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Un médicament en développement pour la régénération des dents pourrait bientôt être disponible.

Edité par : Bouarissa Chabane | Journaliste
11 juin 2024

Une startup japonaise prévoit de lancer des essais cliniques en septembre 2024 sur un traitement novateur capable de stimuler la repousse des dents, semblable au processus de régénération observé chez les requins ou quelques espèces de reptiles et de rongeurs. Ce traitement offre une alternative prometteuse aux implants dentaires.

Lors d’une conférence de presse le 2 mai dernier, le chef du service de dentisterie et de chirurgie buccale de l’hôpital Kitano d’Osaka (Japon) a souligné l’importance de cette avancée, précisant que les déficiences dentaires congénitales, notamment l’oligodontie, touchent environ 1 % de la population, tandis que l’absence de six dents ou plus affecterait environ 0,1 % de la population.

Cette innovation pourrait améliorer le domaine de la santé bucco-dentaire en introduisant le tout premier médicament conçu pour favoriser la repousse des dents. La médecine dentaire pourrait être sur le point d’une révolution grâce à une nouvelle technologie.

Dans une bouche adulte typique, 32 dents sont présentes, mais environ 1% de la population ne possède pas ce nombre, voire aucune dent du tout, en raison d’une maladie congénitale appelée agénésie dentaire.

Ce trouble, qui se manifeste dès le plus jeune âge, peut sérieusement affecter la capacité à s’alimenter ou à parler correctement. Jusqu’à présent, les traitements impliquaient des implants ou des prothèses dentaires.

“Nous voulons apporter une solution à ceux qui souffrent de la perte ou de l’absence de dents”, a déclaré Katsu Takahashi, chef du service de dentisterie et de chirurgie buccale à l’hôpital Kitano.

Créé par la startup Toregem Biopharma, ce médicament a déjà été testé avec succès en 2018 sur des furets. Concrètement, il s’agit d’un anticorps qui possède la capacité de désactiver une protéine appelée USAG-1, qui inhibe la croissance des dents.

Ce précieux anticorps cible le gène USAG-1, responsable de l’inhibition de la croissance dentaire pour prévenir la formation de dents surnuméraires. Des spécialistes expliquent : “À partir de là, ils ont utilisé un anticorps chez des rongeurs qui permet de désactiver ce gène spécifique.

Cette désactivation du gène permet que de nouvelles dents se développent.” Bien que sceptique au début, la stomatologue, Dr Sarah Gilis, cheffe du service de stomatologie au centre hospitalier EpiCURA admet : “Honnêtement, quand j’ai d’abord eu vent de cette recherche, je n’y ai pas beaucoup cru. Mais après vérification, ça a été publié dans une revue scientifique et ça se base sur les recherches d’une équipe très sérieuse.

Ce traitement ne serait pas exclusivement réservé aux personnes souffrant d’agénésie dentaire. Il pourrait également bénéficier à ceux ayant subi la perte de dents suite à des traumatismes ou des affections telles que les caries.

Les premiers essais cliniques devraient débuter chez l’homme en septembre et se terminer en août 2025. Dans un premier temps, le médicament sera administré par voie intraveineuse à des individus en bonne santé à qui il manque une molaire. Une fois l’innocuité du médicament confirmée, celui-ci sera administré aux patients dépourvus congénitalement d’une dentition complète afin de confirmer son efficacité.

Le médicament développé par les chercheurs a été soumis à des tests réussis sur des souris et des furets. Bien que les premiers essais aient entraîné diverses malformations congénitales, le traitement a été ajusté progressivement jusqu’à ce qu’aucun effet secondaire majeur ne soit observé. Sarah Gilis note : “Chez ces rongeurs, une dent supplémentaire a poussé derrière les incisives. C’est une vraie dent, avec ses différentes couches d’émail, de dentine, avec une partie vivante… C’est vraiment très impressionnant.”

La prochaine étape consistera à effectuer des tests cliniques en présence d’une trentaine d’hommes en bonne santé âgés de 30 à 64 ans, tous avec au moins une molaire manquante. Cette phase d’essai débutera dès septembre prochain et se poursuivra jusqu’en août 2025, sur une durée d’un an, à l’hôpital universitaire de Kyoto. Ensuite, le médicament sera administré à des enfants âgés de 2 à 7 ans présentant au moins quatre dents manquantes à la naissance en raison de l’agénésie dentaire. Enfin, il sera testé sur des patients ayant une dentition incomplète pour confirmer son efficacité.

Optimistes, les scientifiques estiment qu’à l’avenir il devrait être possible de faire pousser des dents non seulement chez les personnes atteintes de maladies congénitales, mais également chez celles qui ont perdu des dents à cause de caries ou de blessures. Ils espèrent en outre commercialiser leur médicament en 2030.

L’hygiène bucco-dentaire revêt une importance cruciale. Le médicament devra donc être rigoureusement évalué. Bien qu’il puisse offrir des perspectives encourageantes pour les patients souffrant d’agénésie dentaire, il ne devrait pas être considéré comme une panacée pour ceux ayant perdu leurs dents en raison d’une négligence de leur hygiène bucco-dentaire.

C.B.

Mots clés : dents ; dentiste ; dentaire ; bucco ; médicament ; régénération ; Japon ; USAG-1 ; gène ;

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