Une Bonne Santé pour une Vie Meilleure

Calculs rénaux : une bactérie modifiée pour digérer l’oxalate de calcium dans l’intestin

Edité par : Dr Souad BRAHIMI | Docteur en medecine
26 juillet 2025

Les calculs rénaux, ou lithiases urinaires, touchent environ une personne sur dix au cours de sa vie. Très douloureux lorsqu’ils migrent dans les voies urinaires, ces petits dépôts solides sont constitués principalement d’oxalate de calcium, une substance naturellement présente dans notre alimentation, mais qui peut s’accumuler dangereusement lorsque les reins ne parviennent pas à l’éliminer correctement. Outre la douleur aiguë lors de la crise, ces calculs peuvent entraîner des complications graves comme des infections, une obstruction rénale ou des lésions durables de l’appareil urinaire.

Un fléau silencieux, douloureux et en constante progression

En cas de crise, les traitements consistent souvent en des interventions chirurgicales ou des procédures de fragmentation, comme la lithotritie extracorporelle par ondes de choc ou l’utilisation du laser. Ces techniques, bien que efficaces, restent invasives et n’empêchent pas les récidives. À ce jour, la prévention repose essentiellement sur des mesures hygiéno-diététiques : boire plus de deux litres d’eau par jour, limiter certains aliments riches en oxalate (comme les épinards, la rhubarbe ou les betteraves), et parfois prendre des compléments à base de citrate ou de magnésium. Des recommandations souvent difficiles à maintenir à long terme.

Face à ces limites, des chercheurs de l’université de Stanford, en collaboration avec la société californienne Novome Biotechnologies, se tournent vers une approche novatrice : la thérapie microbienne. Le principe ? Introduire dans l’intestin des bactéries génétiquement modifiées capables de digérer l’oxalate de calcium avant qu’il ne soit absorbé par l’organisme et transporté vers les reins. Ce processus empêcherait la formation de cristaux en amont, réduisant drastiquement le risque de calculs.

Lors d’un essai clinique préliminaire, les chercheurs ont administré à des volontaires une souche de bactérie intestinale modifiée, baptisée NOV-001. Cette bactérie a été conçue pour survivre dans le microbiote et dégrader efficacement l’oxalate présent dans l’intestin. Les premiers résultats sont prometteurs : chez les patients ayant reçu cette thérapie, la concentration d’oxalate urinaire a significativement diminué, réduisant ainsi le risque de formation de calculs. Mieux encore, la bactérie semble bien tolérée, sans effets indésirables notables, et persiste dans l’intestin le temps nécessaire à son action.

Ce type d’approche ouvre la voie à une médecine plus préventive, personnalisée et moins invasive. En modifiant le microbiote intestinal pour accomplir une fonction thérapeutique précise, les chercheurs visent à corriger le déséquilibre métabolique à la racine du problème, sans perturber les fonctions rénales. Contrairement aux médicaments traditionnels, cette thérapie pourrait être administrée de manière ponctuelle, ou en cure, selon les profils à risque.

Cette avancée s’inscrit dans un mouvement plus large d’exploration des thérapies microbiennes, aussi appelées « biothérapies vivantes ». D’autres équipes travaillent déjà sur des bactéries capables d’aider à traiter les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, l’obésité ou même certains troubles neurologiques via l’axe microbiote-cerveau. Si ces résultats se confirment à plus grande échelle, la reprogrammation de notre flore intestinale pourrait devenir une nouvelle frontière de la médecine de demain.

Pour autant, la prudence reste de mise. D’autres essais cliniques à plus grande échelle sont nécessaires pour confirmer l’efficacité à long terme, l’innocuité, et la reproductibilité de cette technique. La réglementation de ces « micro-organismes thérapeutiques » devra aussi évoluer pour encadrer leur usage médical. Mais cette avancée marque une étape majeure vers des traitements biologiques innovants, respectueux du corps et de son équilibre naturel.

Mots clés : santé ; micro-organismes ; thérapeutiques ; calculs rénaux ; bactérie ; oxalate ; calcium ; intestin ;

à lire aussi: