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Un pansement sur le nombril contre le mal des transports : info ou intox ?

Edité par : Dr Souad BRAHIMI | Docteur en médecine
5 août 2025

Sur les réseaux sociaux, une astuce étonnante fait le buzz : coller un pansement sur le nombril pour prévenir les nausées en voiture. Simple remède de grand-mère ou effet placebo bien réel ? Si cette technique séduit certains internautes, les professionnels de santé restent prudents.

Cette méthode ne repose sur aucun mécanisme physiologique démontré, mais elle peut tirer parti de la puissance de l’effet placebo.

En réalité, cette pratique, ancienne, refait surface régulièrement à l’approche des départs en vacances. Mais scientifiquement, aucun fondement ne permet d’expliquer son efficacité. Aucun nerf ni centre neurologique digestif majeur ne se situe directement sous le nombril, et aucune étude clinique n’a confirmé un quelconque effet thérapeutique.

Le mal des transports, ou cinétose, survient lorsque le cerveau reçoit des informations contradictoires. D’un côté, l’oreille interne (via le vestibule) perçoit le mouvement ; de l’autre, les yeux, souvent fixés sur un point stable (comme l’intérieur de la voiture), n’envoient aucun signal de déplacement. Ce conflit sensoriel perturbe le système nerveux central, qui répond en ralentissant la digestion. Résultat : nausées, maux de tête, vertiges.

Le pansement sur le nombril, en soi, ne modifie pas cette réponse cérébrale. Mais chez certains individus, l’effet placebo peut suffire à soulager temporairement les symptômes.

Le placebo est un traitement sans principe actif, mais dont la simple prise peut induire un mieux-être, par conditionnement ou par attente positive. Ce phénomène est bien documenté en neurologie. Chez certains, il peut activer des circuits cérébraux impliqués dans le soulagement de la douleur ou des nausées. Il est donc possible que le pansement agisse chez quelques personnes, non pas par une action physiologique, mais parce qu’elles croient en son efficacité. Cela reste cependant aléatoire et non généralisable.

Pour les personnes sujettes au mal des transports, plusieurs solutions naturelles existent, avec des effets reconnus scientifiquement. Il est recommandé :

Le gingembre : Sous forme de tisanes, comprimés, sirop ou huiles essentielles, le gingembre est reconnu pour ses propriétés antiémétiques. Il agit directement sur l’estomac et apaise les nausées.

Mode d’emploi :

  • Comprimé une heure avant le départ, puis toutes les 4 à 6 heures.
  • Huile essentielle à respirer ou sur un support neutre (attention aux doses).

La menthe poivrée : Rafraîchissante, antispasmodique, elle agit à la fois sur la sphère digestive et le système nerveux. En olfaction, elle réduit l’inconfort.

Précautions :

  • Interdite chez l’enfant de moins de 6 ans.
  • À utiliser à petites doses.

Le citron : Stimulant digestif, il peut être pris en tisane ou inhalé via son huile essentielle pour limiter les nausées.

Les huiles essentielles ne sont pas toujours adaptées aux jeunes enfants. La phytothérapeute conseille plutôt :

  • Les hydrolats (eaux florales de menthe poivrée ou mélisse), plus doux, utilisables dès 3 ans.
  • Les tisanes légères, pour les enfants plus âgés.

Les huiles essentielles ne doivent jamais être mélangées directement à de l’eau chaude, sous peine de provoquer des brûlures. En infusion, elles doivent être diluées dans une base grasse ou sucrée adaptée.

En complément ou en cas de symptômes sévères, des médicaments classiques comme la métopimazine (Vogalène®), ou la diphenhydramine peuvent être prescrits. Néanmoins, ces traitements peuvent entraîner des effets secondaires comme la somnolence. Il est donc conseillé de consulter un professionnel de santé avant usage.

  • Voyager à jeun léger (éviter les repas gras avant le départ).
  • Regarder l’horizon, pas l’intérieur du véhicule.
  • Aérer l’espace ou utiliser une climatisation douce.
  • Éviter les écrans en mouvement.

Le pansement sur le nombril relève davantage de la croyance que de la science. S’il peut fonctionner pour certains grâce à l’effet placebo, il n’a aucune base médicale reconnue. En revanche, les solutions naturelles comme le gingembre, la menthe poivrée ou les hydrolats, bien utilisées, peuvent réellement soulager les symptômes du mal des transports. Toujours avec prudence, surtout chez les enfants, et jamais sans avis médical en cas de doute.

Mots clés : voyage ; mal ; nombril ; science ; placebo ; hydrolat ; médical 

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