Une Bonne Santé pour une Vie Meilleure

L’OMS tire la sonnette d’alarme : une génération d’adolescents déjà dépendante aux cigarettes électroniques

Edité par : Safa Kaouther BOUARISSA | Journaliste
23 novembre 2025

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vient de publier un rapport inquiétant sur la consommation mondiale de cigarettes électroniques. Pour la première fois, l’agence de l’ONU dresse une estimation précise : plus de 100 millions de personnes vapotent dans le monde, dont au moins 15 millions d’adolescents âgés de 13 à 15 ans.

Les données révèlent une tendance préoccupante : les jeunes sont neuf fois plus susceptibles de vapoter que les adultes, dans les pays où les chiffres sont disponibles. Autrement dit, la cigarette électronique, présentée à ses débuts comme une alternative au tabac, est devenue un nouveau vecteur d’addiction pour toute une génération.

« Les cigarettes électroniques alimentent une nouvelle vague de dépendance nicotinique », alerte le Dr Etienne Krug, directeur du Département Déterminants de la santé, promotion et prévention à l’OMS. « Elles sont souvent commercialisées comme des outils de sevrage, mais dans les faits, elles accrochent les enfants à la nicotine plus tôt et risquent de compromettre des décennies de progrès dans la lutte contre le tabagisme. »

Depuis vingt ans, la lutte mondiale contre le tabac a porté ses fruits. Le nombre de fumeurs est passé de 1,38 milliard en 2000 à 1,2 milliard en 2024. Soit une baisse de 120 millions de consommateurs depuis 2010, représentant une diminution relative de 27 %.

Pour la première fois, certaines régions du monde observent une réduction notable de la consommation masculine, tandis que les femmes sont plus nombreuses à avoir arrêté de fumer. Cette évolution prouve l’efficacité des politiques publiques, de la hausse des prix du tabac, des campagnes de prévention et de l’interdiction progressive de la publicité.

Mais cette victoire reste fragile. La cigarette électronique, ainsi que d’autres produits dérivés de la nicotine — sachets à sucer, puffs aromatisées, dispositifs chauffants —, menacent d’inverser la tendance.

« Près de 20 % des adultes consomment encore du tabac ou des produits à base de nicotine. Nous ne pouvons pas relâcher nos efforts maintenant », insiste le Dr Jeremy Farrar, Sous-Directeur général chargé de la promotion de la santé à l’OMS.

L’OMS dénonce une stratégie marketing agressive de la part des fabricants, qui utilisent les réseaux sociaux, les influenceurs et les saveurs sucrées (mangue, barbe à papa, fruits rouges…) pour séduire les adolescents. Les designs colorés et le discours de “vape sans danger” participent à banaliser l’acte de vapoter.

Or, contrairement à ce que laisse croire la publicité, la cigarette électronique n’est pas sans risque, surtout pour les jeunes :

  • La nicotine altère le développement du cerveau jusqu’à l’âge de 25 ans.
  • Elle favorise l’anxiété, la dépendance et perturbe le sommeil.
  • Le vapotage peut provoquer des irritations pulmonaires, des inflammations des voies respiratoires et une augmentation du risque cardiovasculaire.

Selon plusieurs études, les jeunes vapoteurs sont trois fois plus susceptibles de devenir fumeurs à l’âge adulte que ceux qui n’ont jamais vapoté.

Les professionnels de santé observent une augmentation nette des cas d’addiction nicotinique chez les adolescents. En consultation, de nombreux jeunes affirment vapoter “par curiosité” ou “pour faire comme les autres”, sans réaliser que chaque bouffée contient de fortes concentrations de nicotine.

 « Le sevrage est souvent plus difficile qu’ils ne l’imaginent. Certains adolescents présentent déjà des symptômes de manque : irritabilité, troubles de la concentration, agitation », expliquent les tabacologues.

La consommation précoce de nicotine augmente aussi le risque de développer plus tard d’autres formes d’addiction (alcool, cannabis, etc.).

Face à ce phénomène grandissant, l’OMS appelle les États à renforcer leur législation et à mieux encadrer la vente des cigarettes électroniques. Parmi ses recommandations :

1. Interdire la publicité et la promotion des produits de vapotage, notamment sur les réseaux sociaux.

2. Restreindre l’accès aux mineurs, avec des contrôles plus stricts dans les points de vente.

3. Limiter les arômes attractifs qui séduisent les jeunes consommateurs.

4. Imposer des avertissements sanitaires visibles sur les emballages.

5. Encourager la recherche sur les effets à long terme du vapotage.

Les médecins, quant à eux, rappellent que le seul moyen sûr d’éviter la dépendance à la nicotine est de ne pas commencer.

Alors que le monde parvient enfin à réduire le nombre de fumeurs, la dépendance à la nicotine se réinvente sous de nouvelles formes. Derrière les nuages aromatisés de la vape, se cache une menace silencieuse : celle de l’addiction précoce et durable.

Le message de l’OMS est clair : la vigilance doit être totale. Sans réglementation stricte et sans accompagnement éducatif, la cigarette électronique risque de transformer une génération entière en nouveaux dépendants de la nicotine.

Mots clés : OMS ; santé ; nicotine ; tabac ; électronique ; vapoter ; cancer ; addiction

à lire aussi: