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Une avancée historique : un fœtus atteint d’amyotrophie spinale traité avant la naissance…

Edité par : Chabane BOUARISSA | Journaliste
6 mars 2025

Une équipe médicale de l’hôpital St. Jude à Memphis (États-Unis) a réalisé une première mondiale en administrant un traitement contre l’amyotrophie spinale (SMA) à un fœtus encore dans l’utérus de sa mère. Aujourd’hui âgée de deux ans et demi, la fillette ne présente aucun symptôme de cette maladie neuromusculaire grave, qui, sans prise en charge, entraîne une paralysie progressive et une espérance de vie limitée à deux ans dans sa forme la plus sévère. 

L’amyotrophie spinale (SMA, pour ‘’spinal muscular atrophy’’) est une maladie génétique rare qui touche environ un enfant sur 6 000. Elle se caractérise par la dégénérescence progressive des motoneurones de la moelle épinière, responsables de la transmission des signaux moteurs. Privés de ces signaux, les muscles s’affaiblissent progressivement, menant à une paralysie. 

Une fois détruits, ces neurones ne peuvent pas être remplacés. C’est une perte irréversible, d’où l’importance d’intervenir le plus tôt possible. Ce processus de destruction débute dès la vie fœtale, bien avant l’apparition des premiers symptômes visibles après la naissance. 

Habituellement, les traitements contre la SMA sont administrés après la naissance. Mais face à la gravité de la situation et grâce à une meilleure compréhension de la maladie, les médecins de Memphis ont choisi d’agir en amont. La mère a reçu, pendant les six dernières semaines de sa grossesse, une solution buvable du médicament Évrysdi, l’un des traitements récents contre la SMA, connu pour sa capacité à traverser la barrière placentaire et atteindre directement le fœtus. 

Ce choix s’est avéré déterminant : la fillette est née en parfaite santé, sans les signes caractéristiques de la maladie. Contrairement aux bébés atteints de SMA de type 1, qui nécessitent souvent une assistance respiratoire dès la naissance, elle a pu respirer, bouger et se développer normalement. 

Pendant des décennies, aucun traitement efficace n’existait contre cette maladie. Aujourd’hui, trois médicaments sont disponibles :

  • Spinraza (2016) : un traitement par injection intrathécale (directement dans le liquide céphalorachidien). 
  • Zolgensma (2019) : une thérapie génique en une seule injection, connue pour être le médicament le plus cher au monde.
  • Évrysdi (2021) : un traitement sous forme liquide, administrable par voie orale, qui stimule la production de la protéine SMN, essentielle au bon fonctionnement des motoneurones. 

C’est ce dernier qui a été choisi pour le traitement prénatal, en raison de sa capacité à traverser le placenta et à être absorbé par le fœtus. 

Les parents de la fillette avaient déjà vécu un drame : ils étaient tous deux porteurs de la mutation responsable de la SMA et avaient perdu un premier enfant atteint de la maladie avant que ces traitements ne soient disponibles. 

Grâce à un test génétique réalisé par amniocentèse, les médecins ont confirmé que le fœtus ne possédait aucune copie fonctionnelle du gène SMN1, ce qui signifiait qu’il développerait inévitablement une SMA sévère s’il n’était pas traité. Conscients de l’urgence, les futurs parents ont demandé aux médecins s’il était possible d’agir avant la naissance. 

Après l’obtention d’une autorisation exceptionnelle des autorités sanitaires américaines, la mère a commencé son traitement. L’équipe médicale a suivi de près l’évolution du fœtus, s’assurant que le médicament était bien assimilé. 

À la naissance, les résultats étaient encourageants : la petite fille respirait normalement et ne montrait aucun signe de la maladie. Aujourd’hui, à deux ans et demi, elle continue de prendre son traitement quotidien et ne présente toujours aucun symptôme. 

Malgré ces résultats impressionnants, certaines questions restent en suspens. L’enfant est née avec quelques anomalies congénitales (une légère malformation cardiaque, un problème oculaire et un retard de développement), mais les médecins estiment que ces troubles ne sont pas liés au traitement. La mère, quant à elle, n’a souffert d’aucun effet secondaire. 

Reste à savoir si l’efficacité du traitement se maintiendra sur le long terme. « Pour l’instant, nous n’avons que quelques années de recul, mais cela va dans le bon sens. Il est possible que ce résultat se maintienne », espèrent les spécialistes.

Cette prouesse médicale ouvre la voie à de nouvelles stratégies pour traiter les maladies neurodégénératives dès la vie fœtale. Si d’autres essais confirment l’efficacité et l’innocuité de cette approche, elle pourrait révolutionner la prise en charge des maladies génétiques rares et offrir un espoir immense aux familles concernées.

Mots clés : médicale ; maladie ; neurodégénérative ; génétique ; SMA ; amyotrophie ; spinale ; utérus ;