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Le prix Nobel de médecine 2024 récompense la découverte des microARN

Edité par : Chabane BOUARISSA | Journaliste
8 octobre 2024

Ce lundi 7 octobre, le prix Nobel de médecine a été attribué aux biologistes américains Victor Ambros et Gary Ruvkun. Ils ont été récompensés pour leur découverte des microARN et leur rôle essentiel dans la régulation post-transcriptionnelle des gènes. Cette avancée éclaire un aspect fondamental et complexe de notre génome.

L’ARN (acide ribonucléique) est présent dans toutes nos cellules. Il est fabriqué à partir de l’ADN et joue un rôle clé dans la production des protéines, qui sont essentielles au fonctionnement de notre corps. L’ARN messager transmet l’information génétique pour fabriquer ces protéines.

Les microARN, quant à eux, sont des fragments d’ARN dits “non codants” car ils ne sont pas traduits en protéines. Cependant, leur découverte a bouleversé la compréhension classique de la génétique. Elle a montré que notre génome ne suit pas une simple séquence linéaire allant de l’ADN à l’ARN, puis aux protéines.

Les microARN agissent comme des régulateurs de l’ARN messager. Selon des chercheurs et spécialistes du génome non codant, « les microARN se fixent sur l’ARN messager comme un Velcro et l’empêchent d’être traduit en protéines ».

Ce mécanisme permet de contrôler l’expression des gènes. Certains gènes sont inhibés (ils ne s’expriment pas ou peu), tandis que d’autres sont activés (ils s’expriment davantage).

Ces microARN ne sont pas des parasites internes, mais font partie intégrante du système de régulation du génome. Leur rôle est aussi crucial que celui de l’ARN messager dans la production de protéines.

La découverte des microARN par Victor Ambros date de 1993. À cette époque, cette avancée ne fut pas immédiatement perçue comme une révolution. Ambros travaillait sur la biologie du ver ‘’C. elegans’’ un petit ver rond d’un millimètre. C’est chez cet organisme que le chercheur identifia pour la première fois un microARN.

Au début, personne n’a vraiment fait attention. Il a fallu plusieurs années avant que l’importance de cette découverte soit pleinement comprise. Ce n’est qu’en 2000 que Gary Ruvkun démontra l’existence de mécanismes similaires chez l’humain, ouvrant ainsi un nouveau chapitre de la génomique.

Ce minuscule morceau d’ARN, si important pour le développement de ce petit ver, on l’a aussi, vous et moi. Et il joue même un rôle crucial, puisqu’il empêche l’apparition de tumeurs.

La découverte des microARN permet aujourd’hui de mieux comprendre les mécanismes du génome. Mais les chercheurs se demandent encore comment cette compréhension pourra se traduire en traitements contre les maladies. Depuis plusieurs années, de nombreuses entreprises de biotechnologie explorent cette voie.

Les microARN représentent une piste prometteuse pour traiter le cancer, en particulier en permettant de développer des thérapies très ciblées. Ces recherches s’inscrivent dans un contexte plus large où l’on comprend de mieux en mieux comment les tumeurs se développent différemment au niveau moléculaire d’un patient à l’autre.

Toutefois, Gunilla Karlsson Hedestam, professeure à l’Institut Karolinska et présidente du comité Nobel de médecine, a précisé lors de l’annonce du prix que cette recherche en est encore à un stade préliminaire. « Il n’y a rien de proche d’une application réelle », a-t-elle déclaré, en soulignant que les microARN sont complexes à manipuler à cause de leur instabilité.

Même si les applications thérapeutiques restent incertaines, les microARN offrent déjà des perspectives intéressantes en tant que ‘’biomarqueurs’’. Ces petites molécules pourraient être utilisées comme outils de diagnostic, permettant par exemple d’identifier le type de cancer auquel un patient est confronté.

Ainsi, bien que les traitements basés sur les microARN ne soient pas encore prêts, leur potentiel pour le diagnostic médical et la personnalisation des traitements est considérable. Les microARN pourraient ouvrir la voie à une médecine de plus en plus précise, ciblée sur les spécificités génétiques de chaque patient.

Mots clés : médecine ; Nobel ; microARN ; tumeurs ; Victor Ambros et Gary Ruvkun.

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