Chaque jour, des centaines de femmes dans le monde perdent la vie à cause de maladies cardiovasculaires. Longtemps considéré comme un problème masculin, l’infarctus du myocarde progresse désormais aussi chez les femmes. Mais ses mécanismes et ses signes d’alerte diffèrent, rendant le diagnostic plus complexe et parfois trop tardif.
Une étude récente de la Mayo Clinic, publiée dans le Journal of the American College of Cardiology, apporte un éclairage inédit sur les causes souvent méconnues des crises cardiaques féminines, en particulier chez les moins de 65 ans.
Des symptômes atypiques, source de retard diagnostique
Chez l’homme comme chez la femme, le symptôme classique de l’infarctus est une douleur en étau dans la poitrine, irradiant vers le bras gauche ou la mâchoire. Mais chez une femme sur deux, les signes sont différents :
- gêne thoracique diffuse plutôt que douleur intense,
- essoufflement disproportionné à l’effort,
- fatigue inhabituelle,
- troubles digestifs, nausées, brûlures dans la gorge, parfois confondus avec une crise d’angoisse.
Ces manifestations atypiques conduisent de nombreuses femmes à appeler trop tardivement les secours, comme le souligne le ministère de la Santé.
Des causes différentes de celles des hommes
L’étude de la Mayo Clinic révèle un constat majeur :
- chez les hommes, 75 % des crises cardiaques sont liées à l’athérosclérose (dépôts de plaques qui bouchent les artères coronaires) ;
- chez les femmes, ce mécanisme ne représente que 47 % des cas.
Autrement dit, plus de la moitié des infarctus féminins sont dus à des causes « non traditionnelles » :
- dissection spontanée des artères coronaires (DSAC) : rupture brutale de la paroi d’une artère, plus fréquente chez les femmes jeunes, parfois en post-partum ;
- embolie coronaire : migration d’un caillot sanguin qui bloque la circulation ;
facteurs liés au stress intense ou à des maladies inflammatoires.
Ces pathologies, moins connues, sont souvent mal diagnostiquées, retardant la prise en charge et augmentant les risques de complications.
Des traitements parfois inadaptés
« Une mauvaise compréhension de la cause profonde d’une crise cardiaque peut conduire à des traitements moins efficaces, voire nocifs », explique Dr Claire Raphael, cardiologue à la Mayo Clinic et première auteure de l’étude.
En effet, les protocoles classiques, basés sur l’athérosclérose (pose de stents, anticoagulants puissants), ne sont pas toujours adaptés à une dissection artérielle ou à une embolie. Cela souligne l’importance d’une médecine personnalisée, tenant compte du sexe, de l’âge et du mécanisme exact de l’infarctus.
Les recommandations des experts
Pour réduire la mortalité féminine face aux maladies cardiovasculaires, les spécialistes insistent sur plusieurs points :
- Reconnaître les symptômes atypiques : toute gêne thoracique persistante, essoufflement inhabituel ou fatigue inexpliquée doit alerter.
- Consulter sans tarder : appeler les secours en cas de doute, même si la douleur semble « modérée ».
- Prendre en compte les facteurs de risque spécifiques aux femmes : grossesses compliquées, ménopause précoce, maladies auto-immunes, stress chronique.
- Adapter les traitements : mieux former les médecins à identifier les causes non traditionnelles (DSAC, embolie, etc.) pour éviter les erreurs thérapeutiques.
- Prévention active : adopter une hygiène de vie protectrice (activité physique régulière, alimentation équilibrée, gestion du stress, arrêt du tabac).
Un appel à repenser la cardiologie au féminin
« Notre recherche souligne la nécessité de repenser notre approche des crises cardiaques chez les femmes, et particulièrement chez les plus jeunes », insiste Pr Rajiv Gulati, président du département de cardiologie interventionnelle à la Mayo Clinic.
L’objectif est clair : améliorer la reconnaissance, le diagnostic et la prise en charge de ces infarctus atypiques afin de sauver davantage de vies féminines.
Mots clés : AVC ; cœur ; femme ; santé ; cardiologie ; athérosclérose ; embolie ; anticoagulants ;
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