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Alzheimer : un test sanguin pour révolutionner le diagnostic

Edité par : Dr Salim BENLEFKI | Docteur en neurosciences
16 juillet 2025

Un test sanguin permettant de détecter la maladie d’Alzheimer vient d’être autorisé aux États-Unis. Cette avancée, approuvée par la FDA (Food and Drug Administration), marque un tournant décisif dans la lutte contre cette affection neurodégénérative qui touche des millions de personnes dans le monde.

Un tournant médical majeur

Mis au point par Fujirebio Diagnostics, une société japonaise spécialisée dans les biotechnologies médicales, ce test pourrait être commercialisé dès 2026 en France, si les autorités sanitaires européennes donnent leur feu vert dans les mois à venir.

La maladie d’Alzheimer est la forme la plus fréquente de démence. Elle représente plus de 60 % des cas recensés. En 2021, 57 millions de personnes dans le monde vivaient avec une démence, dont plus de 60 % dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Chaque année, près de 10 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués.

La démence est provoquée par diverses maladies ou lésions cérébrales. La maladie d’Alzheimer en est la cause principale, représentant entre 60 et 70 % des cas.

Ce trouble neurodégénératif est aujourd’hui la 7ᵉ cause de décès à l’échelle mondiale. Il figure également parmi les principales causes d’invalidité et de dépendance chez les personnes âgées.

En 2019, son coût économique global s’élevait à 1 300 milliards de dollars, dont près de la moitié était liée aux soins assurés par des aidants informels (proches, amis, membres de la famille). Ces aidants fournissent en moyenne 5 heures de soins ou de surveillance par jour.

Les femmes sont particulièrement touchées par cette maladie, à double titre. Elles enregistrent des taux plus élevés de mortalité et d’années de vie perdues en raison de la démence, et elles assurent 70 % du temps consacré aux soins des personnes atteintes.

Cette maladie entraîne une dégénérescence progressive des cellules cérébrales, affectant la mémoire, le langage, le raisonnement, l’autonomie et le comportement. Elle évolue lentement, parfois sur plus d’une décennie, avec une phase silencieuse où les lésions cérébrales se développent sans provoquer de symptômes évidents.

Jusqu’à présent, poser un diagnostic fiable reposait sur une batterie d’examens complexes : imagerie cérébrale par IRM ou TEP-scan, évaluation neuropsychologique, et surtout ponction lombaire pour rechercher des biomarqueurs dans le liquide céphalorachidien. Ces procédures sont coûteuses, invasives, parfois mal acceptées par les patients, et ne sont pas disponibles partout, ce qui limite leur accès.

Le nouveau test sanguin constitue donc une avancée spectaculaire : il est non invasif, plus rapide, moins coûteux, et peut être pratiqué dans des laboratoires d’analyses courants, comme une prise de sang classique.

Le test développé par Fujirebio repose sur la détection de biomarqueurs spécifiques associés à la maladie d’Alzheimer, en particulier une forme anormale de la protéine tau phosphorylée, présente dans le sang bien avant l’apparition des symptômes. Ce marqueur reflète les lésions cérébrales typiques de la maladie, autrefois détectées uniquement dans le liquide céphalorachidien.

Des études cliniques ont montré que ce test permet de différencier avec précision la maladie d’Alzheimer d’autres troubles neurocognitifs. Sa sensibilité et sa spécificité sont jugées très élevées, ce qui permettrait un dépistage plus précoce, une meilleure orientation des patients, et un accès plus rapide aux traitements et aux essais thérapeutiques.

« C’est une avancée majeure pour les patients comme pour les soignants », se félicitent des neurologues. Selon eux, cette innovation pourrait changer le quotidien des consultations mémoire, où le diagnostic repose encore trop souvent sur des signes cliniques tardifs.

En permettant un dépistage accessible dès les premiers doutes, le test pourrait aussi améliorer la prise en charge globale : accompagnement psychologique, adaptation de l’environnement, mise en place d’aides à domicile, et surtout, participation à des essais cliniques sur des traitements potentiellement efficaces à un stade précoce.

Ce test ne remplace pas encore entièrement les examens classiques, mais il pourrait, à terme, devenir une première étape dans un parcours diagnostique simplifié, utilisé en médecine de ville, dans les centres mémoire ou même dans le cadre de campagnes de dépistage ciblées.

Il s’inscrit dans une dynamique plus large de recherche sur les biomarqueurs sanguins pour les maladies neurodégénératives : Alzheimer, Parkinson, sclérose latérale amyotrophique (SLA)… Autant de pathologies où la précocité du diagnostic est essentielle, car les traitements à venir seront d’autant plus efficaces qu’ils sont administrés tôt.

Pour les associations de patients et les professionnels de santé, l’espoir est bien réel : celui d’un diagnostic plus humain, plus précoce, et plus équitable face à l’une des maladies les plus redoutées du vieillissement.

Mots clés : Alzheimer ; test sanguin ; santé ; Parkinson ; SLA ; neurologue ; diagnostic ;

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