Alors que des incendies sévissent chaque été, la question des effets sanitaires de la fumée devient urgente. Au-delà de la destruction de la faune et de la flore, la fumée constitue un risque majeur pour la santé humaine.
Ce que contient la fumée d’un incendie
La fumée dégagée lors d’un feu est un mélange complexe de gaz toxiques et de particules fines. Elle varie selon le type de végétation brûlée, l’intensité du feu, le vent, ou encore l’humidité ambiante.
On distingue deux types principaux :
- Fumée noire : elle contient du monoxyde de carbone, du benzène, du formaldéhyde, du cyanure et d’autres composés organiques volatils. Ces substances sont hautement toxiques et souvent cancérogènes.
- Fumée blanche : souvent perçue à tort comme moins dangereuse, elle est composée de particules fines et ultrafines (PM2.5, PM1), capables de pénétrer profondément dans les poumons, puis de passer dans la circulation sanguine.
Une pollution qui ne connaît pas de frontières

La fumée peut parcourir des milliers de kilomètres. Les incendies du Canada ont déjà provoqué une dégradation de la qualité de l’air jusqu’en Europe. En cas de pluie, ces particules polluantes peuvent aussi contaminer les sols et les cultures.
Des effets sanitaires à court et long terme
Les risques dépendent de la durée d’exposition, de la concentration de particules, et de l’état de santé de la personne exposée. L’exposome, concept récent en santé environnementale, désigne cette accumulation d’agents toxiques subis tout au long de la vie, et montre que même de faibles doses répétées ont des effets durables.
Fumées noires : un risque immédiat
Ces fumées provoquent :
- Toux, suffocation, irritations des yeux, du nez et de la peau
- Diminution de la capacité respiratoire
- Risque de décès par asphyxie dans les cas extrêmes
- Exposition à des cancérigènes avérés comme le benzène (classé Groupe 1 par le CIRC)
Fumées blanches : un danger silencieux
Riches en particules fines, elles sont particulièrement nocives :
- Les PM2.5 pénètrent profondément les alvéoles pulmonaires
- Elles peuvent induire des troubles respiratoires chroniques, des maladies cardiovasculaires, et des atteintes neurologiques
- Les incendies libèrent aussi du mercure, naturellement stocké dans les feuilles des arbres, qui peut altérer la parole, l’audition, la motricité et la vision
Selon une étude internationale, plus de 339 000 décès prématurés seraient liés chaque année à l’exposition aux fumées d’incendie.
Les populations à risque
Certaines personnes sont plus vulnérables :
- Enfants, dont les poumons sont en développement
- Femmes enceintes, chez qui les particules peuvent atteindre le fœtus
- Personnes âgées ou atteintes de maladies respiratoires ou cardiovasculaires (asthme, BPCO, insuffisance cardiaque…)
La fumée des feux de forêt contient des composés similaires à ceux de la fumée de cigarette, avec des effets comparables à long terme : cancers, emphysème, infarctus.
Comment se protéger efficacement ?
En cas de fumée dense dans votre région :
✅ Restez à l’intérieur, sauf consigne d’évacuation
✅ Fermez portes et fenêtres hermétiquement
✅ Mettez la climatisation en mode recirculation
✅ Évitez toute activité physique à l’extérieur
✅ En voiture, gardez les vitres fermées et utilisez la ventilation en circuit fermé
✅ Surveillez la qualité de l’air via des applications spécialisées
Un enjeu de santé publique mondial
À mesure que les feux de forêt deviennent plus fréquents et plus étendus, la pollution atmosphérique liée aux incendies devient un véritable problème de santé publique. Elle s’ajoute aux autres polluants déjà présents dans l’environnement urbain et agricole.
Les politiques de santé doivent désormais intégrer ces expositions dans les plans de prévention, en formant les soignants, en alertant les populations, et en développant des stratégies de résilience face aux conséquences du changement climatique.
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