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Bordj Bou Arréridj : La prévention des maladies hydriques au centre d’un colloque scientifique national

Edité par : Safa Kaouther Bouarissa | Journaliste
25 juin 2025

L’Institut National de Santé Publique, en coordination avec la Direction de la Santé et de la Population de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, et avec la participation de l’Association Nationale Algérienne des Spécialistes en Hygiène Publique, a organisé un colloque scientifique national sur le thème : « La prévention des maladies transmissibles par l’eau », avec une large participation des professionnels de la santé venus de différentes wilayas du pays.

Cette rencontre constitue une étape scientifique majeure visant à renforcer les connaissances et à favoriser l’échange d’expériences entre spécialistes, notamment face aux défis sanitaires croissants liés à la qualité de l’eau et à ses impacts directs sur la santé publique, en particulier durant la saison estivale, marquée par une augmentation des cas d’intoxications et d’infections dues à l’eau contaminée.

Sept professeurs hospitalo-universitaires renommés ont assuré l’encadrement des conférences scientifiques du colloque, présentant des interventions spécialisées portant sur la surveillance des maladies, les moyens de prévention et les mécanismes d’intervention d’urgence.

L’ouverture du colloque a été marquée par la présence du Professeur Abderrazak Bouamra, directeur de l’Institut National de Santé Publique, qui a souligné dans son allocution inaugurale l’importance de renforcer l’action préventive comme pilier fondamental de la protection de la santé des citoyens. Il a appelé à une meilleure coordination entre les différents organismes et secteurs concernés, et à l’intensification des campagnes de sensibilisation et de communication.

Les travaux du colloque ont également donné lieu à des échanges riches entre les participants, avec la formulation de recommandations pratiques appelant à une révision des mécanismes de contrôle sanitaire des sources d’eau, au renforcement des équipes d’intervention par des moyens techniques et des ressources humaines qualifiées, ainsi qu’au développement de la formation continue des professionnels de santé dans le domaine de la prévention épidémiologique.

Le Professeur Abderrazak BOUAMRA, depuis Bordj Bou Arréridj, a révélé que l’Institut National de Santé Publique a lancé une opération préventive, en application des instructions du ministre de la Santé Abdelhak Saihi, en vue de préparer une saison estivale sûre et saine. Il a précisé que cette opération a rassemblé toutes les compétences et spécialistes en santé publique, notamment les experts en pathologies estivales, en coordination avec la Direction de la Santé de la wilaya de Bordj Bou Arréridj et l’Association Nationale des Spécialistes en Santé Publique, dans le cadre de l’organisation de cette journée d’étude nationale sur les maladies hydriques.

Il a souligné que la saison estivale est caractérisée par des températures élevées, une mobilité accrue des populations en raison de l’arrivée des vacanciers, ainsi que par les effets du changement climatique observés ces dernières années, ce qui augmente le risque de propagation de maladies telles que celles transmises par l’eau, les piqûres de scorpions et les maladies vectorielles.

Pr. Bouamra a affirmé que l’Algérie a accompli de grands progrès dans la lutte contre ces maladies grâce à un travail continu tout au long de l’année, mais que la saison estivale exige un renforcement des efforts de surveillance sanitaire. En effet, la fréquence des contrôles sanitaires habituels, effectués une fois par mois, devrait être augmentée durant cette période. Il a insisté sur la nécessité « de renforcer les mécanismes de contrôle et d’hygiène au niveau des communes et wilayas, avec un accent particulier sur le suivi de la qualité de l’eau potable et des denrées périssables dans les points de vente et les restaurants ».

Il a ajouté que « les intoxications alimentaires figurent parmi les maladies hydriques les plus fréquemment enregistrées en été, ce qui exige une vigilance continue sur la qualité de l’eau et l’état des lieux publics afin d’en garantir la salubrité ». Il a souligné que l’action préventive et la veille sanitaire jouent un rôle essentiel pour permettre des interventions rapides et contenir toute apparition de maladie après sa déclaration, afin d’éviter la survenue de foyers épidémiques. Il a également insisté sur « l’importance d’accompagner ces efforts par des campagnes de sensibilisation et de communication continues, afin de renforcer la conscience des citoyens quant à l’importance de la prévention et du respect des consignes sanitaires pendant l’été ».

Le wali de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, Kamel Nouisser, a affirmé, en marge du colloque scientifique national consacré au thème de la ‘’prévention des maladies transmissibles par l’eau’’, que  « l’Algérie occupe aujourd’hui des rangs avancés dans la lutte contre les épidémies, grâce aux efforts conjoints et continus de tous les acteurs du secteur de la santé ». Il a indiqué que le thème du colloque est d’une importance cruciale, en particulier au vu des défis environnementaux et sanitaires actuels auxquels fait face le pays.

M. NOUISSER a souligné que les conférences scientifiques présentées durant ce colloque contribueront sans aucun doute au renforcement du système de santé national et à l’amélioration de la capacité à faire face, de manière plus efficace, aux maladies hydriques.

Dr Insaf Kartoubi, cheffe du département de la protection et de la promotion de la santé à l’Institut National de Santé Publique, a révélé que l’Institut assure une surveillance épidémiologique et un suivi quotidien continu de toutes les maladies transmissibles, y compris celles propagées par l’eau. Elle a expliqué que parmi les maladies les plus répandues figurent les intoxications alimentaires, enregistrées en grand nombre en Algérie, ainsi que l’hépatite virale A, qui se propage via l’eau, notamment lorsqu’elle provient de sources non fiables. Elle a également mentionné d’autres maladies comme la fièvre typhoïde, qui fait partie des maladies à déclaration obligatoire par les médecins, afin de lancer une enquête épidémiologique pour identifier et éliminer la source de la contamination.

Concernant le rôle des analyses microbiologiques en laboratoire dans la détection précoce de la pollution de l’eau, elle a affirmé que « l’eau est l’un des produits les plus contrôlés, depuis la station de traitement jusqu’au robinet domestique, avec une surveillance rigoureuse du taux de chlore pour garantir sa potabilité. Il en va de même pour les eaux embouteillées, soumises à un contrôle microbiologique strict ». Elle a ajouté que les eaux responsables de problèmes sanitaires sont celles qui échappent à cette réglementation et ne sont pas surveillées, telles que les puits domestiques ou forés sans autorisation, et qui représentent un danger particulier lorsqu’ils sont situés près des habitations ou des champs.

Elle a insisté sur le fait que ce colloque de formation vise à sensibiliser sur la gravité de ce phénomène et sur l’importance d’y faire face.

Leila Tahri, responsable de la structure municipale d’hygiène de Bordj Bou Arréridj, a affirmé que cette structure joue un rôle central aux côtés du service de médecine préventive dans l’élimination des maladies hydriques. Elle a précisé que son rôle ne se limite pas au contrôle, mais comprend également la mise en œuvre de mesures préventives essentielles pour préserver la santé des citoyens et assurer la salubrité de leur environnement. Elle a ajouté que la structure collabore en permanence avec divers acteurs locaux pour garantir le contrôle de la qualité de l’eau des puits et autres sources, tout en organisant des campagnes de sensibilisation à l’attention des citoyens sur l’importance de l’hygiène et de la santé publique. Elle a souligné que ces efforts conjoints constituent un pilier fondamental dans la prévention et la réduction de la propagation des maladies dans la wilaya.

Dans une déclaration à la revue ’’Ma santé, ma vie’’ , Khaled Titan, spécialiste en hygiène publique et président de l’Association Nationale Algérienne des Spécialistes en Hygiène Publique, a indiqué que le colloque national de Bordj Bou Arréridj regroupe 130 spécialistes issus de 58 wilayas, dans le cadre de la préparation d’une opération de recensement national de grande envergure. Il a précisé que cette opération vise à inventorier tous les puits à l’échelle nationale et à analyser la qualité bactériologique de leurs eaux. Il a souligné que cette étape est cruciale pour prévenir les maladies hydriques et garantir la sécurité de l’eau consommée.

Dr Hadjira Chaouch, épidémiologiste et spécialiste en médecine préventive à l’établissement public de santé de proximité de Bordj Bou Arréridj, a déclaré que l’organisation de ce colloque répond à de véritables risques que représentent les maladies hydriques, lesquelles constituent une grave menace pour la santé publique en raison du potentiel de déclenchement d’épidémies dangereuses. Elle a expliqué que « le choix d’organiser le colloque au début de l’été vise à établir des règles de prévention à l’intention des collectivités locales, des médecins et du personnel paramédical travaillant dans les établissements de santé, en particulier ceux en charge de la prévention des maladies hydriques ».

Elle a insisté sur l’importance de surveiller les points d’eau et de vérifier leur salubrité, tout en soulignant la nécessité d’organiser un approvisionnement en eau à partir de sources propres et fiables. Elle a précisé que parmi les maladies les plus graves qui peuvent être transmises par l’eau contaminée figurent : l’hépatite virale, la fièvre typhoïde et le choléra. Elle a lancé un appel particulier aux personnes qui dépendent des puits pour qu’elles traitent et purifient leur eau régulièrement, afin de se prémunir contre ces maladies.

L’organisation de ce colloque intervient dans un contexte sanitaire sensible, où les autorités de santé s’efforcent de prévenir, de manière anticipée, tous les risques pouvant menacer la santé publique. Les résultats attendus de cette rencontre devraient constituer une base concrète pour proposer des politiques de prévention plus efficaces en matière de protection et de sécurité de l’eau.

Mots-clés : maladies hydriques, prévention, intoxications alimentaires, santé, surveillance épidémiologique, eaux de puits, été.