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Peau à peau : ce simple geste qui booste le QI des bébés prématurés

Edité par : Dr. Wioletta Julia Puzio | Docteur en médecine
2 novembre 2025

Un contact vital dès les premières heures

Dès les premiers instants de vie, un geste tout simple peut changer le destin d’un enfant : le serrer contre soi, peau nue contre peau nue. Selon une étude française inédite menée par l’Inserm, l’INRAE, l’Université Paris Cité et l’Université Sorbonne Paris Nord, le peau à peau pratiqué dès les premiers jours après la naissance améliore significativement le développement cognitif des enfants nés prématurés.

Publiée dans la revue eClinicalMedicine, cette recherche confirme ce que de nombreux soignants pressentaient : le lien affectif et corporel immédiat entre un bébé fragile et ses parents agit directement sur son cerveau.

L’étude a suivi près de 2 500 enfants nés entre 24 et 31 semaines de grossesse. La moitié d’entre eux avait bénéficié du peau à peau dans les sept premiers jours, l’autre non.

Résultat : à 5 ans, les enfants ayant profité de ce contact affichaient un QI supérieur de 2,3 points en moyenne lors de tests standardisés.

Chez les grands prématurés, le gain était encore plus marqué : +2,9 points.

Une différence apparemment modeste, mais statistiquement significative à l’échelle d’une population entière. « La différence peut sembler minime individuellement, mais elle ne l’est pas quand on parle de centaines d’enfants », souligne Ayoub Mitha, coauteur de l’étude.

Pour évaluer ces résultats, les chercheurs se sont appuyés sur la cohorte Epipage-2, qui suit depuis 2011 plus de 7 000 enfants nés avant 35 semaines.

Parmi eux, 3 000 ont été réévalués à 5 ans à travers des tests de QI et des bilans comportementaux.

Les bénéfices du ‘’peau à peau’’ semblent durables dans le temps.

  • Chez les plus grands prématurés, son effet protecteur sur le développement cérébral est net.
  • Chez les plus fragiles, nés à des âges gestationnels très bas, l’impact est moindre — non par inefficacité, mais parce qu’à l’époque (2011), cette pratique restait limitée dans les services de néonatologie.

« Le peau à peau est aujourd’hui beaucoup plus encouragé, même chez les très grands prématurés », précise Mitha.

Depuis 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande le ‘’peau à peau’’ dès la naissance, même avant la stabilisation médicale, dans les pays à faibles revenus.

Les bénéfices à court terme sont bien connus :

  • meilleure stabilité respiratoire,
  • régulation thermique plus efficace,
  • réduction du stress du bébé,
  • et renforcement du lien affectif.

Mais cette étude démontre que les effets cognitifs à long terme existent aussi.

Selon Véronique Pierrat, coautrice de l’étude : « Les réactions hormonales et sensorielles déclenchées par le peau à peau favorisent la maturation cérébrale. C’est une vraie protection du développement neurologique. »

Les chercheurs insistent : le ‘’peau à peau’’ ne dépend pas seulement de la volonté des parents, mais aussi de l’organisation des soins. Dans les unités de néonatologie, cela suppose :

  • des espaces adaptés,
  • du personnel formé,
  • et surtout, une non-séparation systématique des parents et de leur enfant.

« Ces résultats plaident pour le développement de chambres parentales au sein des unités de soins intensifs », rappelle Mitha.

Certaines mères, notamment après une césarienne, peuvent toutefois rencontrer des contraintes physiques. « S’installer confortablement après une opération, dans un transat ou sur un fauteuil, c’est un vrai défi », admettent plusieurs spécialistes.

Si la majorité des parents accueillent ce moment avec émotion, certains peinent à franchir le pas.

Il arrive que des parents nous disent : “Je ne peux pas, c’est trop difficile.” Dans ces cas, on les accompagne autrement, sans les forcer », explique Pierrat. L’important, ajoute-t-elle, est de valoriser chaque geste d’amour, qu’il passe ou non par le contact direct.

Un geste simple, des effets profonds ‘’Le peau à peau’’ n’est pas un luxe, ni un simple rituel de tendresse. C’est une intervention médicale à part entière, aux effets mesurables sur le développement cérébral.

  • Favoriser le contact peau à peau dès la naissance, surtout chez les prématurés.
  • Former les soignants et aménager les espaces de néonatologie.
  • Encourager la présence continue des parents auprès du bébé hospitalisé.
  • Intégrer cette pratique dans les protocoles de soins standardisés.

Un geste gratuit, naturel, mais d’une puissance insoupçonnée : il ne fait pas que sauver des vies, il améliore aussi leur qualité à long terme.

Mots clés : maman ; bébé ; nourrisson ; peau à peau ; médicale ; vie QI ; prématuré ;

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