Une Bonne Santé pour une Vie Meilleure

Votre quartier pourrait influencer la santé de votre cerveau, selon la science 

Edité par : Dr fettah zoura | Psychiatre
23 octobre 2025

Une étude américaine révèle que l’environnement social et économique dans lequel nous vivons pourrait modifier la structure même du cerveau et accroître le risque de démence.

La démence touche de plus en plus de personnes à travers le monde. En Algérie, des milliers de personnes seraient concernées, et ce chiffre pourrait doubler d’ici 2050. À l’échelle mondiale, 57 millions de cas ont été recensés en 2021, dont plus de 60 % dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)

Jusqu’ici, les chercheurs pointaient des facteurs de risque bien connus : hypertension artérielle, diabète, obésité, tabagisme, consommation excessive d’alcool, sédentarité, isolement social ou dépression. Mais une nouvelle étude américaine, menée à la faculté de médecine de l’université Wake Forest (Californie), ajoute un élément souvent négligé : le lieu de vie.

Les chercheurs ont observé que les personnes vivant dans des quartiers socialement défavorisés, pollués ou marqués par l’injustice environnementale présentent des anomalies mesurables dans la structure et la fonction de leur cerveau. Ces résultats ont été publiés dans la revue Alzheimer’s & Dementia: Behavior & Socioeconomics of Aging

 « L’environnement social dans lequel les gens vivent peut façonner leur santé cérébrale de manière profonde », explique le Pr Timothy Hughes, auteur principal et spécialiste en gériatrie.

L’étude a porté sur 679 adultes, dont le cerveau a été examiné par imagerie médicale (IRM) et analyses sanguines pour repérer les biomarqueurs précoces de la maladie d’Alzheimer. Ces données ont ensuite été croisées avec trois indices nationaux mesurant la vulnérabilité sociale et économique selon le code postal des participants. 

Les résultats sont frappants : 

  • Les personnes vivant dans des zones défavorisées présentaient plus souvent des modifications cérébrales liées à la démence. 
  • L’impact était particulièrement marqué chez les populations noires, vivant dans des quartiers cumulant pauvreté, stress environnemental et manque d’accès aux soins.

« C’est l’une des premières études à relier des facteurs sociaux liés au lieu à des marqueurs biologiques précis de la démence », précise Sudarshan Krishnamurthy, co-auteur et chercheur à Wake Forest.

Les chercheurs soulignent que la qualité de l’air, la sécurité du logement, l’accès à une alimentation saine et aux opportunités économiques laissent une empreinte durable sur le cerveau. 

Autrement dit, notre santé cérébrale ne dépend pas seulement de notre hygiène de vie individuelle, mais aussi de notre environnement collectif. Un stress chronique, un bruit permanent, ou un sentiment d’insécurité sociale peuvent fragiliser le cerveau à long terme. 

Les symptômes de la démence débutent souvent de manière subtile : 

  • oublis répétés ou perte d’objets,
  • désorientation spatiale ou temporelle,
  • difficultés à trouver ses mots,
  • perte d’initiative,
  • baisse de jugement ou isolement progressif. 

Ces signes doivent inciter à consulter un médecin, surtout si la mémoire ou l’attention déclinent rapidement.

Pour protéger son cerveau, les spécialistes recommandent de : 

  • adopter une alimentation méditerranéenne, riche en légumes, fruits, poissons gras et huile d’olive ; 
  • pratiquer une activité physique régulière (au moins 30 minutes par jour) ;
  • stimuler son esprit (lecture, jeux de mémoire, apprentissage, activités artistiques) ;
  • entretenir un lien social fort, facteur majeur de résilience cognitive ;
  • protéger la qualité de son environnement en soutenant des politiques locales favorables à la santé : réduction de la pollution, espaces verts, logements salubres, mobilité douce. 

Cette étude rappelle que le cerveau n’est pas isolé du monde extérieur. Nos expériences, notre environnement social et notre quartier influencent directement notre santé cognitive. 

Comme le résume le Pr Hughes : « Améliorer la santé du cerveau, ce n’est pas seulement traiter la maladie, c’est aussi créer des environnements de vie plus justes, plus sains et plus stimulants. »

Habiter dans un quartier favorable, c’est aussi offrir une chance supplémentaire à son cerveau de bien vieillir.

Mots clés : cerveau ; quartier ; environnement ; social ; cognitif ; démence ;

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