Depuis plusieurs semaines, une vague inquiétante déferle dans les établissements scolaires algériens : un nouveau défi viral surnommé le “Paracétamol Challenge” y gagne du terrain. Ce phénomène, né sur les réseaux sociaux, pousse les adolescents à ingérer de grandes quantités de paracétamol pour “tester leur résistance” et gagner en popularité en ligne. Un jeu stupide, dangereux, et parfois mortel.
Une menace silencieuse qui prend racine dans les écoles
Face à cette dérive inquiétante, le ministère de l’Éducation nationale a lancé une alerte officielle. Dans une note adressée à l’ensemble des directeurs d’établissements, publics et privés, les autorités éducatives appellent à la vigilance accrue et à une campagne de sensibilisation massive dans tout le pays.
‘’Ma Santé, Ma Vie’’ répond à cet appel en rappelant scientifiquement et médicalement les contre-indications de ce médicament, notamment lorsqu’il est utilisé en dehors des doses recommandées ou dans un contexte de défi dangereux, comme le ‘’Paracétamol challenge’’.
Des défis de plus en plus toxiques dans les écoles
Ce n’est pas un cas isolé. Le défi du paracétamol s’inscrit dans une série de comportements à risque repérés ces derniers mois dans les établissements scolaires : défis physiques extrêmes, provocations filmées, jeux violents… Ces pratiques sont souvent alimentées par les réseaux sociaux, où les vidéos deviennent virales et où la recherche de “likes” pousse certains jeunes à franchir les limites du danger.
Le ministère évoque une transformation profonde des comportements chez les élèves, accélérée par l’évolution technologique, mais aussi par un manque de repères éducatifs et médicaux chez certains jeunes. Le “Paracétamol Challenge” devient ainsi le symbole inquiétant d’un mal plus large : l’impact des plateformes numériques sur la santé et la sécurité des adolescents.
Le paracétamol : un médicament utile, mais potentiellement mortel
Le paracétamol, connu pour ses propriétés antalgiques et antipyrétiques (soulage la douleur et fait baisser la fièvre), est l’un des médicaments les plus consommés au monde. Son image rassurante, sa large disponibilité et son prix abordable contribuent à la fausse idée qu’il est inoffensif.
En réalité, une surconsommation de paracétamol peut être extrêmement toxique, en particulier pour le foie. Le foie est chargé de dégrader cette molécule, mais au-delà d’une certaine dose (souvent dès 8 grammes/jour pour un adulte), il est débordé, ce qui entraîne une accumulation de substances toxiques pouvant détruire ses cellules. Sans prise en charge rapide, cela peut entraîner une insuffisance hépatique aiguë, nécessitant une greffe de foie, voire entraîner la mort.
‘’Ma Santé, Ma Vie’’ met également en garde contre l’usage concomitant de plusieurs médicaments contenant du paracétamol, ce qui expose à un surdosage involontaire. Il insiste sur la nécessité de lire attentivement les notices, de ne jamais suivre les tendances véhiculées sur les réseaux sociaux, et de consulter un professionnel de santé avant toute prise de médicament, même considéré comme banal.
Quels sont les dangers spécifiques de ce challenge ?
Les adolescents qui participent à ce défi ne mesurent pas les risques encourus, d’autant que les premiers effets peuvent être tardifs et trompeurs :
– Symptômes précoces (6 à 24 heures après ingestion) :
- Nausées, vomissements
- Fatigue intense, malaise
- Douleurs abdominales diffuses
– Symptômes intermédiaires (24 à 72 heures) :
- Apparition de signes hépatiques : foie douloureux, jaunissement de la peau et des yeux
- Urines foncées, troubles digestifs
- Altération de l’état général
– Symptômes tardifs (3 à 5 jours) :
- Troubles de la coagulation
- Encéphalopathie hépatique (atteinte du cerveau due à une insuffisance hépatique)
- Coma, décès sans greffe hépatique
Le problème est que les signes sont parfois discrets ou absents dans les premières heures, retardant la prise en charge et réduisant les chances de survie.
L’urgence d’un traitement médical immédiat
En cas de surdosage suspecté, chaque minute compte. Il existe un antidote efficace appelé N-acétylcystéine, qui peut neutraliser les effets toxiques du paracétamol à condition d’être administré dans les 8 à 10 heures suivant la prise. Après ce délai, l’efficacité du traitement diminue drastiquement.
C’est pourquoi les autorités sanitaires insistent : au moindre doute, il faut appeler immédiatement le 15 ou un centre antipoison. Ne jamais attendre l’apparition de symptômes pour agir.
Un rôle essentiel pour les parents, les enseignants et les professionnels de santé
La lutte contre ce phénomène ne peut pas reposer uniquement sur les institutions. Il est essentiel que parents, éducateurs, médecins, pharmaciens et médias s’impliquent activement pour freiner cette spirale dangereuse.
– Les actions prioritaires à mettre en œuvre :
- Parler régulièrement avec les adolescents de ce qu’ils voient sur les réseaux sociaux
- Expliquer les dangers des surdosages et de l’automédication
- Contrôler l’accès aux médicaments à la maison
- Organiser des campagnes de prévention dans les écoles, en collaboration avec des professionnels de santé
- Encourager l’écoute, le dialogue et la confiance, pour éviter que les jeunes cherchent à “exister” à travers des défis absurdes
– Automédication : un danger silencieux en hausse
Ce défi pose aussi la question plus large de l’automédication chez les jeunes, qui se procurent facilement des médicaments en pharmacie ou à domicile, sans consulter de médecin. Une étude récente montre que près d’un adolescent sur deux a déjà pris un médicament sans avis médical, souvent influencé par Internet.
“Même un médicament courant peut devenir mortel en cas de mauvaise utilisation. Le paracétamol ne fait pas exception.”
Agir avant le drame
Le “Paracétamol Challenge” n’est pas un simple phénomène passager : il est le symptôme d’un malaise profond chez certains jeunes, d’un manque d’encadrement numérique, d’une banalisation de la prise de médicaments, et d’un déficit d’éducation à la santé.
En Algérie, le paracétamol peutêtre délivré sans ordonnance. ‘’Ma Santé, Ma Vie’’ rappelle aux pharmaciens que la dispensation de médicaments aux mineurs n’est pas autorisée, sauf exceptions autorisées par la loi.
Les pharmaciens ne doivent pas délivrer de boîtes de paracétamol à des enfants ou adolescents.
En cas de délivrance à un adulte, les informations suivantes doivent être données :
- rappeler les doses à respecter et les risques associés au surdosage ;
- inciter à conserver ces médicaments hors de la portée des enfants.
Face à ce défi, la mobilisation de toute la société est urgente et nécessaire. Il en va de la santé, et parfois de la vie, de nos enfants.
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