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Le plastique s’invite dans notre assiette

Edité par : Bouchedoub Maryem | Doctorante en Biotechnologie Microbienne
12 octobre 2025

Une découverte inquiétante

Le plastique n’est plus seulement un déchet visible sur nos plages ou flottant dans les océans. Désormais, il s’invite jusque dans nos assiettes. Après avoir été détecté dans l’eau potable, certains thés, la viande ou encore les fruits de mer, une nouvelle étude publiée fin août dans la revue Environmental Research révèle la présence de nanoplastiques dans les légumes.

Pour mener cette expérience, les chercheurs ont cultivé des radis en laboratoire. Leurs racines non comestibles ont été volontairement exposées à des particules de plastique afin d’évaluer si celles-ci pouvaient franchir les barrières naturelles de la plante.

En principe, la barrière de Caspary – une structure cellulaire qui agit comme un filtre – empêche de telles intrusions. Mais les résultats ont surpris : il n’a fallu que cinq jours pour que les nanoplastiques atteignent la partie comestible du radis.

Selon Nathaniel Clark, coauteur de l’étude : « C’est la première fois qu’une recherche démontre que les nanoparticules de plastique peuvent franchir cette barrière protectrice, s’accumuler dans les plantes et potentiellement être transmises aux animaux et aux humains qui les consomment. »

Les analyses ont montré que près de 5 % des nanoplastiques introduits étaient absorbés par le radis : environ un quart logé dans la racine comestible et 10 % dans les feuilles.

Ces résultats confirment que la pollution plastique n’épargne aucun maillon de la chaîne alimentaire. « Nous avons trouvé de la pollution microplastique partout où nous l’avons cherchée. Cette étude démontre clairement que les particules peuvent s’accumuler non seulement dans les fruits de mer, mais aussi dans les légumes », alerte le professeur Richard Thompson, co-auteur.

Si les effets précis sur la santé humaine restent encore à déterminer, les chercheurs craignent une bioaccumulation progressive : plus nous consommons des produits contaminés, plus les particules risquent de s’accumuler dans l’organisme. Les scientifiques évoquent déjà des risques d’inflammation chronique, de perturbations endocriniennes et d’atteintes cardiovasculaires.

Le constat est alarmant : le plastique n’est plus un simple polluant environnemental, il est devenu une menace silencieuse et invisible pour notre santé. Face à l’omniprésence de ces microparticules dans l’air, l’eau et désormais les végétaux, les spécialistes appellent à renforcer :

  • Les recherches sur les effets à long terme des nanoplastiques.
  • La surveillance des aliments consommés quotidiennement.
  • Les politiques de réduction drastique de l’utilisation et de l’élimination du plastique.

Les études scientifiques, encore limitées mais de plus en plus nombreuses, pointent vers plusieurs effets préoccupants des microplastiques et nanoplastiques :

  • Système digestif : Les particules de plastique peuvent altérer la paroi intestinale, favoriser une inflammation chronique et perturber le microbiote, ce qui affaiblit l’immunité.
  • Foie et reins : Des recherches animales montrent que les nanoplastiques peuvent franchir la barrière intestinale, se retrouver dans la circulation sanguine et s’accumuler dans des organes comme le foie et les reins, entraînant un stress oxydatif et une toxicité cellulaire.
  • Système cardiovasculaire : Une étude récente a mis en évidence la présence de microplastiques dans les plaques d’athérome des artères. Leur accumulation pourrait aggraver l’inflammation vasculaire et augmenter le risque d’infarctus et d’AVC.
  • Système nerveux : Certains travaux laissent penser que les nanoplastiques pourraient franchir la barrière hémato-encéphalique, exposant potentiellement le cerveau à des substances neurotoxiques. Cela soulève des inquiétudes quant aux effets sur la mémoire, l’humeur et la santé cognitive.
  • Perturbations endocriniennes : Certains plastiques libèrent des additifs chimiques comme le bisphénol A (BPA) ou les phtalates, connus pour interférer avec le système hormonal, affecter la fertilité et accroître le risque de cancers hormono-dépendants.

En attendant des réponses plus claires de la science, les médecins recommandent quelques mesures de précaution :

  • Laver soigneusement les fruits et légumes pour réduire les dépôts en surface.
  • Privilégier les aliments non emballés et limiter l’usage du plastique dans la conservation des repas.
  • Utiliser des contenants en verre, en inox ou en céramique plutôt que des barquettes ou bouteilles en plastique.
  • Varier son alimentation, afin de limiter la concentration d’exposition à un même type de contaminant.
  • Soutenir des politiques publiques visant à réduire la production et l’usage des plastiques à usage unique.

Mots clés : santé ; nanoplastiques ; légumes ; plastique ; alimentation ; environnement ;

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