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Noyade : pourquoi les enfants autistes sont-ils particulièrement exposés ?

Edité par : Dr. Salim BENLEFKI | docteur en neurosciences
26 août 2025

Chaque été, la noyade revient comme une menace silencieuse. Mais certains enfants sont plus vulnérables que d’autres. Parmi eux, ceux atteints de troubles du spectre de l’autisme (TSA). Selon une étude de l’Université Columbia (2017), ils ont 160 fois plus de risques de mourir noyés que les enfants de la population générale.

Un chiffre glaçant. Mais pourquoi une telle disproportion ?

De nombreux enfants autistes ressentent une véritable fascination pour l’eau. Le clapotis des vagues, la lumière qui se reflète à la surface, la sensation de calme… Autant de stimulations sensorielles qui apaisent leur anxiété.

Les enfants autistes recherchent souvent dans l’eau un refuge, une bulle de sérénité explique le Dr Guohua Li, épidémiologiste à Columbia. Mais cette attirance peut vite devenir un piège.

S’ils n’ont pas appris à nager, un simple moment d’errance – courant chez les enfants autistes – peut se transformer en drame. Car beaucoup ne perçoivent pas le danger comme les autres enfants.

Apprendre à nager ne va pas de soi pour un enfant autiste. Plusieurs freins existent :

  • Un traitement sensoriel différent : les bruits, les éclaboussures, l’écho dans une piscine peuvent saturer leurs sens. Résultat : perte de concentration, maladresses, désorganisation.
  • Des troubles de la motricité : selon certaines études, entre 50 et 80 % des enfants autistes ont des difficultés de coordination. Synchroniser les bras et les jambes, flotter, garder le rythme, demande plus d’efforts que pour les autres.
  • Une hypersensibilité sensorielle : l’odeur du chlore, la texture de l’eau, la pression sur la peau peuvent générer une gêne extrême.
  • Des difficultés cognitives : comprendre une consigne, respecter une règle implicite, surmonter ses peurs… autant de défis supplémentaires pour entrer dans l’eau.

Chez un enfant autiste, apprendre la nage prend plus de temps et demande une adaptation personnalisée.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En analysant plus de 1 300 certificats de décès, les chercheurs de Columbia ont montré que près d’un tiers des décès chez les personnes autistes étaient liés à des blessures accidentelles. La noyade figure tristement en tête, avant la suffocation et l’asphyxie.

L’âge moyen au décès d’une personne autiste est de 36 ans. Contre 72 ans dans la population générale.

La prévention est possible, mais elle doit être précoce et adaptée.

Dès qu’un diagnostic d’autisme est posé, les spécialistes recommandent d’initier l’enfant à la natation. « Avant même l’orthophonie ou les thérapies comportementales, il faudrait commencer par un apprentissage de la nage. C’est une compétence de survie », insiste le Dr Li.

  • Désensibiliser en amont : préparer l’enfant à l’eau par des jeux sensoriels, un travail sur la perception du corps.
  • Aller pas à pas : entrer progressivement dans l’eau, répéter les gestes, fractionner les étapes.
  • Adapter l’environnement : choisir des piscines calmes, avec moins de bruit et de monde.
  • Utiliser des aides : bouchons d’oreilles, lunettes teintées, combinaison pour limiter les éclaboussures.
  • Valoriser chaque progrès : encouragements réguliers, rituels rassurants, accompagnement constant.

Derrière chaque noyade évitable, il y a un manque de prévention, d’adaptation et de sensibilisation.

Former les maîtres-nageurs, adapter les piscines, informer les familles : autant de leviers pour sauver des vies. Car derrière les chiffres, il y a des enfants. Attirés par l’eau, mais vulnérables face à ses dangers.

Mots clés : noyade ; enfant ; autiste ; eau ; santé ; publique ; nage ; natation ; TSA ;

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