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Comment protéger son foie sous traitement médicamenteux ?

Edité par : Dr Imad BOUARISSA | Docteur en médecine
31 août 2025

Le foie est un organe central du métabolisme, notamment dans la dégradation et l’élimination des médicaments. Or, de nombreuses molécules, même à dose thérapeutique, peuvent se révéler hépatotoxiques. Sans qu’il soit question de suspendre un traitement nécessaire, il est essentiel d’adopter des mesures préventives simples pour préserver la santé hépatique.

De nombreux médicaments — antibiotiques, antalgiques, antidépresseurs, antifongiques, etc. — peuvent altérer la fonction hépatique. Voici les plus souvent impliqués dans des lésions hépatiques médicamenteuses.

MoléculeDoseDébut possible de toxicité
Amoxicilline/acide clavulanique (Augmentin)NormaleDe quelques jours à 15 semaines, parfois jusqu’à 4 semaines après arrêt
ÉrythromycineNormaleDès 5 jours de traitement
CiprofloxacineNormaleDe quelques jours à 3 semaines
Clarithromycine NormaleIdem
Cotrimoxazole (Bactrim)NormaleDe quelques jours à 2 mois
Nitrofurantoïne (Furadantine)NormaleDès le premier jour
  • Paracétamol : au-delà de 4 g/jour, notamment en cas de jeûne ou d’alcoolisme chronique. Risque accru après 3 semaines de prise continue ou dès 6-8 g/jour.
  • Diclofénac (AINS) : hépatotoxicité possible dès quelques jours, jusqu’à 6 mois.
  • Amiodarone (antiarythmique) : lésions possibles dans les 3 premiers mois.
  • Antidépresseurs tricycliques (Amitriptyline, Imipramine) : surveillance durant les 3 premiers mois.
  • Neuroleptiques (Clozapine) : toxicité entre 1 semaine et 2 mois.
  • Itraconazole (antifongique) : atteinte hépatique entre 1 à 6 semaines.

Le foie métabolise une grande partie des substances actives. Ce processus enzymatique, nécessaire à l’élimination, peut générer des métabolites réactifs. Ceux-ci peuvent :

  • endommager directement les hépatocytes ;
  • déclencher une réponse immunitaire contre les cellules du foie.

La dose, la durée d’exposition, les facteurs individuels (génétique, âge, comorbidités) et les interactions médicamenteuses modifient considérablement le risque de toxicité hépatique.

Limiter l’alcool : un geste essentiel : L’alcool majore fortement la toxicité de nombreux médicaments, en particulier du paracétamol. L’idéal : zéro alcool. Sinon, se limiter à 1 verre par jour maximum pendant la durée du traitement.

Soutenir le foie par l’alimentation : En cas de bilan hépatique perturbé ou de traitement prolongé, adopter une alimentation :

  • pauvre en sucres rapides et en graisses saturées ;
  • riche en fibres, antioxydants et micronutriments ;
  • incluant des plantes hépato-protectrices (ex. : desmodium, curcuma, chardon-Marie).

Même si les symptômes étaient bénins, ne pas reconsommer un médicament déjà incriminé dans une toxicité hépatique.

Exception : le paracétamol, possible à faible dose (< 3 g/j), sous contrôle médical.

Consultez rapidement en cas de symptômes comme :

  • Perte d’appétit inexpliquée ;
  • Nausées, fatigue persistante ;
  • Amaigrissement rapide ;
  • Ictère (jaunissement du blanc des yeux ou de la peau).

Une vaste étude internationale publiée en 2021 dans le British Journal of Clinical Pharmacology a analysé les effets hépatiques de divers traitements chez plus de 156 000 patients hospitalisés.

Résultat :

  • 0,32 % ont présenté des lésions hépatiques médicamenteuses (DILI).
  • Anti-infectieux ;
  • Anticancéreux ;
  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

 Le médicament le plus impliqué : voriconazole (antifongique).

  • Antécédents de maladie hépatique ;
  • Taux de cholestérol élevé ;
  • Pathologies cardiovasculaires ;
  • Antécédents de chirurgie.

Le foie n’est pas à oublier quand on suit un traitement. Même si la majorité des médicaments sont bien tolérés, certains peuvent agresser le foie sans symptômes apparents au départ.

  • Ne pas consommer d’alcool sous traitement ;
  • Éviter les surdosages, surtout en automédication ;
  • Suivre son bilan hépatique en cas de traitement prolongé ;
  • Alerter rapidement en cas de fatigue, ictère ou perte d’appétit.

Professionnels de santé : pensez à évaluer le profil hépatique du patient avant d’instaurer ou de renouveler certains traitements à risque. La vigilance est la meilleure des préventions.

Mots clés : foie ; médicament ; santé ; hépatique ; symptôme ; hépatotoxiques ; métabolisme ;

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