L’Institut national de santé publique (INSP) a organisé à Alger une journée d’étude et de sensibilisation sur la maladie d’Alzheimer. Médecins généralistes, neurologues, gériatres et experts en santé publique étaient réunis pour réfléchir à une meilleure détection et prise en charge de cette pathologie, devenue un défi majeur de santé publique dans le pays.
Les généralistes en première ligne
Le Pr Abderrezak Bouamra, directeur général de l’INSP, a rappelé que les médecins généralistes constituent la première ligne de défense contre Alzheimer.
« Ce sont eux qui repèrent les premiers signes, orientent les patients vers les spécialistes et permettent un diagnostic plus rapide », a-t-il expliqué.
Il a souligné que la formation continue des médecins est une priorité absolue : reconnaître les symptômes précoces, actualiser les méthodes de diagnostic et améliorer la coordination avec les spécialistes.
Former, sensibiliser, diagnostiquer plus tôt
Les experts présents ont insisté sur deux points clés :
1. Former les généralistes, car ils sont souvent le premier interlocuteur des familles inquiètes.
2. Intensifier la sensibilisation dans la société, pour briser les tabous et encourager les proches à consulter rapidement.
Ils rappellent que l’Alzheimer est la forme la plus fréquente de démence et que son incidence augmente avec l’allongement de l’espérance de vie. En Algérie comme ailleurs, les projections démographiques indiquent une augmentation du nombre de cas dans les années à venir.
Le dépistage précoce, une étape décisive
Tous les intervenants s’accordent : le diagnostic précoce améliore considérablement la qualité de vie du patient et de sa famille.
Détectée tôt, la maladie peut être prise en charge avec des traitements médicamenteux, mais aussi par des interventions non pharmacologiques :
- stimulation cognitive,
- exercices de mémoire,
- activité physique adaptée,
- accompagnement psychologique.
Or, trop souvent, les patients consultent lorsque la maladie est déjà à un stade avancé, réduisant l’efficacité des traitements.
Reconnaître les signaux d’alerte
Les médecins présents à la journée ont insisté sur la nécessité de faire la différence entre un oubli banal et un trouble suspect.
- Oublis ordinaires : égarer ses clés, oublier un numéro de téléphone, chercher un prénom.
- Oublis suspects : répétition des mêmes questions, difficultés à se concentrer, perte du fil dans une conversation, troubles du langage (aphasie), sentiment de vide mental.
Les proches jouent un rôle crucial : ce sont eux qui repèrent les changements subtils dans le comportement ou la mémoire d’un parent. Leur vigilance peut sauver des années de qualité de vie.
Un défi médical et sociétal
Alzheimer n’est pas qu’une affaire médicale, c’est une maladie qui bouleverse les familles entières. Les experts rappellent que l’accompagnement psychologique et la formation des aidants sont indispensables pour alléger la souffrance et retarder la dépendance.
Au-delà du soin, il s’agit d’un enjeu de société : adapter les politiques publiques, renforcer la recherche, et surtout briser le silence autour de la démence.
Recommandations médicales clés
Pour réduire l’impact d’Alzheimer, les spécialistes réunis à Alger préconisent :
- Former davantage les médecins généralistes sur les signes précoces.
- Multiplier les campagnes de sensibilisation destinées au grand public.
- Encourager les bilans mémoire dès l’apparition de symptômes suspects.
- Soutenir les familles et aidants, véritables piliers de la prise en charge.
- Promouvoir la prévention : activité physique régulière, alimentation équilibrée, stimulation intellectuelle, contrôle des facteurs de risque cardiovasculaires.
La maladie d’Alzheimer est une urgence silencieuse en Algérie. Seule une action combinée – médicale, sociale et politique – permettra de mieux diagnostiquer, mieux soigner et surtout mieux accompagner les patients et leurs familles.
Mots clés : santé ; mentale ; Alzheimer ; INSP ; médecin ; neurologue ;
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