
Un médicament ancien, bien connu des cardiologues, refait parler de lui. Utilisé depuis près de trois décennies pour traiter l’angor, il fait aujourd’hui l’objet d’une nouvelle alerte sanitaire. Malgré des avertissements répétés, des complications graves continuent d’être signalées, obligeant des spécialistes à rappeler l’attention des médecins… et des patients.
Un traitement ancien, mais toujours problématique
Ce médicament n’a rien d’une nouveauté. Il est prescrit pour soulager l’angor, c’est-à-dire les douleurs thoraciques liées à une mauvaise irrigation du cœur. Pourtant, ses risques sont loin d’être anodins.
Des spécialistes soulignent que, malgré des mises en garde émises depuis, les signalements se poursuivent. Les effets indésirables rapportés sont parfois sévères, touchant plusieurs organes en même temps.
Le médicament concerné : le Nicorandil
Le produit mis en cause est le Nicorandil, commercialisé par plusieurs laboratoires. La revue médicale Prescrire classe depuis longtemps le Nicorandil parmi les médicaments “à écarter”, en raison d’un rapport bénéfice-risque jugé défavorable.
Des ulcérations graves pouvant évoluer vers des complications sévères
Le médicament en question est un vasodilatateur, destiné à améliorer la circulation sanguine. Mais il peut provoquer des ulcérations profondes, difficiles à guérir et pouvant toucher simultanément :
- la peau,
- les muqueuses,
- les yeux,
- le tube digestif.
Les conséquences peuvent être dramatiques :
- perforation,
- fistules,
- abcès,
- voire hémorragies digestives parfois massives.
Le risque est nettement accru chez :
- les personnes âgées,
- les patients prenant plusieurs traitements,
- les personnes atteintes de diverticulose.
Des lésions pouvant survenir tôt… ou après des années
Un point inquiète particulièrement les autorités : la variabilité d’apparition des symptômes.
Les ulcérations peuvent se déclarer :
- dès les premières semaines,
- ou après plusieurs années de traitement.
Autre difficulté : elles résistent aux traitements habituels, y compris à la chirurgie, tant que le médicament n’est pas arrêté.
Seul l’arrêt du traitement permet la cicatrisation.
Symptômes d’alerte : quand faut-il arrêter immédiatement ?
Les spécialistes appellent les patients sous Nicorandil à une vigilance accrue. Certains signes doivent conduire à arrêter le traitement et consulter en urgence :
- yeux rouges, douloureux, larmoyants,
- plaies de la bouche ou de la peau,
- sang dans les selles,
- vomissements sanglants,
- douleurs abdominales persistantes,
- amaigrissement rapide inexpliqué.
Ces symptômes traduisent parfois l’apparition d’ulcérations profondes nécessitant une prise en charge rapide.
Interactions dangereuses : certains médicaments sont à proscrire
Le Nicorandil ne doit pas être associé à :
- des corticoïdes,
- des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS),
- l’aspirine à dose anti-inflammatoire.
Ces associations majorent le risque d’ulcérations et d’hémorragies digestives.
Recommandations médicales essentielles
Pour les patients déjà traités :
- ne jamais arrêter le traitement sans avis médical, sauf apparition d’un symptôme d’alerte,
- signaler rapidement tout signe inhabituel,
- demander à son médecin si une alternative thérapeutique est possible.
Pour les patients à risque :
- réévaluer régulièrement l’intérêt du traitement,
- éviter toute automédication avec des AINS ou de l’aspirine,
- surveiller le transit et toute douleur abdominale persistante.
Pour les proches et aidants :
- surveiller l’alimentation, la perte de poids, l’évolution de lésions cutanées,
- encourager une consultation rapide en cas de doute.
Le Nicorandil est un médicament ancien, mais ses effets indésirables sont parfois graves et sous-estimés. Malgré les alertes antérieures, des complications sévères continuent d’être rapportées. Face à des symptômes inhabituels, une règle prévaut : arrêter le traitement immédiatement et consulter sans délai.
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