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Déclin cognitif : les yeux trahissent la mémoire avant le cerveau

Edité par : Dr Salim BENLEFKI | Docteur en neurosciences
4 septembre 2025

Et si nos yeux en disaient long sur l’état de notre mémoire ? C’est ce que révèle une récente étude publiée dans la revue PNAS : les mouvements oculaires pourraient constituer un marqueur précoce et fiable du déclin cognitif.

Nos regards ne se posent pas au hasard. Chaque mouvement oculaire reflète l’activité de nos circuits cérébraux liés à la perception, à l’attention et à la mémoire. Les chercheurs ont donc choisi d’étudier ce lien subtil : peut-on détecter des troubles mnésiques simplement en observant comment une personne regarde une image ?

Pour le vérifier, cinq groupes de participants – jeunes adultes, adultes plus âgés, patients présentant une mémoire fragilisée et personnes atteintes d’amnésie – ont été soumis à une série de tests visuels. Les scientifiques ont enregistré leurs mouvements oculaires grâce à un logiciel capable de comparer les “trajets de regard” d’une image à l’autre.

Résultat : les jeunes adultes en bonne santé exploraient chaque image de façon variée, en captant à chaque fois de nouveaux détails. Ce comportement favorise la création d’une représentation mentale riche et précise, essentielle au stockage de souvenirs solides.

À l’inverse, les personnes présentant un déclin cognitif – notamment une atteinte de l’hippocampe ou du lobe temporal médian – avaient tendance à fixer toujours les mêmes zones d’une image, sans chercher de nouvelles informations. Leur mémoire se nourrit alors de données répétitives et appauvries, ce qui fragilise l’encodage et la restitution des souvenirs.

« Plus la mémoire était altérée, plus les schémas de regard se répétaient », expliquent les auteurs. Les chercheurs parlent de “regard idiosyncrasique”, c’est-à-dire propre à chaque individu, mais qui devient plus stéréotypé quand les capacités cognitives diminuent.

Cette découverte ouvre des perspectives cliniques prometteuses. Les tests actuels de la mémoire reposent sur des questionnaires, des IRM ou des examens coûteux et parfois intrusifs. L’étude suggère qu’un simple suivi des mouvements oculaires – discret, rapide et non invasif – pourrait aider à dépister précocement la maladie d’Alzheimer et d’autres troubles neurodégénératifs.

Détecter plus tôt un déclin cognitif permet d’agir plus efficacement : adapter l’accompagnement, stimuler la mémoire par des exercices ciblés, ou encore prévenir certaines complications (désorientation, isolement, perte d’autonomie).

Les yeux, souvent considérés comme le miroir de l’âme, pourraient ainsi devenir un outil médical de premier plan, révélant des signes invisibles du cerveau bien avant l’apparition de symptômes cliniques.

Même si une partie du vieillissement cérébral est inévitable, de nombreuses études prouvent que notre mode de vie peut ralentir le déclin cognitif. Voici quelques recommandations validées par les neurosciences :

  • Privilégier le régime méditerranéen : riche en fruits, légumes, légumineuses, poissons gras et huile d’olive.
  • Limiter les graisses saturées, le sucre et l’excès de sel, qui favorisent l’hypertension et les maladies cardiovasculaires, elles-mêmes liées au risque de démence.
  • Consommer régulièrement des antioxydants (baies, noix, thé vert) et des oméga-3 (poissons gras, graines de lin), qui soutiennent la santé neuronale.

Le sommeil profond est essentiel à la consolidation des souvenirs. Un adulte a besoin en moyenne de 7 à 8 heures par nuit. Le manque de sommeil chronique double quasiment le risque de troubles cognitifs à long terme.

L’activité physique stimule la circulation sanguine et favorise la neuroplasticité. La marche rapide, le vélo ou la natation – au moins 30 minutes par jour – réduisent le risque de déclin cognitif et améliorent l’oxygénation du cerveau.

Lire, apprendre une langue, jouer aux échecs, résoudre des puzzles… Ces activités entretiennent la mémoire en sollicitant différents réseaux neuronaux. Les neuroscientifiques parlent de “réserve cognitive”, une sorte de capital mental qui protège contre le vieillissement.

La solitude accélère le déclin cognitif. Les interactions sociales stimulent la mémoire et l’attention. Partager des conversations, participer à des activités collectives ou rester actif dans une association protège aussi bien l’humeur que le cerveau.

Nos yeux pourraient bientôt devenir des outils de dépistage médical, mais nos habitudes quotidiennes restent nos meilleurs alliés pour garder une mémoire vive et un cerveau en bonne santé.

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