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Alzheimer : la chirurgie du futur peut-elle sauver la mémoire ?

Edité par : Dr Salim BENLEFKI | Docteur en neurosciences
22 septembre 2025

Chaque 21 septembre, la Journée mondiale Alzheimer rappelle la dure réalité : plus de 200.000 Algériens vivent avec cette maladie neurodégénérative, qui détruit lentement la mémoire, l’autonomie et les liens sociaux. L’annonce récente d’un avis défavorable concernant les deux traitements les plus prometteurs – le lecanemab (Leqembi) et le donanemab (Kisunla) – a jeté un froid. Leur efficacité clinique reste jugée trop faible, au regard des effets secondaires parfois lourds.

Nous devons ouvrir de nouvelles pistes. Les approches pharmacologiques seules ne suffisent pas.

Ce constat pousse chercheurs et cliniciens à regarder ailleurs. Parmi les pistes émergentes, une approche inattendue suscite un intérêt croissant : la chirurgie des vaisseaux lymphatiques du cerveau.

Longtemps, on a cru que le cerveau était un organe isolé du système lymphatique. Mais depuis quelques années, la science a démontré la présence de vaisseaux lymphatiques méningés, situés autour des méninges. Ces micro-canaux assurent le drainage des liquides cérébraux et participent à l’évacuation des protéines toxiques, comme la bêta-amyloïde, connue pour s’accumuler dans Alzheimer.

Le système lymphatique joue un rôle comparable à celui d’une station d’épuration. Quand il s’encrasse, les déchets s’accumulent et contribuent à la dégénérescence neuronale.

L’idée serait d’intervenir chirurgicalement sur ces vaisseaux pour améliorer le drainage cérébral. Une telle intervention, déjà maîtrisée dans d’autres indications médicales (notamment dans le traitement du lymphœdème après cancer du sein), pourrait un jour être adaptée au cerveau.

Les chercheurs explorent deux hypothèses :

1. Créer ou restaurer des connexions lymphatiques défectueuses pour faciliter l’élimination des protéines toxiques.

2. Stimuler mécaniquement le flux lymphatique afin de renforcer l’épuration cérébrale.

Bien sûr, nous n’en sommes qu’au stade des premières recherches, mais cette piste ouvre une nouvelle frontière thérapeutique.

Il ne s’agit pas de remplacer les traitements médicamenteux, mais de les compléter. Les molécules actuelles ciblent la bêta-amyloïde ou la protéine tau, tandis que la chirurgie viserait à optimiser l’évacuation naturelle des déchets du cerveau.

L’avenir de la prise en charge sera probablement multimodal : prévention, médicaments, thérapies non médicamenteuses et peut-être, demain, chirurgie.

En attendant que ces approches deviennent réalité, les spécialistes rappellent que plusieurs mesures sont scientifiquement validées pour réduire le risque de développer Alzheimer ou ralentir son évolution :

  • Activité physique régulière : au moins 30 minutes par jour, 5 jours par semaine.
  • Alimentation équilibrée : riche en fruits, légumes, poissons gras, fibres, et pauvre en sucres rapides et graisses saturées (modèle méditerranéen).
  • Stimulation cognitive : lecture, jeux de mémoire, apprentissage, activités sociales.
  • Prévention cardiovasculaire : contrôler hypertension, diabète, cholestérol et éviter le tabac.
  • Sommeil réparateur : indispensable pour l’élimination nocturne des déchets cérébraux.
  • Dépistage précoce : consulter rapidement en cas de troubles de mémoire inhabituels.

Si la chirurgie lymphatique cérébrale n’en est encore qu’à ses balbutiements, elle illustre un changement de paradigme. La lutte contre Alzheimer ne se limite plus aux médicaments. Les chercheurs s’intéressent désormais aux mécanismes naturels d’épuration du cerveau, un champ jusqu’ici négligé.

Nous entrons dans une nouvelle ère. Il ne faut pas exclure que, demain, la chirurgie devienne une arme supplémentaire dans l’arsenal thérapeutique contre Alzheimer.

Mots clés : Alzheimer ; chirurgie ; vaisseaux ; lymphatiques ; cerveau ;

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