pour ses citoyens.

Ce projet s’inscrit aussi dans une dynamique industrielle, visant à faire du secteur pharmaceutique un pilier de diversification économique. À cet effet, six nouveaux projets de fabrication de médicaments anticancéreux sont en cours de lancement, en complément des 24 traitements déjà disponibles sur le marché national. Quatre entreprises locales opèrent également dans ce segment stratégique.

Une approche médicale rigoureuse

Pour garantir la sécurité et l’efficacité du traitement, Saidal a intégré dans son processus un dispositif clinique rigoureux. Le groupe prendra en charge les examens préalables à la prescription, afin de s’assurer que le médicament est adapté à chaque profil de patient. Cette étape est cruciale, car les traitements immunothérapeutiques ne sont pas universels : leur efficacité dépend du type de cancer, du stade de la maladie et de certains biomarqueurs spécifiques chez le patient.

Le consultant scientifique Mourad Belkhelfa a confirmé que le médicament a passé avec succès les essais cliniques de phase III, une étape avancée qui évalue à grande échelle l’efficacité, la tolérance et les effets secondaires du traitement. Ces résultats renforcent la confiance des professionnels de santé et ouvrent la voie à une utilisation élargie dans les hôpitaux algériens.

Une étape vers la souveraineté thérapeutique

Ce lancement illustre une volonté politique claire : réduire la dépendance aux importations dans les domaines sensibles, et renforcer les capacités nationales de production pharmaceutique. Le cancer étant aujourd’hui une cause majeure de mortalité en Algérie, comme dans le reste du monde, la possibilité de produire des traitements innovants sur place représente un gain stratégique majeur, tant pour la santé publique que pour l’économie.

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