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Une mauvaise hygiène bucco-dentaire pourrait tripler le risque d’un cancer mortel

Edité par : Dr. Wioletta Julia Puzio | Docteur en médecine
13 octobre 2025

Une étude révèle un lien direct entre certaines bactéries de la bouche et le cancer du pancréas

Se brosser les dents pourrait sauver bien plus que votre sourire. Selon une étude américaine publiée dans la revue JAMA Oncology, une mauvaise hygiène bucco-dentaire pourrait tripler le risque de développer un cancer du pancréas, l’un des plus redoutables au monde. Les chercheurs estiment que les bactéries et champignons présents dans la bouche jouent un rôle clé dans l’apparition de cette maladie encore trop souvent détectée à un stade avancé.

Notre bouche est un véritable laboratoire biologique vivant : elle abrite plus de 700 espèces de micro-organismes — bactéries, champignons et levures — qui cohabitent sur la langue, les gencives, les dents et la salive.

Lorsqu’ils sont équilibrés, ces micro-organismes participent à la digestion, renforcent le système immunitaire et protègent contre les infections.

Mais le déséquilibre de cette flore, causé par le tabac, une mauvaise hygiène ou une inflammation chronique, peut avoir des conséquences bien plus graves que la simple carie.

« Le microbiome buccal agit comme un miroir de notre santé globale », résume le Dr Yixuan Meng, biologiste et auteure principale de l’étude. « Lorsqu’il est perturbé, il peut favoriser des processus inflammatoires à distance, y compris dans le pancréas. »

L’étude, menée par le NYU Langone Health (États-Unis), a suivi plus de 122 000 adultes américains pendant près de neuf ans. Tous ont fourni un échantillon de salive, analysé pour identifier la composition microbienne et génétique de leur bouche.

Au cours du suivi, 445 participants ont développé un cancer du pancréas. Leurs profils microbiens ont été comparés à ceux de 445 témoins en bonne santé, en tenant compte de facteurs de risque connus comme l’âge, le tabac ou les antécédents familiaux.

Résultat : 27 espèces de micro-organismes se sont révélées associées à un risque accru ou réduit de cancer. Trois bactéries en particulier — Porphyromonas gingivalis, Eubacterium nodatum et Parvimonas micra —, connues pour provoquer les maladies des gencives, triplaient le risque de cancer du pancréas chez les individus les plus fortement colonisés.

Les chercheurs ont également observé une prolifération excessive de champignons du genre Candida, déjà impliqués dans les mycoses buccales. Ces micro-organismes pourraient, en cas de déséquilibre, provoquer des réactions inflammatoires chroniques qui, à long terme, augmenteraient le risque de mutation cellulaire dans le pancréas.

Le cancer du pancréas reste l’un des cancers les plus meurtriers, derrière ceux du poumon et du côlon.

Il est souvent diagnostiqué tardivement, car ses symptômes — douleurs abdominales, perte de poids, fatigue — passent inaperçus jusqu’à un stade avancé.

Le taux de survie à cinq ans n’excède pas 12 %, d’après l’Institut national du cancer (INCa).

C’est pourquoi ces résultats sont jugés prometteurs : ils pourraient permettre, à terme, de détecter les personnes à risque grâce à une simple analyse de salive.

« Le microbiote buccal pourrait devenir un biomarqueur non invasif, capable de repérer précocement les individus vulnérables », explique le Pr Richard Hayes, co-auteur de l’étude et épidémiologiste à la NYU Grossman School of Medicine.

Ces travaux ouvrent la voie à une approche préventive innovante.

En profilant la flore microbienne de la bouche, les chercheurs espèrent identifier les signaux biologiques précoces du cancer du pancréas.

L’objectif, à terme, serait de mettre au point un test salivaire de dépistage, simple et accessible, permettant d’agir avant l’apparition des premiers symptômes.

Les équipes du NYU Langone Health envisagent également d’explorer l’implication des virus buccaux dans le développement de ce cancer et de déterminer si certaines combinaisons bactériennes pourraient influencer la réponse aux traitements.

Une bouche saine n’est pas qu’une question d’esthétique : elle reflète l’état général de l’organisme. Voici les recommandations des experts du Queen Victoria Hospital (NHS, Royaume-Uni) pour préserver l’équilibre du microbiome buccal :

1. Brossez-vous les dents deux fois par jour : Le matin et avant le coucher, avec une brosse à dents souple ou électrique et un dentifrice fluoré.

Ne rincez pas immédiatement votre bouche : laissez le fluor agir quelques minutes.

2. Nettoyez entre les dents : Utilisez du fil dentaire ou des brossettes interdentaires pour éliminer les débris invisibles au brossage.

3. Limitez les boissons sucrées ou acides : Sodas, jus de fruits et alcools altèrent l’émail dentaire. Préférez l’eau ou le lait, neutres pour la flore buccale.

4. Évitez tabac et alcool : Leur association multiplie le risque de maladies des gencives et de cancers bucco-pharyngés.

5. Consultez votre dentiste régulièrement : Une visite tous les six mois permet de détecter précocement les inflammations, infections ou lésions suspectes.

Cette étude rappelle que la santé commence dans la bouche. Maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire, c’est non seulement préserver son sourire, mais aussi réduire ses risques de maladies graves, y compris de cancers. Si ces résultats se confirment, le brossage des dents pourrait bien devenir un geste de prévention vitale.

Mots clés : cancer ; dent ; hygiène ; santé ; bouche ; bucco-dentaire ; bactéries ; champignons ;

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