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Cancer du sein : Rater sa première mammographie peut coûter cher

Edité par : Dr Imad BOUARISSA | Docteur en médecine
8 octobre 2025

Une étude suédoise révèle qu’ignorer le premier dépistage augmente fortement le risque de décès

En Algérie, chaque femme âgée de 50 à 74 ans est invitée à réaliser une mammographie gratuite dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein. Pourtant, à peine une femme sur deux répond à cette invitation, loin des 70 % recommandés par l’Union européenne pour réduire efficacement la mortalité. Une étude suédoise récemment publiée dans le BMJ (British Medical Journal) vient rappeler, chiffres à l’appui, pourquoi rater le premier rendez-vous de dépistage n’est pas anodin.

Les chercheurs ont analysé les données de 432 775 femmes suédoises suivies pendant près d’un quart de siècle.

Près d’un tiers (32 %) n’avaient pas honoré leur première invitation au dépistage par mammographie.

Résultat :

  • Ces femmes étaient moins enclines à participer aux dépistages suivants,
  • Et plus susceptibles d’être diagnostiquées à un stade avancé de la maladie.

Le constat est sans appel : les femmes ayant manqué leur premier dépistage présentaient un risque de mourir du cancer du sein supérieur de 40 % à celui des participantes régulières.

Sur 25 ans, cela représente 9,9 décès pour 1 000 femmes, contre 7 pour 1 000 chez celles qui avaient répondu à la première invitation.

L’étude montre également que le stade de découverte du cancer diffère considérablement selon la participation au premier dépistage.

Chez les non-participantes :

  • Le risque de découvrir un cancer de stade 3 est 1,5 fois plus élevé,
  • Et celui d’un stade 4 (métastatique) 3,6 fois plus élevé.

Autrement dit, rater sa première mammographie augmente la probabilité que la maladie soit détectée trop tard, quand les chances de guérison sont moindres et les traitements plus lourds.

Une mammographie à 50 ans, c’est peut-être une vie sauvée à 70.

Les auteurs de l’étude soulignent l’importance de ce premier rendez-vous, souvent négligé.

 « Les femmes qui ne participent pas à leur première mammographie constituent une population à haut risque, avec une mortalité accrue plusieurs décennies plus tard », indiquent-ils.

Selon eux, cette surmortalité n’est pas une fatalité : elle pourrait être évitée grâce à une meilleure sensibilisation et un accompagnement ciblé dès la première invitation.

Dans un éditorial accompagnant l’étude, les chercheurs insistent : « Se rendre à sa première mammographie n’est pas seulement un contrôle ponctuel. C’est un investissement à long terme dans la santé et la survie de ses seins. »

Les raisons de la non-participation sont multiples :

  • Peur du diagnostic ou de la douleur liée à l’examen ;
  • Contraintes de temps liées au travail ou à la vie familiale ;
  • Difficultés d’accès dans les zones sous-dotées en radiologues ;
  • Ou encore manque d’information sur le déroulement et l’intérêt du dépistage.

Pour les spécialistes, ces freins doivent être mieux compris et levés.

Des campagnes de prévention plus personnalisées et bienveillantes pourraient aider à convaincre les femmes hésitantes.

Les médecins généralistes, sages-femmes et gynécologues jouent aussi un rôle clé pour rappeler l’importance de ce premier rendez-vous.

La mammographie de dépistage reste l’outil le plus efficace pour détecter précocement un cancer du sein, parfois plusieurs années avant l’apparition de symptômes.

Les autres examens — comme l’IRM ou les tests génétiques — ne sont indiqués que dans des cas particuliers (antécédents familiaux, mutation BRCA, seins denses, etc.).

Quant à l’autopalpation, elle peut aider à repérer une anomalie entre deux mammographies, mais ne remplace jamais un dépistage radiologique.

ne la recommande pas systématiquement, car aucune étude n’a prouvé qu’elle réduisait la mortalité, certaines lésions restant indétectables au toucher.

Pour une prévention efficace, les spécialistes rappellent :

  • Faire sa première mammographie dès 50 ans, puis tous les deux ans jusqu’à 74 ans ;
  • Ne pas attendre de symptômes : la majorité des cancers du sein détectés précocement sont asymptomatiques ;
  • Informer son médecin de tout antécédent familial ;
  • Maintenir une hygiène de vie protectrice : activité physique régulière, poids stable, limitation de l’alcool, arrêt du tabac ;
  •  Consulter immédiatement en cas de modification du sein (boule, écoulement, rétraction du mamelon, rougeur persistante).

Rater sa première mammographie, c’est prendre le risque d’un diagnostic plus tardif et d’un pronostic plus grave. À l’inverse, honorer ce premier rendez-vous augmente nettement les chances de détecter un cancer à un stade curable, voire d’en prévenir les conséquences les plus sévères.

Mots clés : mammographie ; sein ; cancer ; échographie ; dépistage ; pronostic ;   

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