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Journée mondiale d’Alzheimer : Comprendre son impact sur les patients et leurs familles.

Edité par : Dr Salim BENLEFKI | Chercheur en neurosciences
21 septembre 2024

La maladie d’Alzheimer est une affection neurodégénérative caractérisée par la dégénérescence progressive et irréversible des neurones dans certaines parties du cerveau. Ces parties sont notamment associées à la mémoire et aux fonctions cognitives. À l’heure actuelle, aucun traitement curatif n’est disponible. À l’occasion de la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, le 21 septembre, il est important de sensibiliser le grand public aux réalités de cette maladie, à ses symptômes et aux défis qu’elle pose à nos systèmes de santé.

La maladie d’Alzheimer entraîne un déclin lent mais irréversible de la capacité à penser, à se souvenir et à réaliser des tâches quotidiennes. Elle progresse généralement vers une diminution de l’autonomie, devenant l’une des principales causes de démence chez les personnes âgées à l’échelle mondiale.

La maladie d’Alzheimer se traite, mais ne se guérit pas pour l’instant.

Selon l’OMS, 55 millions de personnes seraient atteintes de démence dans le monde.  En l’absence de traitement curatif, on pourrait compter 82 millions de personnes atteintes de démence en 2030, et 152 millions d’ici à 2050. Près de 10 millions de nouveaux cas sont déclarés chaque année. En 2019, le coût économique mondial de la démence dans le monde était estimé à 1300 milliards de dollars. 

En Algérie, cette maladie touche 6% des personnes âgées de 65 ans et 15% des personnes de plus de 80 ans. Malgré une sensibilisation accrue ces dernières années, la prise en charge reste complexe.

Ces données statistiques sont suffisamment alarmantes pour mobiliser toutes les énergies et faire de la prise en charge des malades une priorité de santé publique.

La maladie d’Alzheimer résulte d’une dégénérescence progressive et définitive des neurones. Initialement, elle impacte principalement la mémoire à court terme en affectant les neurones dans l’hippocampe qui correspond à la zone de stockage de la mémoire dans notre cerveau. Par la suite, la dégradation s’étend progressivement à l’ensemble du cerveau.

Cette dégénérescence est causée par des altérations de deux molécules :

  • Le peptide bêta-amyloïde : bien que présent naturellement dans le cerveau, il s’accumule anormalement sous forme de plaques amyloïdes ou séniles perturbant la communication des neurones et entrainant la dégénérescence cellulaire.
  • La protéine TAU : impliquée dans la structure neuronale, son rôle principal est de stabiliser des structures impliquées dans le transport aux seins des neurones. Cependant dans la maladie d’Alzheimer, la protéine TAU se détache de ses structures et formes des amas anormaux appelés ‘’enchevêtrement neurofibrillaires’’, ce qui perturbe le bon fonctionnement des neurones et contribue à la dégénérescence.

La dégénérescence est très lente et des années peuvent s’écouler avant l’apparition des symptômes.

Les principaux facteurs de risque connus incluent :

  • L’âge : c’est le principal facteur de risque, mais cela ne signifie pas que la démence est une conséquence inévitable du vieillissement. La démence peut également apparaître avant 65 ans, représentant jusqu’à 9 % des cas.
  • La génétique : Certains gènes sont associés à une susceptibilité accrue à la maladie, notamment ceux liés au métabolisme du peptide amyloïde, à l’inflammation, et à la communication neuronale. D’autres gènes pourraient offrir une protection contre la maladie.
  • L’environnement : La maladie peut être favorisée par un mode de vie sédentaire, des anesthésies répétées, ou des facteurs de risque cardiovasculaires mal contrôlés (diabète, hypertension…). La ‘‘réserve cognitive’’ joue un rôle protecteur. Un environnement stimulant, une activité professionnelle enrichissante, ou une vie sociale active, peut retarder l’apparition et la gravité des symptômes en compensant la perte de neurones.

Le fait d’avoir un membre de votre famille qui vit avec la maladie d’Alzheimer ne signifie généralement pas que vous la développerez aussi

Les premiers symptômes incluent une perte d’autonomie et des difficultés croissantes dans les activités quotidiennes (toilette, déplacement, habillage…). La maladie progresse généralement sur plusieurs années.

  • Léger : Atteinte de la zone cérébrale responsable de la mémoire à court terme, entraînant des oublis de plus en plus fréquents (comme la perte d’objets).
  • Modéré : Implication de différentes régions cérébrales, perte progressive d’autonomie, difficultés à reconnaître les proches, problèmes dans la réalisation des tâches ou la prise de décisions.
  • Sévère : Multiplication des lésions cérébrales, perte totale de la mémoire et presque toute autonomie dans les gestes quotidiens, difficultés à se déplacer, à effectuer des gestes habituels, et à communiquer.
  • Fin de vie : Le déclin cognitif est tel que la personne a besoin de soins 24 h sur 24. Le traitement, désormais palliatif, est axé sur le confort pour que la personne décède paisiblement.

Bien qu’il n’existe pas de traitement curatif pour la maladie d’Alzheimer, un diagnostic précoce peut ralentir sa progression et permettre au patient de planifier son avenir tout en ayant toutes ses capacités décisionnelles.

Le diagnostic se fait en plusieurs étapes :

  • Consultation initiale : La personne consulte souvent pour des problèmes quotidiens comme des oublis, des difficultés dans les tâches, ou des troubles de l’humeur. Le médecin généraliste réalise un entretien pour exclure d’autres causes potentielles des symptômes.
  • Tests neuropsychologiques : Ces tests évaluent des aspects spécifiques de la mémoire et des capacités à réaliser des tâches simples.
  • Imagerie médicale : Des examens comme l’IRM ou la TEP permettent de détecter la présence de plaques amyloïdes ou l’atrophie de certaines régions du cerveau, telles que l’hippocampe.

La maladie d’Alzheimer est souvent envisagée lorsqu’un syndrome démentiel est suspecté.

Actuellement, il n’existe aucun traitement curatif pour la maladie d’Alzheimer, ce qui représente un défi majeur pour nos sociétés vieillissantes.

Quatre médicaments sont disponibles : donépézil, rivastigmine, galantamine, et mémantine. Bien qu’ils ne guérissent pas la maladie, ces traitements peuvent ralentir son évolution ou améliorer certains troubles du comportement, avec des effets potentiels sur la réflexion, la mémoire, la communication et les activités quotidiennes.

La maladie d’Alzheimer est particulièrement difficile pour les patients, leurs familles et les aidants. Les interventions thérapeutiques se concentrent sur :

  • Gestion du retentissement psychologique : Prendre en compte l’impact émotionnel de la maladie.
  • Activités visant à améliorer le quotidien et les interactions sociales :
  • Art : Peinture, sculpture, écriture, musique, théâtre, etc.
  • Corps : Gymnastique douce, tai-chi, sophrologie, relaxation, etc.
  • Cognition : Ateliers mémoire pour stimuler les capacités cognitives.

Pour réduire le risque de développer la maladie d’Alzheimer, il est crucial de maintenir une bonne hygiène de vie. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plusieurs mesures peuvent aider à prévenir le déclin cognitif et la démence :

  • Activité physique régulière : Engagez-vous dans une activité physique adaptée.
  • Éviter le tabac et l’alcool : Ne fumez pas et limitez l’usage de l’alcool.
  • Contrôler son poids : Maintenez un poids santé.
  • Adopter une alimentation équilibrée : Consommez des aliments nutritifs.
  • Surveiller les paramètres de santé : Gardez votre tension artérielle, votre glycémie et votre taux de cholestérol sous contrôle.

D’autres facteurs de risque incluent la dépression, l’isolement social, un faible niveau de scolarité, l’inactivité cognitive, et la pollution de l’air. En abordant ces aspects de manière proactive, il est possible de diminuer les risques associés à la maladie d’Alzheimer.

Les plans présentés par les autorités de l’Etat au fil des années ont permis d’améliorer les choses mais il reste encore beaucoup à faire. Les progrès accomplis par les chercheurs d’une part sont encourageants et les efforts effectués pour améliorer la prise en charge des malades d’autre part méritent d’être soulignés.

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Mots clés : Alzheimer ; cerveau ; sciences ; dépression ; neurodégénérative ; mémoire ; cognitive ; langage ; raisonnement ; apprentissage ;

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