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Aïd El Adha : alerte sanitaire sur les risques de kyste hydatique, une menace invisible mais grave

Edité par : Safa Kaouther BOUARISSSA | Journaliste
5 juin 2025

À l’approche de l’Aïd El Adha, fête religieuse durant laquelle des millions de moutons sont sacrifiés, le ministère de la Santé tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué officiel, les autorités sanitaires mettent en garde contre un risque peu connu mais potentiellement grave : le kyste hydatique. Cette maladie parasitaire, encore fréquente en Algérie, peut être contractée lors de la manipulation ou de la consommation d’organes contaminés, si des précautions strictes ne sont pas respectées.

Le kyste hydatique, ou hydatidose, est causé par la forme larvaire d’un ver parasite, Echinococcus granulosus. Ce ver se transmet par un cycle complexe entre les animaux (notamment les moutons) et les chiens, qui en sont les hôtes définitifs. Lorsqu’un chien consomme les abats infestés mal éliminés, il devient porteur du parasite, dont les œufs sont ensuite libérés dans ses excréments. Ces œufs peuvent contaminer l’environnement, les légumes, les mains ou même l’eau, exposant ainsi l’humain à l’infection.

Chez l’homme, les larves pénètrent dans l’organisme par voie digestive, migrent dans le sang, et se logent principalement dans le foie ou les poumons. Là, elles forment des kystes qui peuvent rester asymptomatiques pendant des années. Lorsqu’ils deviennent volumineux ou se rompent, ils provoquent des complications graves : douleurs, infections, réactions allergiques, voire chocs anaphylactiques. Leur traitement est généralement chirurgical, souvent long et complexe.

Pour éviter toute contamination, le ministère recommande aux citoyens de faire examiner leur mouton par un vétérinaire agréé avant et après le sacrifice. Ce contrôle permet de détecter précocement les signes d’infestation et d’empêcher la consommation ou la dispersion d’organes contaminés.

Si un contrôle vétérinaire n’est pas possible, il est impératif d’inspecter soi-même les abats du mouton, notamment le foie, les poumons et le cœur. La présence de vésicules transparentes ou de petites boules d’eau à la surface des organes doit alerter : il s’agit très probablement de kystes hydatiques.

Lorsqu’un ou deux kystes isolés sont détectés, ils peuvent être retirés manuellement, à condition de ne pas les percer, car cela risquerait de libérer des larves infectieuses. En revanche, si les organes présentent plusieurs kystes ou sont largement infestés, il faut les éliminer avec la plus grande prudence.

Le ministère préconise deux méthodes : l’incinération (brûlage complet des organes), ou l’enfouissement profond (au moins 50 cm dans le sol), afin d’empêcher tout accès aux chiens errants, qui propagent la maladie s’ils consomment ces déchets. Il est strictement interdit de jeter les abats contaminés dans les poubelles ordinaires ou de les abandonner dans la nature.

Les lieux où a eu lieu l’abattage doivent être rigoureusement nettoyés. Le ministère recommande d’utiliser une solution d’eau de javel à 12 %, diluée à raison d’une dose pour neuf doses d’eau. Tous les déchets, y compris les viscères sains, doivent être placés dans des sacs hermétiques et déposés uniquement dans les poubelles prévues à cet effet, aux horaires habituels de ramassage. Cette précaution est cruciale pour éviter la prolifération du parasite dans l’environnement urbain ou rural.

Outre les précautions liées à l’abattage, le ministère rappelle quelques règles d’hygiène simples mais fondamentales. Il faut toujours se laver les mains avant et après avoir manipulé de la viande, des abats ou des animaux. Il est également essentiel de laver soigneusement les légumes, notamment ceux consommés crus, pour éviter l’ingestion accidentelle d’œufs du parasite. Il est également conseillé de se laver les mains après avoir caressé un chien, surtout s’il est errant ou vit en milieu rural.

Le kyste hydatique est encore trop fréquent en Algérie, notamment dans les zones rurales. Pourtant, il s’agit d’une maladie évitable, à condition de respecter les mesures de prévention. En sensibilisant la population à ces risques à chaque période de l’Aïd, le ministère de la Santé espère réduire le nombre de nouveaux cas, protéger les familles et enrayer la chaîne de transmission de ce parasite silencieux mais redoutable.

Mots clés : Aïd ; mouton ; abattage ; santé ; kyste hydatique ;