Des chercheurs viennent de franchir une étape majeure dans la lutte contre le cancer. Une équipe internationale a mis au point un vaccin innovant à base de nanoparticules capable non seulement de réduire et d’éliminer des tumeurs chez la souris, mais aussi de prévenir leur apparition. Les résultats, publiés le 9 octobre 2025 dans la revue Cell Reports Medicine, suscitent un immense espoir face à trois cancers parmi les plus redoutés : le cancer du pancréas, le mélanome et le cancer du sein triple négatif.
Une technologie de pointe : les nanoparticules au service de l’immunité
Le vaccin expérimental repose sur des nanoparticules biodégradables, minuscules structures capables de mimer la présence d’une tumeur et de stimuler puissamment le système immunitaire. Ces particules transportent des antigènes tumoraux spécifiques ainsi que des adjuvants immunostimulants, déclenchant une réaction en chaîne qui permet aux cellules immunitaires — notamment les lymphocytes T — d’identifier et détruire les cellules cancéreuses.
« L’idée est de transformer le corps en une machine à défense anticancer avant même que la maladie ne s’installe », explique le Dr. Andrea Motta, immunologiste et co-auteur de l’étude. Contrairement aux traitements classiques, ce vaccin agit à la fois en prévention et en thérapie, un double effet inédit dans la recherche oncologique.
Trois cancers ciblés : des adversaires redoutables
Le cancer du sein triple négatif
Ce type de cancer représente jusqu’à 20 % des cancers du sein et touche souvent des femmes jeunes. Il est dépourvu des trois récepteurs hormonaux (œstrogène, progestérone et HER2) qui permettent d’orienter la thérapie. Résultat : les traitements sont limités et le risque de rechute est élevé.
En 2022, 2,3 millions de femmes dans le monde ont été diagnostiquées d’un cancer du sein, et 670 000 en sont décédées, selon l’OMS. Le triple négatif est considéré comme le plus agressif de tous.
Le mélanome
Le mélanome est la forme la plus dangereuse du cancer de la peau. Son incidence a quintuplé en 30 ans, atteignant 15 500 nouveaux cas par an en France. Il a une capacité redoutable à se propager rapidement et à résister aux traitements classiques.
Le cancer du pancréas
Le cancer du pancréas représente environ 3 % de tous les cancers, mais reste l’un des plus mortels : seuls 8,5 % des patients survivent au-delà de cinq ans après le diagnostic. Il touche davantage les hommes et sa fréquence augmente régulièrement. D’ici 2030, il pourrait devenir la deuxième cause de décès par cancer dans les pays industrialisés.
Comment agit ce vaccin “intelligent” ?
Les chercheurs ont observé que les souris vaccinées développaient une mémoire immunitaire durable : leur organisme restait capable de reconnaître et d’éliminer des cellules cancéreuses longtemps après la vaccination. Chez certains animaux, les tumeurs existantes ont rétrogradé jusqu’à disparaître complètement.
Cette approche s’inspire du principe de l’immunothérapie, déjà utilisée dans certains traitements du mélanome ou du cancer du poumon, mais va plus loin en cherchant à entraîner le système immunitaire avant la maladie.
Des perspectives prometteuses, mais prudence
Ces résultats, bien qu’impressionnants, n’en sont qu’au stade préclinique. Les chercheurs doivent encore confirmer la sécurité, la tolérance et l’efficacité du vaccin chez l’humain. Les premiers essais cliniques pourraient débuter dans les deux à trois ans, sous réserve d’autorisations éthiques.
« Ce n’est pas encore un vaccin universel, mais une preuve de concept très solide », estiment de nombreux oncologues. « Si ces données se confirment, cela pourrait transformer notre manière d’envisager la prévention du cancer. »
Prévenir reste la meilleure arme
En attendant de telles avancées, les spécialistes rappellent les mesures simples et efficaces de prévention :
- Surveillance régulière de la peau et protection solaire pour éviter le mélanome.
- Alimentation équilibrée, riche en fibres et pauvre en sucres rapides, pour réduire le risque de cancer du pancréas.
- Dépistage précoce du cancer du sein, notamment par mammographie à partir de 50 ans (ou plus tôt en cas de facteur de risque).
- Arrêt du tabac et de l’alcool, deux facteurs impliqués dans la majorité des cancers.
“L’espoir renaît grâce à la science”
Pour les chercheurs, ce vaccin symbolise une nouvelle ère de la médecine préventive : une époque où l’on pourrait stimuler l’immunité avant l’apparition du cancer, comme on le fait déjà pour les infections virales.
« L’objectif ultime n’est plus seulement de soigner le cancer, mais de l’empêcher d’apparaître », conclut le Dr Motta.
Mots clés : cancer ; vaccin ; soigner ; prévention ; thérapie ; nanoparticules ; tumeurs ; science ;
à lire aussi :