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Adapter les traitements médicamenteux en période de canicule : les recommandations internationales.

Edité par : Dr. Mohamed Tahar Aissani | Docteur en médecine
3 août 2024

Les vagues de chaleur, de plus en plus fréquentes, représentent un risque important pour les personnes vulnérables, notamment les personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques.

Diverses organisations de santé à travers le monde ont publié des recommandations cruciales pour adapter les traitements médicamenteux durant ces périodes extrêmes. Cet article fait le point sur ces directives essentielles pour assurer la sécurité des patients.

Certains médicaments peuvent devenir particulièrement dangereux en période de canicule, en exacerbant les effets de la déshydratation ou des coups de chaleur. Parmi les plus préoccupants, on trouve les diurétiques, qui peuvent provoquer des troubles de l’hydratation et des déséquilibres électrolytiques. D’autres médicaments, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), et les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA2), peuvent compromettre la fonction rénale.

Des substances telles que les sels de lithium et certains antiépileptiques sont également affectées par la déshydratation, modifiant ainsi leur efficacité et leur profil cinétique. Les neuroleptiques, quant à eux, peuvent perturber la thermorégulation corporelle, augmentant le risque d’hyperthermie. De plus, les antihypertenseurs et les psychotropes peuvent abaisser la pression artérielle ou nuire à la vigilance, ce qui est particulièrement préoccupant en cas de chaleur intense.

Les recommandations internationales soulignent l’importance d’une adaptation individualisée des traitements en période de canicule. Chaque situation doit être évaluée au cas par cas, en tenant compte de la pathologie traitée, du risque de syndrome de sevrage, et des effets secondaires potentiels.

L’évaluation de l’état d’hydratation du patient est une première étape cruciale. Cela inclut un examen clinique approfondi, une analyse des apports hydriques, le suivi du poids, de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, ainsi qu’un bilan biologique complet comprenant la créatininémie et la clairance de la créatinine.

Après cette évaluation, il est essentiel de réévaluer chaque médicament pris par le patient. L’objectif est d’identifier les substances susceptibles de compromettre l’adaptation de l’organisme à la chaleur et de supprimer les traitements jugés inappropriés ou non indispensables, particulièrement ceux pouvant altérer la fonction rénale.

Les directives internationales incluent plusieurs recommandations spécifiques. Il est, par exemple, conseillé d’éviter l’usage des AINS, y compris l’aspirine et les inhibiteurs de la COX-2, en raison de leur potentiel néphrotoxique en cas de déshydratation. De plus, l’utilisation de paracétamol en cas de fièvre est déconseillée, car ce médicament est inefficace contre les coups de chaleur et pourrait aggraver une atteinte hépatique préexistante.

Les diurétiques nécessitent une attention particulière. Il est crucial de s’assurer que les apports hydriques et sodés sont suffisants pour éviter des complications graves.

La conservation des médicaments pendant les vagues de chaleur est un autre aspect à ne pas négliger. Il est recommandé de protéger les médicaments de la chaleur excessive. Ceux devant être conservés en dessous de 25°C ou 30°C peuvent généralement tolérer un dépassement temporaire de ces températures sans effets néfastes majeurs. Cependant, pour les médicaments biologiques comme l’insuline, des précautions supplémentaires sont nécessaires, notamment lors du transport, où l’utilisation d’un emballage isotherme non réfrigéré est recommandée.

Les médicaments qui doivent être conservés entre 2°C et 8°C, comme certains vaccins et produits injectables, doivent impérativement rester au réfrigérateur. La température du réfrigérateur doit être surveillée régulièrement pour prévenir toute dégradation des médicaments. Une fois sortis du froid, ces produits doivent être utilisés rapidement pour éviter les cycles froid-chaud, qui pourraient compromettre leur efficacité.

Certaines formes pharmaceutiques, telles que les suppositoires ou les crèmes, sont particulièrement sensibles à la chaleur. Un changement d’apparence, tel qu’une fonte, peut indiquer que le produit ne devrait plus être utilisé, car cela pourrait signifier une modification de ses propriétés thérapeutiques.

Les recommandations internationales rappellent qu’en période de canicule, aucun médicament ne doit être pris sans avis médical, y compris ceux qui sont disponibles sans ordonnance. La chaleur peut altérer l’efficacité des traitements et augmenter le risque d’effets secondaires graves. Il est donc crucial que les patients suivent scrupuleusement les conseils de leur médecin ou pharmacien.

L’adaptation des traitements médicamenteux durant les vagues de chaleur est un enjeu de santé publique majeur. En appliquant ces recommandations, les professionnels de santé peuvent aider à prévenir les complications liées à la chaleur et garantir un suivi médical optimal pour les patients les plus vulnérables.

Dr. M. T. Aissani  

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