Le foie est un organe central du métabolisme, notamment dans la dégradation et l’élimination des médicaments. Or, de nombreuses molécules, même à dose thérapeutique, peuvent se révéler hépatotoxiques. Sans qu’il soit question de suspendre un traitement nécessaire, il est essentiel d’adopter des mesures préventives simples pour préserver la santé hépatique.
Médicaments courants à risque hépatique
De nombreux médicaments — antibiotiques, antalgiques, antidépresseurs, antifongiques, etc. — peuvent altérer la fonction hépatique. Voici les plus souvent impliqués dans des lésions hépatiques médicamenteuses.
Antibiotiques à potentiel hépatotoxique
Molécule | Dose | Début possible de toxicité |
Amoxicilline/acide clavulanique (Augmentin) | Normale | De quelques jours à 15 semaines, parfois jusqu’à 4 semaines après arrêt |
Érythromycine | Normale | Dès 5 jours de traitement |
Ciprofloxacine | Normale | De quelques jours à 3 semaines |
Clarithromycine | Normale | Idem |
Cotrimoxazole (Bactrim) | Normale | De quelques jours à 2 mois |
Nitrofurantoïne (Furadantine) | Normale | Dès le premier jour |
Autres classes de médicaments concernés
- Paracétamol : au-delà de 4 g/jour, notamment en cas de jeûne ou d’alcoolisme chronique. Risque accru après 3 semaines de prise continue ou dès 6-8 g/jour.
- Diclofénac (AINS) : hépatotoxicité possible dès quelques jours, jusqu’à 6 mois.
- Amiodarone (antiarythmique) : lésions possibles dans les 3 premiers mois.
- Antidépresseurs tricycliques (Amitriptyline, Imipramine) : surveillance durant les 3 premiers mois.
- Neuroleptiques (Clozapine) : toxicité entre 1 semaine et 2 mois.
- Itraconazole (antifongique) : atteinte hépatique entre 1 à 6 semaines.
Pourquoi le foie est-il vulnérable aux médicaments ?
Le foie métabolise une grande partie des substances actives. Ce processus enzymatique, nécessaire à l’élimination, peut générer des métabolites réactifs. Ceux-ci peuvent :
- endommager directement les hépatocytes ;
- déclencher une réponse immunitaire contre les cellules du foie.
La dose, la durée d’exposition, les facteurs individuels (génétique, âge, comorbidités) et les interactions médicamenteuses modifient considérablement le risque de toxicité hépatique.
Conseils pratiques pour protéger son foie

Limiter l’alcool : un geste essentiel : L’alcool majore fortement la toxicité de nombreux médicaments, en particulier du paracétamol. L’idéal : zéro alcool. Sinon, se limiter à 1 verre par jour maximum pendant la durée du traitement.
Soutenir le foie par l’alimentation : En cas de bilan hépatique perturbé ou de traitement prolongé, adopter une alimentation :
- pauvre en sucres rapides et en graisses saturées ;
- riche en fibres, antioxydants et micronutriments ;
- incluant des plantes hépato-protectrices (ex. : desmodium, curcuma, chardon-Marie).
À utiliser avec précaution et avis médical, notamment en cas de traitement chronique.
Ne jamais reprendre un médicament responsable d’une atteinte hépatique
Même si les symptômes étaient bénins, ne pas reconsommer un médicament déjà incriminé dans une toxicité hépatique.
Exception : le paracétamol, possible à faible dose (< 3 g/j), sous contrôle médical.
Être attentif aux signes d’intolérance hépatique
Consultez rapidement en cas de symptômes comme :
- Perte d’appétit inexpliquée ;
- Nausées, fatigue persistante ;
- Amaigrissement rapide ;
- Ictère (jaunissement du blanc des yeux ou de la peau).
Étude : quels médicaments sont les plus toxiques pour le foie ?
Une vaste étude internationale publiée en 2021 dans le British Journal of Clinical Pharmacology a analysé les effets hépatiques de divers traitements chez plus de 156 000 patients hospitalisés.
Résultat :
- 0,32 % ont présenté des lésions hépatiques médicamenteuses (DILI).
Les classes les plus concernées :
- Anti-infectieux ;
- Anticancéreux ;
- Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
Le médicament le plus impliqué : voriconazole (antifongique).
Les patients à risque accru sont ceux avec :
- Antécédents de maladie hépatique ;
- Taux de cholestérol élevé ;
- Pathologies cardiovasculaires ;
- Antécédents de chirurgie.
Le foie n’est pas à oublier quand on suit un traitement. Même si la majorité des médicaments sont bien tolérés, certains peuvent agresser le foie sans symptômes apparents au départ.
À retenir :
- Ne pas consommer d’alcool sous traitement ;
- Éviter les surdosages, surtout en automédication ;
- Suivre son bilan hépatique en cas de traitement prolongé ;
- Alerter rapidement en cas de fatigue, ictère ou perte d’appétit.
Professionnels de santé : pensez à évaluer le profil hépatique du patient avant d’instaurer ou de renouveler certains traitements à risque. La vigilance est la meilleure des préventions.
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