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Un chewing-gum capable de détecter la grippe : quand la science mise sur le goût pour sauver des vies

Edité par : Chabane BOUARISSA | Journaliste
15 octobre 2025

Et si un simple chewing-gum pouvait signaler une infection grippale avant même l’apparition des premiers symptômes ? C’est la promesse d’une innovation scientifique majeure développée par une équipe de chercheurs allemands, qui ont réussi à transformer un geste banal du quotidien en outil de dépistage préventif.

Chaque automne, la grippe saisonnière refait surface, touchant des millions de personnes chaque année en Algérie. Selon les spécialistes, elle entraîne des centaines de décès par an, notamment chez les personnes âgées ou fragiles.

Fièvre élevée, courbatures, frissons, maux de tête et fatigue intense : cette infection virale peut sembler bénigne, mais ses complications restent redoutables.

Actuellement, la détection repose sur des tests nasaux ou pharyngés, souvent inconfortables et coûteux, qui ne repèrent le virus qu’une fois les symptômes apparus. D’où l’intérêt de méthodes plus simples, plus rapides — et plus précoces.

C’est dans cette optique qu’une équipe de chercheurs allemands a imaginé une approche novatrice : utiliser la langue comme détecteur de virus.


Ils ont mis au point de petites molécules réactives capables d’interagir avec une enzyme clé du virus de la grippe : la neuraminidase.

Lorsqu’elles rencontrent cette enzyme, elles libèrent une molécule identifiable par le goût — une sorte de signal gustatif d’alerte. Autrement dit, le corps ne prévient plus seulement par la fièvre, mais aussi… par la saveur.

Pour tester leur invention, les chercheurs ont introduit ces molécules dans des échantillons de salive infectée.

Résultat : en moins de 30 minutes, la réaction chimique a libéré une substance reconnaissable — le thymol, une molécule aromatique présente dans le thym. Cette saveur légèrement mentholée pourrait être perçue comme un signal sensoriel indiquant une infection imminente.

L’idée est ensuite devenue concrète : ces capteurs pourraient être intégrés à des chewing-gums ou des films buccaux, faciles à utiliser dans la vie quotidienne.

“Dès qu’un individu détecte le goût du thymol, il peut s’isoler et confirmer le diagnostic par un test classique”, expliquent les chercheurs.

Une innovation simple, non invasive, et surtout accessible à tous.

Pour s’assurer de la fiabilité du dispositif, les scientifiques ont testé la stabilité chimique de leurs capteurs pendant 4 semaines à 4 °C.

Résultat : les molécules sont restées stables à plus de 95 %, sans signe de dégradation, ni effet toxique détecté.

Ils ont également démontré que la réaction se produit à des concentrations d’enzyme comparables à celles observées dans la salive de patients atteints de la grippe, soit entre 7,8 et 13,1 mU/mL.

Ces valeurs suggèrent que le système pourrait fonctionner en conditions réelles, dans la bouche humaine.

Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives pour la médecine préventive.
Contrairement aux tests rapides ou PCR, cette méthode ne nécessite ni matériel coûteux, ni personnel médical. Elle pourrait permettre un dépistage pré-symptomatique à grande échelle, limitant ainsi la propagation du virus au sein de la population.

“Ce type d’outil pourrait révolutionner le dépistage de masse en santé publique, en le rendant à la fois accessible, économique et indolore”, soulignent les auteurs de l’étude.

L’approche pourrait également être adaptée à d’autres virus respiratoires, comme le SARS-CoV-2 ou le virus respiratoire syncytial (VRS), ouvrant la voie à une nouvelle génération de diagnostics oraux.

Selon les auteurs, ce dispositif pourrait devenir un outil de santé publique majeur.
Accessible, non invasif et bon marché, il offrirait un dépistage précoce à grande échelle, notamment dans les écoles, les transports ou les lieux de travail.

Un tel système permettrait :

  • de repérer les personnes contagieuses avant les symptômes ;
  • de limiter la transmission communautaire ;
  • et de désengorger les laboratoires durant les périodes d’épidémie.

“C’est une avancée considérable pour la médecine préventive”, affirment les chercheurs, tout en précisant que l’étude reste au stade préclinique. Des essais cliniques sur l’humain seront nécessaires pour valider la sécurité, la précision et la perception gustative du dispositif.

En attendant que ce chewing-gum révolutionnaire voie le jour, les médecins rappellent quelques règles simples pour réduire le risque de contamination :

  • Se laver les mains régulièrement, notamment après avoir toussé ou éternué.
  • Éviter les contacts rapprochés avec les personnes présentant des symptômes grippaux.
  • Aérer les espaces clos quotidiennement.
  • Se faire vacciner chaque année, surtout pour les personnes âgées ou immunodéprimées.
  • Et, bien sûr, consulter un professionnel de santé en cas de fièvre persistante ou de symptômes sévères.

Si les résultats sont prometteurs, cette technologie n’en est encore qu’à un stade préclinique.
Des essais cliniques sur l’être humain sont nécessaires pour valider la perception gustative réelle, la sécurité à long terme et la fiabilité diagnostique.

Les chercheurs travaillent également à standardiser les dosages et à éviter les interférences.

Mots clés : grippe ; chewing-gum ; VRS ; PCR ; santé ; médecine ; enzyme ; test ;

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