L’idée de connaître son espérance de vie a toujours fasciné. Jusqu’ici, il semblait impossible de déterminer avec précision combien d’années il nous restait à vivre. Mais une étude récente, publiée le 4 juin dans ‘’Nature Aging’’, révèle qu’un simple test sanguin ou salivaire pourrait fournir des indications fiables sur la durée de vie en bonne santé. Explications.
La quête de l’espérance de vie prédictive
Pour certains, l’immortalité reste un fantasme inaccessible. Pour d’autres, savoir combien de temps ils pourraient vivre dans de bonnes conditions de santé serait déjà un immense progrès. C’est précisément sur ce terrain que s’aventure cette nouvelle recherche scientifique.
L’étude s’appuie sur un concept clé : la capacité intrinsèque, une notion définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il s’agit de l’ensemble des ressources physiques et mentales sur lesquelles un individu peut s’appuyer pour fonctionner au quotidien. Cette capacité recouvre cinq dimensions essentielles : la mobilité (capacité à marcher), les fonctions cognitives (mémoire, raisonnement), les fonctions sensorielles (vision et audition), les fonctions psychologiques et la vitalité générale. La préservation de cette capacité est déterminante pour vieillir en bonne santé.
Avec l’âge, la capacité intrinsèque tend naturellement à diminuer, sous l’effet de divers facteurs : maladies chroniques, lésions, vieillissement cellulaire ou changements neurologiques. Pourtant, jusqu’à présent, il existait peu d’outils simples permettant de mesurer objectivement cette perte de capacité de façon prédictive.
Méthylation de l’ADN : un marqueur biologique du vieillissement
L’équipe de chercheurs, à l’origine de cette publication, a développé une approche innovante basée sur l’analyse de la méthylation de l’ADN. Ce processus biologique régule l’expression de nos gènes : certains sont activés, d’autres désactivés, en fonction de nombreux facteurs internes et environnementaux. Or, ces modifications épigénétiques évoluent au fil des années, devenant ainsi des indicateurs du vieillissement biologique.
Les scientifiques ont analysé les échantillons de sang et de salive de 1 014 participants âgés de 20 à 102 ans. À partir des profils de méthylation, combinés à l’évaluation des capacités fonctionnelles des participants, ils ont créé une véritable horloge épigénétique permettant d’estimer la capacité intrinsèque et de la relier au risque de mortalité.
Un lien clair avec la longévité
Les résultats sont frappants : les individus affichant des niveaux élevés d’ADN IC (indice de capacité intrinsèque) bénéficient non seulement d’une meilleure fonction pulmonaire et d’une plus grande vitesse de marche — deux marqueurs importants de la santé globale — mais vivent également en moyenne 5,5 ans de plus que ceux ayant un ADN IC plus bas.
En d’autres termes, cette horloge biologique pourrait devenir un outil clé pour anticiper la trajectoire de vieillissement d’une personne et identifier les individus à risque de déclin précoce.
Les habitudes de vie qui influencent notre capacité intrinsèque
Au-delà de la génétique, le mode de vie reste un levier majeur. Les chercheurs ont mis en lumière plusieurs habitudes associées à une meilleure capacité intrinsèque :
- La consommation de poissons gras (saumon, sardines, harengs, thon) riches en oméga-3, aux propriétés anti-inflammatoires et neuroprotectrices, favorise le maintien des fonctions cognitives.
- La modération de l’apport en sucre, qui limite le stress oxydatif, la résistance à l’insuline et l’inflammation chronique, contribue également à préserver les fonctions physiques et mentales.
Ces observations confirment les résultats d’autres travaux soulignant l’impact déterminant de l’alimentation sur le vieillissement cellulaire et la longévité.
Les conseils des experts pour préserver sa longévité fonctionnelle
Afin de préserver et optimiser sa capacité intrinsèque, les experts préconisent une approche globale, fondée sur plusieurs piliers complémentaires :
- L’alimentation : privilégier les régimes équilibrés comme le régime méditerranéen ou le régime MIND, riches en fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses, poissons gras, noix et huile d’olive.
- L’activité physique régulière : même modérée, elle joue un rôle fondamental dans le maintien de la masse musculaire, la santé cardiovasculaire et les capacités cognitives.
- La stimulation intellectuelle : lecture, apprentissage de nouvelles compétences, activités artistiques ou sociales permettent de préserver les fonctions cérébrales.
- La gestion du stress et du sommeil : des facteurs désormais reconnus pour leur rôle dans le vieillissement cérébral et immunitaire.
Une avancée majeure pour la médecine du vieillissement
Cette étude constitue un pas de plus vers une médecine prédictive et personnalisée du vieillissement. « Bien qu’une validation supplémentaire soit encore nécessaire, notamment chez les personnes âgées ayant une faible capacité intrinsèque, ces résultats ouvrent des perspectives très prometteuses », souligne le Dr Thomas Holland, médecin-chercheur interviewé par Medical News Today.
Demain, de simples analyses de sang ou de salive pourraient devenir des outils de dépistage systématique du vieillissement fonctionnel, permettant d’intervenir précocement pour améliorer la qualité de vie et retarder l’apparition des maladies liées à l’âge.
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