
Dormir plus de neuf heures par nuit n’est pas forcément synonyme de bonne santé. Selon une étude américaine récente, un sommeil trop long pourrait, au contraire, accélérer le déclin cognitif. Un constat inquiétant, en particulier chez les personnes souffrant de dépression.
Une croyance remise en question
Longtemps, on a cru que plus on dormait, mieux c’était. Pourtant, la science nuance cette idée. En moyenne, les Algériens dorment entre 6 et 7 h par nuit en semaine. Si le manque de sommeil est reconnu comme nocif, un excès pourrait l’être tout autant, notamment pour le cerveau.
Une étude rigoureuse, des résultats clairs
Des chercheurs du Centre des sciences de la santé de l’Université du Texas (UT Health San Antonio) ont mené une vaste étude sur 1 853 adultes. Aucun ne présentait de démence ou d’antécédent d’accident vasculaire cérébral.
Objectif : évaluer l’impact de la durée du sommeil sur les capacités cognitives, en tenant compte de l’état psychologique des participants.
Leurs résultats sont clairs : dormir neuf heures ou plus par nuit est associé à une baisse des fonctions cognitives, telles que la mémoire, l’orientation spatiale et la concentration.
Un impact plus fort chez les personnes dépressives
L’étude révèle un lien encore plus net chez les personnes souffrant de dépression.
Les dormeurs longs étaient plus nombreux à signaler des symptômes dépressifs. Le sommeil pourrait être un facteur de risque modifiable du déclin cognitif, notamment chez les patients dépressifs. Autrement dit, ajuster la durée du sommeil pourrait jouer un rôle préventif.
Quelles fonctions cognitives sont touchées ?
Selon la Dre Sudha Seshadri, neurologue et principale auteure de l’étude, les personnes qui dorment trop présentent une diminution des fonctions cognitives globales, mais aussi des atteintes plus ciblées :
- Mémoire (rappel des informations récentes),
- Capacités visuospatiales (orientation, perception de l’espace),
- Fonctions exécutives (prise de décision, planification, concentration).
Et ce, indépendamment de la prise d’antidépresseurs.
Comment la dépression influence-t-elle ces effets ?
Les chercheurs ont divisé les participants en plusieurs groupes : avec ou sans symptômes dépressifs, avec ou sans traitement médicamenteux.
Résultat : le sommeil prolongé était systématiquement associé à une baisse de performance cognitive, mais les effets étaient plus prononcés chez les personnes dépressives, qu’elles soient sous traitement ou non.
La dépression, un trouble largement répandu
En France, la dépression touche toutes les générations. En 2021, 12,5 % des personnes interrogées par Santé publique France déclaraient avoir vécu un épisode dépressif caractérisé.
Le recours aux traitements psychotropes est massif : plus de 7 millions de Français prennent des antidépresseurs.
Chez les jeunes, la tendance est préoccupante : en 2023, près de 936 000 adolescents et jeunes adultes ont été remboursés pour au moins un médicament psychotrope, selon l’Assurance maladie.
Cette étude remet en cause l’idée que dormir plus est toujours mieux. Elle met en lumière un lien méconnu entre excès de sommeil, dépression et déclin cognitif. Ces résultats incitent à considérer la durée du sommeil comme un indicateur de santé mentale, au même titre que l’alimentation, l’activité physique ou les addictions. Pour les professionnels de santé, cela ouvre de nouvelles pistes : ajuster le sommeil pourrait contribuer à préserver les fonctions cérébrales, en particulier chez les personnes vulnérables sur le plan psychique.
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