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Crise mondiale du sida : l’ONUSIDA tire la sonnette d’alarme et appelle à des financements durables

Edité par : Chabane BOUARISSA | Journaliste
9 juillet 2025

Ce mardi, l’ONUSIDA publie en Afrique du Sud son rapport mondial 2025, intitulé « Sida, crise et pouvoir de transformation ». Ce document de référence dresse un état des lieux actualisé de l’épidémie de VIH, de l’accès aux traitements et des efforts mondiaux pour éradiquer la maladie. Mais il s’accompagne surtout d’un avertissement sévère : sans financements supplémentaires, les acquis des dernières décennies sont gravement menacés.

Un rapport critique publié en pleine tourmente budgétaire

Selon le rapport, 6 millions de nouvelles infections au VIH et 4 millions de décès évitables liés au sida pourraient survenir d’ici 2029 si la communauté internationale ne renforce pas de toute urgence ses engagements financiers.

Les efforts de lutte contre le VIH ont permis des progrès historiques :

  • La prévalence des nouvelles infections a chuté de 40 % depuis 2010.
  • Plus de 26 millions de vies ont été sauvées grâce à l’élargissement de l’accès aux antirétroviraux.
  • 4,4 millions d’enfants sont aujourd’hui indemnes grâce aux programmes de prévention de la transmission mère-enfant.

Cependant, ces résultats risquent d’être balayés par une série de coupes budgétaires drastiques décidées par plusieurs pays donateurs, notamment à la suite de crises économiques, de repli nationaliste ou de priorités déplacées vers d’autres enjeux géopolitiques comme l’Ukraine ou le Proche-Orient.

Les effets sont déjà visibles sur le terrain. Dans de nombreux pays à faibles revenus, des ruptures d’approvisionnement en médicaments sont signalées. Des cliniques ferment, les campagnes de sensibilisation s’arrêtent, et les populations les plus exposées – jeunes, femmes, migrants, LGBTQ+ – sont de nouveau marginalisées.

La directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, alerte : « Nous ne devons pas revivre les jours les plus sombres du sida. L’inaction coûtera des millions de vies. »

Le rapport souligne les réponses positives adoptées dans certains pays qui ont renforcé leurs dispositifs nationaux en matière de prévention, de dépistage et de soins malgré la crise. Il s’agit notamment d’initiatives de financement participatif, de partenariats public-privé ou encore de législations facilitant l’accès aux traitements.

Mais l’ONUSIDA insiste : l’échelle de la riposte nécessaire dépasse les capacités individuelles des États. Il faut :

  • Investir massivement dans les systèmes de santé publique ;
  • Renforcer le rôle des communautés locales dans la prévention et l’accompagnement des patients ;
  • Mobiliser des financements pérennes et équitables, loin de la logique de dépendance et de charité.

L’Organisation rappelle que la riposte au VIH a été historiquement fondée sur la résilience, l’innovation sociale et la solidarité mondiale. Cette approche a permis de sauver des vies, de briser des tabous et de construire une gouvernance globale exemplaire en matière de santé publique.

Mais l’objectif de mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici 2030, fixé par les Nations Unies, ne pourra être atteint sans un engagement immédiat, collectif et soutenu.

 « Le monde dispose des outils scientifiques, des médicaments et des solutions. Ce qui manque, c’est la volonté politique et l’investissement à long terme », conclut l’ONUSIDA.

Mots clés : Sida ; ONU ; ONUSIDA ; rapport ; VIH ;

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